Le 3e round des négociations UE/US s'amorçait dans le plus grand flou
Revendications alimentaires
L'Union européenne et les États-Unis devaient tenir, du 16 au 20 décembre, le troisième round de négociations pour un accord de libre échange transatlantique (TTIP). Les thèmes à aborder sont restés flous jusqu'au dernier moment. La Commission européenne a simplement annoncé, le 13 décembre, que la réduction de barrières douanières sur les services, l'énergie et les matières premières devrait être discutée. Les négociateurs UE et US devaient également établir une liste de points sensibles, intégrant les questions alimentaires. Les OGM, les poulets lavés au chlore, les quotas d'importation de viande bovine ou les indications géographiques protégées sont autant de points de blocage.
Revendications alimentairesEn ce qui concerne les OGM, certains craignent que la réglementation choisie soit la moins contraignante des deux partenaires. L'industrie américaine s'impatiente et demande à l'UE de réfléchir à la nécessité d'étiqueter les produits génétiquement modifiés comme tels, et d'accélérer le processus d'autorisation. Elles prendraient quatre ans dans l'UE, contre deux aux États-Unis.
Alors que l'UE a accepté de lever ses interdictions d'importation de bœuf US lavé à l'acide lactique et de porcs vivants, les États-Unis ne démordent pas de faire également passer les poulets lavés au chlore. Sachant que la France a accepté des quotas d'importations de 45.000 t de bœuf et de 75.000 t de porc dans son récent accord avec le Canada, il semble difficile de concéder moins aux États-Unis, ce qui inquiète les éleveurs européens.
Les États-Unis veulent faire accepter leurs poulets lavés au chlore.
Mais ce qui a fait du bruit ces dernières semaines, c'est la crainte que l'accord transatlantique « accorde aux entreprises étrangères le droit de contester directement des mesures et actions prises par des gouvernements, évitant les tribunaux nationaux et créant un nouveau système légal exclusivement réservé aux multinationales », dénoncé par près de 180 associations dans une lettre aux deux négociateurs en chef le lundi 16 décembre. « Sous un tel régime, les entreprises seraient en mesure de contrecarrer les politiques de santé, de protection de l'environnement ou de régulation de la finance, mises en place dans tel ou tel pays en lui réclamant des dommages et intérêts devant des tribunaux extrajudiciaires », développait Lori Wallach, directrice de Public Citizen's Global Trade Watch, pour Le Monde Diplomatique.
En parallèle, l'UE tient à faire valoir ses indications géographiques, comme celles sur le champagne français, la feta grecque ou le jambon de Parme italien.