Le phénomène des basses eaux sur le Rhin renchérit les frets fluviaux
Le bas niveau des eaux du fleuve rhénan contraint le commerce des grains. Il handicape les sorties de marchandise des silos des collecteurs alors que la récolte de maïs débute.
D « epuis une dizaine de jours, le bas niveau des eaux du Rhin a donné un coup de pouce aux frets fluviaux », a indiqué, le 17 octobre à La Dépêche-Le Petit Meunier, Jean-Laurent Herrmann, directeur commercial de CFNR Transport (Rhenus Logistics). Nous sommes dans une situation d'autant plus critique que l'on attend de la pluie depuis un mois qui n'arrive pas. » Les cours des transports par voie d'eau au départ de Strasbourg (cf. page 19) ont renchéri, du 6 au 13 octobre, de plus de 60 %, à 15,50 €/t pour le maïs (sur la base d'un contrat de 2.000 t) à destination d'Anvers et de Gand, et de plus de 30 % à 16,50 €/t pour le malt (1.000 t) à destination d'Anvers. La raison ? « Les bateaux de 3.000 t ne peuvent charger que 1.000 t, ce qui implique qu'il faut, pour trans-porter le même volume de marchandises, trois fois plus de cales », explique le directeur commercial. Conséquence : « C'est la grosse bagarre pour trouver des bateaux et faire respecter les contrats en termes de volume et de date d'expédition, déclare Antoine Wuchner, responsable des ventes chez Eurépi, la société de commercialisation du groupe Comptoir agricole (Bas-Rhin). Nos clients essaient de fait de négocier des reports d'exécution pour avoir accès à des origines moins chères, comme l'Ukraine. »
Des silos pleins à l'arrivée du maïsAu 18 octobre, le niveau du Rhin à Maxau (Allemagne) ne permet de charger les bateaux qu'à hauteur de 40 % de leur capacité, 30 % à Kaub et 20 % à Cologne ! Ce qui va com-pliquer la gestion de la collecte de maïs qui a débuté dans l'est de la France, avec des ventes en dégagement contraintes par les basses eaux, s'inquiète Antoine Wuchner. Et ce, d'autant plus que « sur les 90.000 t de blé tendre destinées à être vendues en dégagement par Eurépi, seules 40.000 t sont sorties de nos silos, en raison de leur médiocre qualité cette année », s'inquiète-t-il. Quid du recours au camion ? « C'est un problème de disponibilité et de coût, affirme Pascal Mazacz, courtier chez Média-grain International. Le fob Rhin s'élève en effet à 154 €/t en spot, tandis que le départ Moselle atteint les 162 €/t en camion ! » Et de conclure : « Aujourd'hui en camion, il est préférable de travailler au départ des Ardennes sur le Nord-UE. »