Aller au contenu principal

Commerce agricole
Le maïs américain domine les marchés mondiaux des céréales

Alors que fondamentaux et facteurs exogènes n’ont cessé de se télescoper durant cet été 2011, le maïs, notamment américain, semble avoir pris les rênes du marché. Et pour cause, la canicule qui a frappé la Corn Belt durant la période de floraison a entraîné une baisse de potentiel de production et une dégradation de l’état des cultures aux Etats-Unis. Ainsi, malgré une production française abondante, les prix restent fermes. Le bilan maïs en France n’est effectivement pas en reste, puisqu’une récolte de 15,2 Mt est attendue selon la société d’analyse, tandis que France AgriMer table sur une production de 14,9 Mt, contre 15,2 Mt l’an dernier. Un chiffre certes en recul, mais qui s’explique par une baisse des surfaces. Offre et demande agricole, ainsi que l’AGPM, prévoient d’ailleurs un rendement « record » à près de 100 q/ha à l’échelle nationale.La situation est  similaire en blé. Des « niveaux de rendements exceptionnels en blé au nord de la France ont permis de remonter la moyenne nationale. Les rendements sont en baisse de 7 %, alors qu’on s’attendait à un repli de 10 à 11 % », rappelle Benoît Labouille, directeur d’Offre & demande agricole. 
    Néanmoins, « la grosse surprise de l’été a été la production de colza. Au fur et à mesure des moissons, nous avons constaté des rendements exceptionnels dans des régions comme la Haute-Normandie ou le nord de la Picardie, avec des rendements à 55-60 quintaux, ce qui est extraordinaire », précise Benoît Labouille. Mais malgré cela, le prix du colza a bien résisté et reste aujourd’hui bien au-dessus des 400 euros la tonne. A l’échelle nationale, les rendements semblent donc bons et pourtant les prix des matières premières agricoles sont  particulièrement fermes.

Un maïs qui manque de compétitivité
    Et pour cause, « la situation du maïs américain se répercute sur l’ensemble des marchés par une structure de prix dans le monde atypique. Il est le produit le plus cher des céréales fourragères, alors que le blé américain et surtout le maïs français sont moins chers. C’est une situation quasiment jamais vue. En outre, le prix du blé américain est proche du blé français et le blé russe est désormais quasiment au même prix que le  blé européen», explique Benoît Labouille. Conséquence, avec un maïs qui n’est plus du tout compétitif face au marché international et aux autres céréales, les Etats-Unis vont devoir réduire leurs exportations. Cette pyramide des prix inédite a également un impact sur l’alimentation du bétail. Avec un blé moins cher, le transfert du maïs fourrager vers le blé fourrager dans les formulations est en effet évidente. Par ce biais, les Etats-Unis devraient perdre des marchés traditionnels importants. « Il va y avoir du blé américain utilisé en alimentation du bétail, ce qui n’est pas habituel, et du blé russe ou ukrainien qui va partir en direction de l’Asie qui consomme d’habitude du blé fourrager américain. » Même en ce qui concerne le maïs, la Chine délaisse désormais l’origine américaine pour se tourner vers l’Argentine. Mais ce transfert, dont tout le monde parle, est tout de même à relativiser. Lors de même situation de précédentes années, « la part de blé fourrager n’est passée que de 3 à 6 % dans l’alimentation du bétail », explique Offre et demande agricole.

L’influence de la macroéconomie
    Cette fermeté des prix des matières premières dans le monde trouve aussi paradoxalement sa source dans la finance. Alors que le poids des marchés se fait souvent ressentir, selon Offre et demande agricole, le repli des places boursières peut aussi relancer les prix des matières premières. « En l’absence de fondamentaux, les marchés financiers ont un impact évident sur les marchés agricoles. On a des investisseurs qui veulent sortir des marchés traditionnels pour venir sur les marchés agricoles afin de se décorréler des produits d’action.  La matière première devient ainsi une matière refuge pour les investisseurs, elles sont même considérées comme un refuge anti-inflation », explique Benoît Labouille. Et si, au regard des évolutions des prix ces dernières années le raisonnement ne tient pas, il est vrai que, sur la période estivale, le Cac 40 et le prix du blé ont évolué non seulement indépendamment, mais surtout de manière diamétralement opposée. Seulement, les perspectives macroéconomiques restent importantes pour le secteur. La tourmente financière que connaît le monde occidental pourrait en effet avoir des conséquences directes sur la consommation mondiale de matières premières agricoles. « Malgré tout, les produits agricoles restent des produits de consommation concrets. Nos modèles montrent que l’évolution de la consommation de blé dans le monde est liée à la croissance », rappelle Benoît Labouille.

Les plus lus

Diapositive d'une présentation lors d'une conférence des JTIC 2025 montrant 3 cartes de risques de production de blé tendre en Beauce
Changement climatique : le blé tendre devient une culture risquée en Beauce

Lors de l'édition 2025 des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) à Auxerre le 16 octobre, le cabinet Diagorisk…

Marché des engrais : sous tension avec l'application de la taxe MACF au 1er janvier 2026

Mouvementé, Novembre a démarré par un fort regain d’activité sur le marché des engrais dû à des rattrapages, malgré les…

Photo de groupe de l'équipe dirigeante de Maïsadour lors de la conférence de presse du 5 décembre 2025
Maïsadour : après une récolte 2025 difficile, cap vers l’agriculture régénérative

Après une récolte marquée par des conditions climatiques difficiles et de mauvais rendements, le groupe coopératif…

Photo d'un chargement de blé sur une péniche sur la Seine
Marché des céréales : les exportations françaises réalisent un début de campagne encourageant

Le conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer a publié mardi 16 décembre ses bilans céréaliers mensuels. Les…

Alimentation animale : malgré la hausse des fabrications, les capacités d’investissement s’effritent

En dépit d’un contexte économique et sanitaire tendu, les fabrications d’aliments pour animaux se maintiennent. Mais la…

Nord Céréales continue de se diversifier malgré un exercice 2024-2025 en retrait

Le spécialiste de l’import-export de marchandises, dont les céréales, vient de publier ses comptes 2024-2025 et sa feuille de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne