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Conjoncture
Le climat sec fait craindre une surchauffe des marchés

La sécheresse dans les pays consommateurs pourrait doper les exportations françaises, à condition que la météo épargne ses cultures.

Malgré des stocks mondiaux de blé conséquents et des surfaces semées revues à la hausse, les marchés risquent de s’emballer. En cause : le temps sec, qui sévit en Europe de l’Ouest. Les incertitudes qu’il laisse planer sur les perspectives de production alimentent la spéculation et plongent les opérateurs physiques dans l’attentisme.

Un manque de précipitations...
En France, l’hiver 2011/2012 a connu de grandes amplitudes, en termes de températures comme de précipitations, indique MétéoFrance. Après un mois de décembre bien arrosé sauf sur le pourtour méditerranéen, celui de février a été particulièrement sec à l’échelle nationale. De septembre 2011 à la mi-mars 2012, une période normalement favorable à la recharge des nappes souterraines, les précipitations ont été déficitaires sur la quasi-totalité du territoire. « 80 % des points suivis sur le territoire français présentent un état de remplissage des aquifères inférieur à la moyenne », confirme le BGRM (Bureau de recherches géologiques et minières). Cela concerne essentiellement le pourtour sud du bassin parisien, le sud-est de la France ou bien encore le nord du bassin aquitain. Franck Lonca, analyste agricole chez Geosys, ajoute que « la région Poitou-Charentes est la plus touchée par le déficit de pluviométrie ». Les pluies sont inférieures à la normale de 40 à 50 % dans les Pays-de-la-Loire et la Bretagne, et de 30 à 40 % dans la région Centre.

… qui doit être nuancé
« Il n’y a pas à ce jour de sécheresse agricole ! », tient à préciser David Gouache, conseiller chez Arvalis. La sécheresse dont parle le BGRM est une « sécheresse hydrologique ». La quantité d’eau dont les plantes ont besoin en automne-hiver est très faible. De plus, les précipitations sont en priorité absorbées par les cultures, puis elles rechargent les sols, et ce n’est qu’ensuite qu’elles vont vers les nappes. Par conséquent, « les cultures n’ont jusqu’à maintenant pas été pénalisées ». En revanche, « si l’absence de pluies persiste jusqu’à la mi-avril, la situation risque de devenir problématique pour les cultures d’hiver », complète Jean-Charles Deswarte, travaillant également pour l’Institut du végétal. Et si le temps sec perdure jusqu’à l’été, les possibilités d’irrigation risquent d’être compromises. Des restrictions sur certains usages de l’eau ont déjà été mises en place dans trois départements français (cf. brève "La Seine-et-Marne, l’Essonne et le Gard soumis à restriction"). Cependant, les conditions climatiques ont favorisé les semis précoces d’orges et de blés de printemps, notamment dans le nord-est de la France où de nombreuses parcelles ont dû être ressemées suite au gel.

Une demande espagnole plus présente
Si la situation de la France peut encore évoluer positivement, cela est moins vrai pour l’Espagne et le Portugal, où les précipitations ont également été très déficitaires. L’hiver 2011/2012 est le plus sec que l’Espagne ait connu depuis quarante ans. « S’il ne pleut pas dans les deux semaines qui viennent, le pays pourrait perdre la moitié de sa production de céréales non irriguées », a annoncé Miguel Blanco, le secrétaire général du COAG (Coordinateur des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs). Des échos du marché évoquent déjà 25 à 30 % de pertes en Andalousie, où sont cultivés les blés durs. Au nord de l’Espagne, le futur des blé tendre, maïs et orge est encore incertain, avec des pluies attendues la semaine prochaine. Elles pourraient débloquer le marché. En attendant, les courtiers du Sud-Ouest de la France rapportent une demande en maïs plus soutenue sur le portuaire à destination des fabricants d’aliment espagnols depuis environ trois semaines. Ces industriels commencent aussi à s’intéresser à la nouvelle récolte. Depuis 2003/2004, la France exporte, chaque campagne, plus d’1,5 Mt de maïs vers l’Espagne, selon FranceAgriMer. Les courtiers sentent aussi une augmentation sensible de la demande des meuniers espagnols, inquiets de la sécheresse. Le pays importe plus de 700.000 t de blé tendre français par campagne. En attendant, les vendeurs français, préoccupés par les déficits hydriques, sont peu présents, ce qui alimente la fermeté des marchés.

Le Maroc devra importer davantage de blé
Le Maroc ne s’en tire pas mieux côté météo. L’USDA prévoit des importations record de céréales en 2012/2013 pour ce dernier. Il ne devrait produire cette année que 2,3 Mt de blé contre 6 Mt l’an dernier. Si l’USDA a vu juste, le Maroc pourrait devenir le 7e importateur mondial de blé. La France constitue son principal fournisseur de blé tendre, avec des exportations annuelles qui dépassent 1,2 Mt sur les quatre dernières campagnes. Elle pourra donc vraisemblablement tirer parti de cette situation, à condition bien sûr qu’elle soit épargnée par la sécheresse. C’est ce que confirme Jean-Philippe Everling de Granit Négoce, lorsqu’il confie que la situation est « assez positive pour le potentiel d’exportation de la France, mais tout va dépendre de son disponible exportable ».

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