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Marchés / Perspectives
Le Canada ouvre ses marchés, qu’ils soient physiques ou à terme

Entre démantèlement du Canadian Wheat Board et nouveaux contrats à terme de l’ICE US et canadien, les options se multiplient pour les opérateurs.

L’Ice (Intercontinental Exchange Inc.) a lancé le 14 mai, de nouveaux contrats à terme en maïs, blé, soja, huile et tourteau de soja américains, qui vont se retrouver en concurrence directe avec ceux du CBOT. L’Ice compte garder ouverts ses marchés 22h/24, et même lors de la parution des rapports de l’USDA sur l’offre et la demande mondiales, alors qu’à cette occasion le CBOT les ferme durant deux heures. Ce dernier ripostera dès le 21 mai en gardant lui aussi ses marchés ouverts 22h. Selon certains analystes, laisser les marchés ouverts lors de la parution de données sensibles de l’USDA ne fera qu’augmenter la volatilité des prix.

Ouverture des marchés à terme...
Ces nouveaux contrats ont clairement pour but de rivaliser avec ceux déjà bien établis de Chicago, de Minneapolis, Kansas City ou Paris.  Mais ils ont également vocation à venir soutenir les contrats futures de blé meunier et orge d'Ice Canada, lancés en janvier. Chaque contrat doit trouver un équilibre entre liquidité et concordance avec la qualité des grains réellement achetés ou vendus. Si le contrat de blé tendre d’hiver de la bourse de Chicago est très probablement le plus liquide, il ne serait pas assez représentatif du blé de printemps canadien, limitant du coup son efficacité en tant qu’outil pour se prémunir de la volatilité des prix. De plus, les contrats à terme des États-Unis correspondent à une production transitant vers le milieu du pays et le long du fleuve Mississippi. Alors que de son côté, le marché canadien est dominé par des exportations vers l’ouest du pays et les nouveaux contrats d'Ice Canada représentent spécifiquement ces flux. Par ailleurs, les analystes misent sur une progression des exportations du Canada vers les États-Unis. D’une part, leurs prix ont été plus favorables ces dix dernières années et ils sont mieux lotis en termes logistiques. D’autre part, les farmers américains ont de plus en plus tendance à privilégier le maïs au détriment des autres cultures, comme le confirme les 38,8 Mha semés cette année, un record depuis 1944.

... dans le sillage des marchés physiques
Le lancement des nouveaux contrats à terme Ice US et Canada coïncide avec l’ouverture des marchés physiques de l’ouest canadien. En effet, cela faisait presque soixante-dix ans que les producteurs de blé et d’orge de cette région étaient affiliés au Canadian Wheat Board, organisme de commercialisation obligatoire. Or ce dernier devient facultatif à partir du 1er août 2012, suite à « la loi sur le libre choix pour les producteurs en matière de commercialisation », promulguée le 16 décembre 2011. Néanmoins, le CWB continuera d’exister pendant cinq ans pour des raisons légales, et il n’entend pas se faire oublier du jour au lendemain ! En plus de ses contrats normaux, basés sur un fond collectif et un lissage des prix, il proposera des contrats forwards à partir de la nouvelle campagne. « Le but du CWB est de proposer des options de commercialisation similaires à celles qui sont proposées par les coopératives françaises », explique Yannick Dheilly, délégué commercial Agriculture et agroalimentaire à l’ambassade du Canada. Le CWB s’appuie sur l’histoire de l’ancien Australian Wheat Board. Ce dernier appartient aujourd’hui à Cargill, qui gère encore 24 à 30 % du marché des grains australiens. Le CWB espère faire mieux, en achetant un tiers ou plus de l’orge et du blé de l’ouest canadien. D’après Ian White, PDG du CWB, mettre un tiers de sa récolte dans un programme de prix collectifs semble une bonne stratégie pour lutter contre la volatilité des prix. Pour cela, le CWB, qui ne possède aucune installation physique, doit signer des accords avec les grands négociants en grains (ADM, Bunge, Cargill, Dreyfus...). Ceux-là même qui lui font concurrence directement, et qui à terme prendront sa place. Un tel accord a déjà été conclu avec Cargill, ce qui devrait donner au Canadian Wheat Board accès à trente silos et trois ports.

La qualité des grains remise en question
Le démantèlement du CWB, qui proposait de nombreuses classes de céréales, fait craindre une détérioration de la qualité des blés durs et de printemps. En blé dur, une classification moins fine pourrait entraîner la réorientation d’une grande partie des volumes vers l’alimentation animale. Louis Dreyfus et Toepfer International ont par ailleurs invité le Canada à semer davantage de blés de qualité moyenne pour pouvoir faire face aux origines mer Noire.

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