Aller au contenu principal

Engrais azotés
Le marché du gaz fait sa révolution, une opportunité pour la France

Les fabricants voient d’un bon œil l’arrivée du gaz naturel à bas prix. Un moyen de faire pression sur les cours européens et gagner en compétitivité.

La « révolution énergétique aux États-Unis » avec l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, rendue possible par la « révolution téchnologique du fracking1 », coïncide avec « une forte progression des prix du gaz naturel depuis 2009 », a exposé l’économiste Philippe Chalmin, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa) début juin à Paris. Les cours mondiaux atteignent aujourd’hui « un rapport de 1 à 9 entre les prix du gaz américain et ceux au Japon », avec un prix du gaz européen – compris entre 8 et 10 $/MBtu2 – qui est 5 à 6 fois plus cher que son homologue d’outre-Atlantique (cf. graphique). Aujourd’hui, « la situation n’est pas critique pour l’industrie de la fertilisation des nitrates dans l’UE, affirme Joël Morlet, le président de l’Unifa. Les capacités de production en Europe satisfont la consommation européenne. Nos entreprises sont performantes, notre gamme de produits très efficace et appréciée du marché. Notre principal problème est le coût d’accès au gaz naturel. » Et Gilles Poidevin, délégué général de l’Unifa, de renchérir : « Sachant que le gaz représente 60 % du prix de vente d’un engrais azoté, le différentiel de prix du gaz crée des distorsions de concurrence »... que l’arrivée du GNL3 bon marché devrait amoindrir.

Les contrats se raccourcissent dans le temps et se complexifient en terme de prix
Officiellement libéralisé en 2004, le marché français du gaz peine à s’émanciper. « Les contrats pluriannuels (négociés auparavant auprès de l’opérateur national Gaz de France, NDLR) sont en train de se raccourcir progressivement, sans aller sur du très court terme, déclare Gilles Poidevin. Car ce sont davantage des contrats de quantité que des contrats de prix, qui garantissent un approvisionnement régulier des usines. »
Initialement, les contrats étaient négociés sur la base d’un prix ferme, puis sur des prix indexés sur les cours du pétrole. Actuellement, pour faire jouer la concurrence, les industriels vont jusqu’à signer, « pour la même fourniture, trois contrats avec trois indexations différentes ». Et le dirigeant de l’Unifa d’expliquer : « Un tiers des livraisons de gaz peut être contracté à prix fermes, un tiers à des prix indéxés sur le marché du gaz spot et le tiers restant à des prix indéxés sur le GNL. »

Le développement du GNL pourrait rendre le gaz européen moins cher
Les États-Unis, historiquement clients des gazoducs canadiens et mexicains, sont maintenant exportateurs nets sur ces contrées. Les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, qui doivent rentabiliser les usines de liquéfaction de leur gaz auparavant destiné à l’Oncle Sam, le livrent dorénavant sur les côtes européennes et viennent concurrencer le gaz russe.
« À terme, nos usines de fabrication d’engrais azotés vont faire pression sur les prix en achetant du GNL par bateau à prix “ultra spot”, et ainsi obtenir des prix du gaz plus compétitifs au niveau européen. » Quand les usines de gazéification du Havre et de Dunkerque réceptionneront à court terme le GNL américain, qui coûtera « 4 $/MBtu rendu usine, soit moitié moins qu’aujourd’hui », les fabricants d’engrais azotés hexagonaux pourront « stabiliser leur production, retrouver de la compétitivité et ainsi limiter les importations, qui représentent actuellement 15 à 20 % de la consommation française ». Mais « ne soyons pas trop optimistes, cela ne permettra pas de redévelopper l’industrie des engrais en France », regrette Gilles Poidevin.
(1) fracking : fracturation hydrauliquye de la roche ; méthode utilisée pour extraire le gaz de schiste, tant décrié en France. (2) $/MBtu : en dollar par million de British thermal units (1kWh = 3.413 Btu). (3) GNL : gaz naturel liquéfié.

Les plus lus

Champ de blé tendre.
Moisson 2025 : l'espoir renaît pour les cultures d'hiver malgré des contrastes régionaux

Des moissons d’orges qui démarrent, suivies dans une quinzaine de jours par la récolte des blés, des colzas prometteurs, mais…

Canal Seine-Nord Europe : les travaux vont entraîner la fermeture du canal du Nord pendant de nombreux mois

Outre le problème du financement et de la construction des plateformes multimodales, la construction du canal Seine-Nord…

pain avec logo filière CRC
Meunerie : Auchan se désengage de la filière CRC

Le groupe Auchan, qui utilisait de la farine CRC dans ses ateliers de boulangerie-viennoiserie-pâtisserie depuis 2018, a…

À gauche, un agriculteur français observe des épis de blé dans un champ où flotte le drapeau tricolore ; à droite, un cargo est en cours de chargement de céréales au port.
Exportations céréalières : « L'origine française connaît un regain d’intérêt sur cette deuxième partie de campagne »

À l’issue de son conseil spécialisé du 18 juin, FranceAgriMer a fait le point sur la situation des marchés céréaliers, lors d’…

Une moissonneuse batteuse en action pour la moisson 2025 dans un champ de blé avec les drapeaux de l'Ukraine et de l'UE en arrière plan.
Droits de douanes sur le blé ukrainien : quel effet pour le blé français ?

Depuis le 6 juin 2025, l’Union européenne a rétabli des quotas et des droits de douane sur les importations de céréales…

culture de maïs sur fond de ciel bleu nuageux.
Moisson 2025 : une semaine décisive pour le potentiel de production des cultures de printemps

Pois, féveroles, orges, maïs, tournesols… Les cultures de printemps tiennent bon, mais les fortes températures inquiètent.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne