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Le bioéthanol français a le vent en poupe

Bien que l'objectif d'incorporation de biocarburant dans l'essence fixé par le gouvernement ne soit pas atteint, les experts du secteur se montrent confiants. Les contraintes fiscales appliquées à l'E10 devraient être allégées, et la consommation progresse.

Aujourd'hui, l'objectif du gouvernement d'incorporer 7 % de biocarburants dans l'essence française n'est pas encore atteint. Les experts estiment ce taux aux alentours de 6 %. Mais il y a, selon eux, des motifs d'être optimiste. « Les pouvoirs publics se sont engagés à supprimer les freins au développement de la filière. La TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) devrait être revue à la baisse pour le SP95-E10, et la TVA devrait être déductible pour les utilisateurs de moteur à essences », a confié Alain Jeanroy, directeur général de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), lors d'une conférence de presse organisée à Paris le 11 février. Ces mesures devraient être adoptées dans la prochaine loi de Finances, espèrent les professionnels. Rappelons qu'actuellement, seuls les utilisateurs de véhicules roulant au gazole peuvent déduire la TVA.

Les contraintes fiscales appliquées à l'essence devraient être levées dans la prochaine loi de finances.

” La grande majorité des entreprises nationales utilisent des véhicules fonctionnant au diesel, afin de profiter de ses avantages fiscaux. Les experts de la filière bioéthanol ont affirmé avoir convaincu le gouvernement qu'il serait gagnant avec une réduction des taxes sur l'essence. La suppression de la TVA serait compensée par une hausse de la consommation des véhicules à essence, par les entreprises notamment, qui continueraient de payer la TICPE. « Aujourd'hui, seulement 117.000 véhicules d'entreprise roulent à l'essence, sur un parc d'environ 2 millions. Une hausse de 20-25 % d'utilisation de véhicules à essence, un objectif atteignable, permettrait de couvrir les pertes liées à la suppression de la TVA », détaille Nicolas Kurtsoglou, chargé de mission au sein du Syndicat national des producteurs d'alcool agricole, le SNPAA.

Vers un développement de l'E20

Pour 2015, des objectifs ambitieux ont été annoncés. « L'allègement fiscal permettrait de faire en sorte que le SP95-E10 soit 5 à 6 cents d'euro/l moins cher que le SP95 (l'écart étant actuellement de 3,5 cents d'euro/l). Un élément de déclenchement d'achat chez le consommateur », explique Alain Jeanroy. « À plus long terme, il faut sécuriser l'objectif d'une part de 10 % d'EnR dans les transports en 2020, conserver l'objectif d'EnR dans les transports pour 2030 et l'établir à 15 %. Nous travaillons déjà sur l'E20 afin d'atteindre ces objectifs. Les moteurs sont déjà compatibles mais il reste à optimiser leur efficacité énergétique », précise-t-il.

Et de signaler que « la production d'éthanol se fera beaucoup plus sur la betterave que sur le blé. À partir de la betterave, elle s'élève à 9.000 l/ha, contre 3.000 l/ha pour le blé. »

La consommation de bioéthanol en hausse

Les professionnels de la filière ont dressé un bilan prometteur de la consommation de bioéthanol. « Malgré la baisse du baril de pétrole, la consommation française d'éthanol est en progression », se réjouit Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA. Et d'ajouter que « cette année 2014 est une vraie rupture, dans le sens où c'est la première fois que le marché de l'essence ne baisse plus d'une année sur l'autre ».

Dans un marché de l'essence d'un peu moins de 10 Mm3 en 2014, la consommation de SP95E10 est en hausse de 10 % par rapport à l'an dernier. La part de marché progresse de 3 %, pour atteindre 32 % des essences vendues.Le SP95-E10 occupe la deuxième place en France, derrière le SP95 mais devant le SP98. « L'objectif est d'atteindre 80 % des parts de marché dans les prochaines années. En 2015, le taux de véhicules compatibles avec l'E10 est estimé à 91 %, contre 65 % en 2009 », précise Sylvain Demoures. Le nombre de stations-service distribuant le biocarburant est évalué à 5.000 fin 2014, en hausse de 3 points par “ ” rapport à l'an dernier (soit environ 400 unités en plus), et représente 54 % du parc des plus grosses stations-service hexagonales.

La France, n°1 européen de l'éthanol, pas encore mature

« La France, 1er producteur européen devant l'Allemagne et le Royaume-Uni, exporte 30 % de sa production, essentiellement vers les pays du nord de l'UE, dont l'Allemagne », explique Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA. Avec une production évaluée à 11,5 Mhl en 2013/2014, la consommation intérieure s'élève à 8 Mhl. Cependant, des progrès sont à réaliser. « L'UE produit 60 Mhl, le Brésil 250 Mhl, et les États-Unis 500 Mhl. Ainsi, notre industrie est encore immature. Il faudra être vigilant dans les négociations commerciales avec les États-Unis et le Mercosur, afin de garantir une meilleure indépendance énergétique de l'UE », alerte Alain Jeanroy, directeur général de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB).

Faire en sorte que le SP95E10 soit 5 à 6 cents d'€/l moins cher que le SP95.

Du côté de l'E85, la consommation a progressé de 9 % entre 2013 et 2014, pour atteindre 81.081 m3 , soit environ 1 % du marché des essences. Le nombre de stations proposant ce biocarburant s'élève à 560, contre 360 l'an dernier.

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