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Exportations orges de brasserie
« Le fort pouvoir diastasique de nos orges, un atout pour la Chine »

La Dépêche-Le Petit Meunier : La production de bière en Chine a connu une croissance expo­nentielle, gagnant 10 % par an pendant 10 ans jusqu’en 2008, où elle a atteint 425 Mhl. Bien que producteur, le pays est déjà dépendant des importations pour son approvisionnement en orge. Quelle est la place de la France et la stra­té­gie de France Export Céréales sur cette destination ?
François Gâtel :
Après une petite campagne 2007/2008, nous devrions vendre sur la Chine près de 400.000 t d’orges françaises de la récolte 2008. Un des plus hauts niveaux depuis plus de dix ans. Les achats ont été le fait de quelques gros opérateurs chinois. Cette performance s’inscrit cependant dans un contexte exceptionnel concernant l’export français, avec une campagne qui frôle, pour le blé tendre par exemple, les 10 Mt vendues sur pays tiers. L’UE fait figure d’outsider sur le marché chinois de l’orge de brasserie, derrière l’Australie, fournisseur traditionnel, et le Canada. Si l’un des deux ne dispose pas des volumes suffisants pour répondre à sa demande, la Chine sollicite les exportateurs de l’Hexagone. France Export Céréales assure un travail de promotion des orges françaises dans le pays depuis le début des années 2000, en les faisant connaître auprès des opérateurs chinois. Mais on ne maîtrise pas le jeu du marché…

LD-LPM : Comment l’offre hexagonale se positionne-t-elle par rapport à la concurrence ?
F.G. :
Nous voulions que les utilisateurs locaux expérimentent et dégagent eux-mêmes les atouts et points faibles des orges françaises. Cela a été l’objet de la seconde phase de notre travail. Pendant deux ans, nous avons collaboré, avec l’appui technique d’Arvalis-Institut du Végétal, avec les plus importants transformateurs du pays, Cofco et Super Time pour les malteurs, et Tsing Tao et China Resource Breweries, pour les brasseurs. Nous leur avons demandé de réaliser, en laboratoire, des micro-maltages et brassages selon leurs process. Les tests, réalisés en parallèle en France, ont porté sur des échantillons de quelques kilos d’orges françaises, mais aussi sur des témoins australiens, canadiens et chinois.

LD-LPM : Quelles en ont été les conclusions ?
F.G. :
Les industriels chinois ont coutume d’incorporer beaucoup d’autres matières premières que le malt dans leurs recettes, comme du maïs ou des brisures de riz, en grains crus. Une pratique qui fait baisser le coût de production. Or, comme l’ont démontré ces essais, les malts d’orges françaises, par leur pouvoir diastasique, permettent d’en intégrer d’im­portants volumes. Un véritable atout !
Le choix des malteurs chinois est, comme pour tous les industriels, en partie dicté par le prix. Les variétés françaises les mieux placées sur ce critère sont les orges d’hiver 6 rangs, qui présentent des rendements plus élevés en culture. Mais les Chinois sont également très attentifs à la durée de maltage. Or nos orges d’hiver sont plus longues à travailler que les marchandises canadiennes et australiennes auxquelles ils sont habitués. Cet inconvénient est bien sûr ressorti des tests techniques. Et, vu les volumes traités, introduire une matière première qui ne cadre pas totalement avec leurs diagrammes peut occasionner de gros problèmes logistiques. Ce temps supplémentaire se traduit par un coût énergétique, comme l’ont souligné les utilisateurs locaux. Sur les autres critères traditionnels, comme la teneur en protéines ou le calibrage, ils semblent plus souples dans leurs exigences que ne peuvent l’être les Européens.

LD-LPM : Comment exploitez-vous ces résultats ?
F.G. :
Les industriels ont présenté eux-mêmes ces conclusions devant une soixantaine de professionnels et représentants institutionnels de la filière chinoise, lors des derniers séminaires organisés par FEC dans le pays, en septembre 2008 et en juin dernier. Ils ont exposé les freins techniques à l’utilisation des orges de chacune des origines, mais aussi leur intérêt. Le témoignage d’utilisateurs reconnus crédibilise notre argumentation ! Nous allons ensuite faire la synthèse de ces essais et en assurer une diffusion la plus large possible. L’étape suivante passera par une enquête sur le terrain. Nous allons interroger les chargés d’approvision­nement, de la transformation ou encore des laboratoires, pour connaître leur ressenti. Le prochain séminaire est prévu pour juin 2010.

LD-LPM : Quelles sont les perspectives pour la prochaine campagne ?
F.G. :
Pour 2009/2010, les besoins d’importation chinois sont estimés, par certains professionnels européens du secteur, à 1,9  Mt, contre 1,1 Mt en 2008/2009 selon le CIC. La France devrait avoir un volume d’orges brassicoles disponibles pour l’exportation sur pays tiers d’1 Mt. Nous espérons bien réitérer notre excellent chiffre, si le marché le permet !

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