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Le B100, à l’essai sur des TER, pourrait profiter de ce nouveau débouché

La région Normandie et la SNCF ont annoncé l'expérimentation entre avril et juin, de trains roulant au B100 sur la ligne Paris-Granville afin de réduire l'empreinte environnementale de la compagnie ferroviaire. Terres Univia se félicite des perspectives que cet essai pourrait ouvrir pour ce biodiesel fabriqué à partir de colza français.

Constitué à 100 % d’esters méthyliques d’acides gras d’huile végétale, le B100 s’inscrit comme une alternative biosourcée, renouvelable et substituable au gazole fossile à destination des flottes captives.
© SNCF Voyageurs

Les TER de la ligne SNCF Paris Montparnasse-Granville roulent au B100, biocarburant renouvelable issu à 100 % du colza français, depuis le 6 avril et pendant une période expérimentale de trois mois, indique Terres Univia dans un communiqué en date du 29 avril. Le B100, produit par Champlor, est distribué par Bolloré Energy. « A la belle dynamique de développement de l’utilisation du B100 dans les flottes de transport routier, s’ajoute désormais la perspective de voir rouler demain des trains avec du B100 100 % français. Dans un contexte difficile pour la filière colza, entre récents aléas climatiques et la nécessité de redynamiser les surfaces de cette culture, cette opportunité prometteuse de diversification verte s’offre désormais aux producteurs d’oléoprotéagineux », se réjouit Antoine Henrion, agriculteur et président de Terres Univia.

Aucune modification à apporter au matériel roulant

« Le passage du gazole ou B100 ne nécessite pas de changement significatif de la motorisation des TER et du programme de maintenance des rames, d’où l’intérêt du B100 comme solution à court terme de décarbonation de notre activité », souligne Stéphane Chwalik, en charge du verdissement de la flotte TER de SNCF Voyageurs.

Ce dernier ajoute que l’utilisation du B100 n’est qu’une des solutions de verdissement envisagées par la SNCF, à travers son plan Planète TER dont le slogan est « plus de TER et moins de moins de CO2 ». L’entreprise ferroviaire publique française travaille également sur des alternatives « plus ambitieuses » que sont l’utilisation de batteries nouvelle génération et de l’hydrogène. « Ces nouvelles technologies vont ainsi permettre aux régions, en tant qu’autorités organisatrices des transports (AOT), de réduire drastiquement les émissions de CO2 issues de leurs réseaux de train régionaux, et à la SNCF de sortir du diesel d’ici 2035 », peut-on lire sur le site de la société nationale des chemins de fer.

Un surcoût de l’usage du B100 par rapport au gazole...

« Le plus grand impact financier lié à l’utilisation de B100 concerne l’achat du biocarburant », affirme Stéphane Chwalik. Si la SNCF a bénéficié d’« un prix d’appel dans le cadre de l’expérimentation », l’objectif est que le prix du B100 et du gazole converge, en achetant de plus gros volumes de biodiesel et en tablant sur une fiscalité plus avantageuse sur le biocarburant par rapport à l’énergie fossile.

Par ailleurs, l’expérimentation montre « une légère surconsommation de B100 [aux 100 km] par rapport au gazole, qui est largement compensée par les atouts environnementaux du biodiesel », insiste le dirigeant.

... mais des avantages environnementaux indéniables

« La phase de tests, pilotée en 2019 par Terres Univia, avec l’appui de l’ingénierie du matériel de SNCF, [a permis de mesurer] les impacts de l’utilisation du B100 de colza, autorisé par l’arrêté du 29 mars 2018, sur le moteur des toutes dernières générations de TER », précise l’interprofession des huiles et protéines végétales.

« Les observations effectuées sur le banc d’essais ont montré que rouler au B100, en lieu et place du gazole, a conduit à une baisse de 60 % des émissions de gaz à effet de serre (CO2), de 15 % des émissions d’oxydes d’azote (Nox) et de 45 % des particules fines », affirme Stéphane Chwalik. Ces résultats restent à être validés par l’expérimentation en cours qui concerne la circulation commerciale des TER.

Un potentiel de développement important

Si l’expérimentation de trois mois, engagée par la SNCF et le région Normandie, en condition de circulation commerciale, est concluante, la SNCF Voyageurs veut proposer le B100 aux TER de l’ensemble des régions françaises. « Nous souhaitons nous positionner aux côtés des régions, financeurs du matériel roulant à 100 % et des coûts d’exploitation de façon majoritaire, afin de développer le B100 en série », confie Stéphane Chwalik. Et d’ajouter : « Nous espérons déployer le B100 aux TER sur la majeure partie de la flotte thermique (roulant au gazole), qui comprend 1091 rames à l’échelle nationale (dont 495 rames bimodes, thermique et électrique). » Rappelons que sur le nombre de kilomètres parcourus par les TER en France, 40 % le sont en mode thermique et 60 % en mode électrique. « L’objectif est de proposer aux régions la meilleure solution pour verdir leur flotte de TER au moindre coût. »

Dans le cas où les régions adhèrent à la démarche, « un appel d’offres pour commande publique sera lancé auprès des distributeurs de biocarburants, avec la volonté de retenir le fournisseur qui aura reçu la meilleure notation », sur la base d’un cahier des charges aux critères économiques, techniques mais également de durabilité.

Concernant le transport ferroviaire de marchandises, « la volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre étant une stratégie de groupe, il est envisageable d’élargir l’utilisation du B100 au fret, si la motorisation des locomotives est compatible », indique le porte-parole de SNCF Voyageurs.

Champlor, dans les starting-blocks

« Bolloré Energy est notre premier client de B100, dont la production démarre tout juste sur notre site », déclare Bertrand Dufrenoy, directeur commercial de Champlor. Située sur la zone de Baleycourt à Verdun (Meuse), l’entreprise fabrique des produits à partir de graines de colza cultivées dans un rayon de 300 km, à destination de l’agroalimentaire, de l’alimentation animale, des énergies et des industries. D’une capacité de 400 000 t de trituration de graines de colza, elle peut produire annuellement 220 000 t de tourteau et 160 000 t à 170 000 t d’huile, dont 100 000 t sont susceptibles d’être transformées en ester méthylique d’acides gras à destination des biocarburants. Conforme à la norme EN14214 et à l'arrêté du 31 décembre 2014, le biodiesel est certifié "2BSvs schéma de durabilité volontaire" et présente un excellent niveau du TLF (température limite de filtrabilité). « La filière française de colza, qui a été mise à mal en 2011 par la fin des quotas de B5 et B7 (diesel contenant 5 % ou 7 % d’ester méthylique d’acide gras), en la mettant en concurrence avec les biocarburants à base de palme ou de soja sur le marché mondial, voit dans le B100 un moyen de redonner de l’élan et des perspectives à cette production. Et ce, d’autant plus, qu’une fiscalité particulière a été mis en place pour combler l’écart de prix entre le B100 et le gazole », explique le dirigeant. « Nous espérons que cet essai sur la ligne de TER Paris-Granville fera tâche d’huile sur le Grand Est. Et que le colza cultivé et trituré localement soit utilisé sur les TER régionaux, dans une démarche d’économie circulaire. » Champlor espère ainsi « maintenir ses capacités de production de biocarburant, en développant le B100, dans un contexte de perte de volumes de B5 et B7 », conclut Bertrand Dufrenoy.

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