Le courtage de grain en voie d’uberisation
ComparateurAgricole.com se présente comme négoce digital de céréales. « En donnant un prix en ligne, il va déranger les acteurs existants », estiment ses créateurs.
« On ne va pas casser le marché, on innove technologiquement », assure Pierre-Antoine Forreau, fondateur du site ComparateurAgricole.com. Il ne réinvente pas un métier, mais veut « dépoussiérer un modèle économique à bout de souffle ».
Certifiés organisme stockeur, les créateurs rapprochent un acheteur et un céréalier vendeur, autour d’un prix de marché. Cela se faisait déjà pour les engrais. « Pourquoi pas vendre des camions de blé ? », se sont dit ces Beaucerons.
Objectif : 50 000 tonnes
L’idée est d’offrir le meilleur prix calculé départ ferme. Quelque 120 000 exploitants céréaliers stockant 20 millions de tonnes de grain pourraient utiliser ce système. L’équipe revendique 13 000 t traitées en 2016, et vise 50 000 t en 2017. Le comparateur peut atteindre 3 % de parts de marché, sans trop déranger les professionnels en place, espèrent les deux dirigeants, issus de l’Esa d’Angers (Maine-et-Loire). Parmi les 400 inscrits, des négociants testent le système pour élargir leur périmètre d’action.
Jusqu’ici, c’est le maïs qui est le plus échangé, acheté par des fabricants d’alimentation animale à 70 %. Les deux bouts de la chaîne ne se connaissent pas. Le vendeur ne peut pas contacter directement l’acheteur, à cause des taxes interprofessionnelles à lever. La valeur ajoutée par rapport au négoce, c’est le prix. Le site permet des gains de 15 € la tonne en céréales comparé aux intermédiaires habituels, et 30 €/t de mieux en intrants (3 000 t vendus). Pierre-Antoine Forreau raconte qu’il a eu du mal à convaincre son père, cultivateur à Gohory (Eure-et-Loir) de lui confier 100 % de sa production.