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Blé
Le marché offre un nouveau visage

Malgré l’abondance de la production, la prochaine campagne sera tendue. Au gré de l’économie mondiale, le marché du blé s’éloigne de ses fondamentaux

NOUVEL ÉLAN ? Après une campagne très difficile, les perspectives 08/09 sont plutôt optimistes, du moins sur les quantités, car la volatilité des prix et la situation de crise actuelle risquent de perdurer. Comment le marché s’est-il adapté aux nouvelles contraintes ? Une problématique largement commentée aux JTIC.

Progression du ratio stocks sur consommation

La campagne 08/09 de blé va être marquée par une progression des indicateurs majeurs que sont la production, la consommation et les échanges. La production mondiale atteindrait 676 Mt selon le Conseil international des céréales (CIC), répercutant une hausse de 67 Mt environ. La consommation suit la même tendance et devrait atteindre 646 Mt. Quant aux échanges, ils connaissent une forte augmentation, à 116 Mt (109 Mt en 2007). Une production abondante, certes, mais suffisante pour reconstituer les stocks ? Ceux-ci vont progresser et, selon Michel Ferret de l’Onigc aux JTIC, « on va assister à une reprise du ratio stocks/ consommation ». D’après la FAO, un ratio en dessous de 18 % témoigne d’une situation “instable”. « Ces dernières années, il touchait les 15-16 %, ce qui justifie l’ampleur de la crise. Il devrait passer à 23 % en fin de campagne si les prévisions se réalisent », précise M. Ferret. Un résultat qui est loin des 35 % des années 2000 (1998-2001), mais tout de même encourageant. Il reste cependant à confirmer avec les récoltes de l’année prochaine. Pour le maïs, à titre de comparaison, le ratio stocks/consommation clôturerait la campagne 08/09 aux alentours de 13,8 %, un résultat inquiétant qui démontre que la situation ne s’améliore pas sur tous les marchés.

De nouvelles règles du jeu

La volatilité extrême des cours et la crise financière ont eu des répercussions sur le marché du blé qui a dû s’adapter. Certains pays ont su tirer leur épingle du jeu. Le Kazakhstan a ainsi confirmé ses volontés d’exportation. La Russie et l’Ukraine s’affirment de plus en plus sur le marché de la meunerie. Des évolutions ou réactions diverses se mettent peu à peu en place : abaissement ou suppression des droits à l’importation, relèvement des taxes ou mise en place de quotas à l’export, contournement des embargos (farine). On assiste également à une pression accrue pour l’acceptation des OGM. De plus, on constate que des transactions habituellement tarifées évoluent parfois en échanges. « On assiste ainsi à un retour au troc et aux accords de long terme », constate M. Ferret. L’Egypte, très fragilisée politiquement et redoutant de nouvelles crises de la faim, a ainsi négocié des besoins en blé contre du gaz naturel avec le Kazakhstan et l’Ukraine. Il serait intéressant de voir si ce mode d’échange va devenir pérenne. Une autre forme d’adaptation est la délocalisation de la production : on parle alors de « terre porteuse ». L’Arabie Saoudite, ou encore les Emirats, la Libye vont garantir leur sécurité alimentaire en s’associant à des pays disposant de terres, comme le Pakistan, l’Ukraine, l’Ethiopie ou encore le Soudan. Une solution qui ne semble pas du goût de tout le monde, notamment des Etats-Unis.

La bourse financière mène le marché

La crise met en avant un paradoxe, résumé par Laurent Vittoz, directeur des achats de blé Nutrixo : « L’UE, premier producteur de blé, n’a pas une grande influence sur le marché mondial par rapport aux USA et à l’Australie ». Le marché du blé obéit désormais moins à des fondamentaux tels que les récoltes, mais plus à la spéculation financière ou au marché de l’énergie, qui créent une forte volatilité. Le marché du blé européen suit depuis plusieurs mois Chicago. « Certains se réveillent la nuit pour aller voir l’ouverture de Chicago pour prévoir le marché français. C’est un aspect totalement nouveau », commente Laurent Vittoz. Autre nouvel élément dans la balance : les fonds financiers. Les fonds de pension ne sont pas dangereux pour le marché car ils concernent des investissements sur le long terme. Ils sont à distinguer des fonds d’investissement qui peuvent se retirer du marché brusquement, et donc totalement bouleverser les prix. De la même facon, les cours du blé sont fortement indexés au pétrole. Le non-alimentaire est également « un facteur qui jouera irrémédiablement un rôle grandissant au sein des marchés des produits végétaux », estime Luc Bouchard, du groupe Soufflet. Actuellement, selon l’USDA, les biocarburants seraient responsables à 3 % de la hausse des prix alimentaires. Et même si la France en freine la production, d’autres pays n’hésiteront pas à continuer leur essor.

Enfin, la crise boursière a marqué une cassure. Avant elle, la courbe des prix du Matif était inversement proportionnelle à celle du Cac 40. Elle est désormais parallèle, ainsi qu’à celle du Dow Jones.

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