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FranceAgriMer
Le marché des céréales bouleversé par une demande en pleine mutation

Malgré une production en demi-teinte, les prix du marché séduisent de nouveaux importateurs tandis que les acheteurs traditionnels désertent.

« Les fondamentaux mettent en évidence un ratio stock/consommation tendu. À la fin de la campagne, il est de 19 %, or la FAO estime qu’à 18 % on atteint le seuil d’alerte », a prévenu Michel Ferret chef de service des marchés et des filières chez FranceAgriMer, lors de la conférence organisé mercredi 12 octobre. Avec une production de blé revue à la hausse à 34 Mt, contre 33,4 Mt anticipé il y a un mois, le stock final atteint désormais les 2,5 Mt, contre 2,3 Mt. Mais les exportations ont elles aussi été rehaussées à 15,8 Mt, contre 15,3 Mt il y a un mois. Ce regain de la demande provient principalement d’un fort repli des cours en septembre. « Il y a plusieurs éléments qui interviennent », explique Michel Ferret. « Avec la remise en question de la robustesse de l’économie mondiale et de la solidité de la zone euro, la monnaie américaine s’est largement raffermi, ce qui implique souvent un relâchement des produits cotés en dollar », précise Michel Ferret. Mais l’élément qui est le plus souvent invoqué est celui de la pression mer Noire, qui depuis le retour de la Russie sur le marché des exportations a en effet lourdement tiré les prix dans le rouge. Et pour bien souligner l’importance de ces origines, Michel Ferret nous rappelle le niveau de sa productivité : « Le formidable rebond de la production d’origine mer Noire lui permet d’atteindre les 90 Mt toutes céréales confondues. La Russie dépasse d’ailleurs les Etats-Unis en terme de production de blé, la Russie en produirait 58 Mt, contre 55 Mt pour les Américains ». Pour le représentant de FAM, cette compétitivité provient paradoxalement d’un manque de crédibilité de la Russie sur le marché international. « L’Egypte se rappelle que la Russie n’a pas honoré ses contrats avec la mise en œuvre d’embargo sur la campagne précédente, et a donc refusé cette origine sur deux appels d’offres. Mais au 3e appel d’offres, la Russie a fortement baissé ses prix pour remporter la mise. C’est surtout cette pression qui a installé les prix à des plus bas », analyse le chef de service Marchés et Filières.

Des achats égyptiens resserrés
Source de ventes importantes pour la France, l’Egypte ne devrait d’ailleurs plus beaucoup intervenir sur le marché international, estime FranceAgriMer. « Les perspectives d’export en Egypte ne sont pas très optimistes », regrette Michel Ferret. « L’an dernier nous avons livré 2,5 Mt de blé sur l’ensemble de la campagne. Manifestement, cela ne sera pas le cas cette année. L’Egypte est déjà couverte jusqu’au mois de décembre », explique-t-il. Comme pour confirmer ces craintes, le Gasc a relevé ses exigences concernant le taux de protéines. De 11 %, il passe ainsi à 11,5 % pour les blés français. Pour Rémi Haquin, président du conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer, ce resserrement des critères de sélection « aura un impact sur les exportations, dès cette campagne ». Mais il tempère néanmoins les inquiétudes en ajoutant que, « si on regarde les chiffres bruts, la France a moins besoin de l’Egypte que l’année dernière ». A la mi-octobre, les exports français n’atteignaient pourtant que les 2,4 Mt, contre 3,2 Mt l’an dernier. Mais selon FranceAgriMer, de nouveaux marchés permettraient à la France et à l’Europe d’amortir la perte partielle du marché égyptien. « Il est possible que d’autres débouchés nous apportent une compensation », juge Rémi Haquin. Comme la Libye, qui a déjà exprimé des besoins conséquents de 500.000 t de blé et de 500.000 t de farine. Pour expliquer ces besoins urgents, le président du conseil spécialisé des céréales rappelle que « le marché de la farine est un marché très influencé par les troubles politiques. La désorganisation provoque un transfert de l’importation de grains, vers l’importation de farine. C’est le cas de l’Irak et de l’Afghanistan, qui font désormais partie des plus gros acheteurs. »
Mais la campagne 2011/2012 est aussi la campagne des frets peu coûteux. Les prix de transports étant très bas, le marché se retrouve plus mondialisé que jamais, et des exportateurs éloignés arrivent ainsi à venir concurrencer l’Europe sur ses marchés traditionnels. « À cause des prix du fret, le maïs argentin, mais aussi australien, peut désormais venir nous concurrencer dans le bassin méditerranéen. » Néanmoins, ces coûts de frets ont aussi un avantage pour certains exportateurs européens : « les exportations ukrainiennes vont pour partie vers l’Union européenne, mais également vers les marchés sud-asiatiques, comme le Bengladesh, le Vietnam ou le Koweït », conclut Michel Ferret.

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