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Le Maroc lance son plan de réforme de l’agriculture

Avec le plan “Maroc vert”, l’agriculture marocaine du futur est lancée. Mais quels seront les besoins en céréales du pays à terme ?

LE NOUVEAU ministre de l’Agriculture marocain, Aziz Akhannouch, est « l’homme de la situation », selon Yann Lebeau représentant de France Export Céréales (FEC) à Casablanca, qui poursuit, « avant, les réformes n’avaient pas le temps d’être mises en place avant les échéances électorales. » Le nouveau ministre vient du monde de l’entreprise et, pour les spécialistes, ceci est un facteur de réussite du programme.

Selon Yann Lebeau, « les plans d’envergures ont lieu tous les 20 ans et si celui-ci n’aboutit pas, la modernisation de l’agriculture marocaine risque de prendre beaucoup de retard. » Pour lui, « ce plan ne devrait pas impacter les importations céréalières. » En effet, la stratégie vise plus à adapter les productions agricoles marocaines aux besoins des industriels et à la demande mondiale dans un contexte de libre échange, qu’à atteindre une autosuffisance alimentaire.

Une augmentation des surfaces cultivées

Au Maroc, 5 Mha sont cultivés en céréales. « L’augmentation de la production de céréales dans le royaume passera forcément par la création de nouvelles surfaces agricoles adaptées », d’après le responsable de FEC. Ainsi, afin d’augmenter les capacités de production, l’Etat devrait mettre des terres à disposition des producteurs. Mais le peu de suivi local bloque le développement des cultures de céréales au Maroc. Ainsi, ces productions ne sont rentables que les années où les prix s’envolent. En effet, si le royaume a produit 9 Mt de céréales en 2005/06 avec une prédominance du blé tendre et des emblavements records en raison de prix hauts, la production chute sur les deux années suivantes à 3 Mt pour 2006/07, et 2Mt pour 2007/08. Ceci démontre la fragilité des capacités de production marocaine en céréales.

Des freins importants

Un des principaux frein au développement agricole du pays reste la prédominance d’un parcellaire morcelé. Selon Yann Lebeau, l’Etat devrait d’abord procéder à un remembrement des terres agricoles afin de les adapter à la mécanisation. Le second levier serait le développement d’une agriculture irriguée car les productions agricoles restent très dépendantes de la pluviométrie.

Contrairement aux années précédentes, le niveau de pluie déjà tombée annonce une année 2009 prometteuse. Cela devrait alléger d’autant les importations qui, par le passé, ont plombé la balance commerciale. Il est certain que l’irrigation permettrait au pays de se dégager des contraintes climatiques et d’obtenir des niveaux de production se stabilisant dans le temps.

Un débouché stable pour les céréales françaises

Lors des années sèches, le Maroc a réalisé de nombreux achats en céréales afin de faire face à la demande intérieure : 3,8 Mt en 2006/07 et 6,4 Mt en 2007/08. Si la tendance faiblit en 2009, à 5,5 Mt, elle reste cependant soutenue. En effet, l’objectif du royaume est de constituer des stocks tampons permettant au pays de se prémunir des futures envolées de prix sur les céréales. La Tunisie pratiquerait une politique similaire.

Contrer les variations des prix mondiaux

A l’avenir, les facilités logistiques et des prix à peu près stables permettaient ainsi aux pays du Maghreb de ne pas stocker trop de céréales. En effet, par le passé, il suffisait d’acheter à Rouen pour être livrer sous cinq jours. Mais, plus récemment, les envolées de prix ont posé de nombreux problèmes d’approvisionnement. Des politiques de sto-ckage des céréales sont mises en place. Par exemple, en Tunisie, de grands programmes de construction de silos sont lancés avec une garantie que l’Etat louera durablement ces structures pour assurer un certain niveau de rentabilité aux investisseurs. Le Maroc veut aussi inciter les industriels et les négociants à stocker les céréales afin d’assurer un stock de sécurité et de limiter son exposition aux variations des prix mondiaux.

Si la Tunisie affiche une forte volonté d’autosuffisance sur ses consommations de blé dur, le Maroc est plus dans une optique d’intégration au commerce mondial. Ceci démontre les fortes différences de politiques au Maghreb. Si le plan “Maroc vert” devrait permettre d’améliorer les niveaux de production agricole, néanmoins le pays resterait un bon débouché pour les productions françaises de blé tendre, qui couvrent 64 % des besoins, soit 1,3 Mt. Certes, la concurrence de la mer Noire reste présente, mais sa qualité de production et les problèmes logistiques récurrents pénalisent cette origine.

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