L’arrivée du tournesol tolérant à l’herbicide fait débat
La journée Culturhône a ouvert un débat entre défenseurs et opposants à la nouvelle variété
SON HOMOLOGATION était attendue depuis plusieurs mois par leur créateur. Finalement les premières parcelles commerciales de tournesol tolérant aux herbicides post-levée feront leur apparition en France cette année. Une révolution pour les agriculteurs, qui pourront désormais éradiquer les adventices après la levée des pieds de tournesol plutôt que de les traiter systématiquement de façon préventive. Déjà présentes dans plusieurs pays de l’UE et à travers le monde, ces variétés obtenues par mutagenèse ont fait l’objet d’une journée d’information organisée par le Cetiom et la coopérative de Bollène-Barjac, à l’occasion de Culturhône le 20 mai à Bollène, qui accueille deux essais pour le Cetiom (BASF et Pioneer). A noter que la variété Express Sun, développée par Pioneer en association avec un désherbant de Dupont, a obtenu son homologation au début du mois de mai.
« L’enjeu est de 4 à 5 quintaux par hectare » selon le Cetiom
Grâce à ces nouvelles semences, les pratiques de traitement des adventices devraient être simplifiées et surtout raisonnées, permettant ainsi une baisse de l’utilisation d’herbicides, selon le Cetiom. Mais ce sera surtout un moyen de « maîtriser des adventices dans les cultures de tournesol comme le datura, le xanthium, le chardon ou l’ambroisie », assure le Cetiom. « Pour les producteurs de la région, l’enjeu est de 4 à 5 quintaux par hectare, soit 15 à 20 % du produit brut par hectare. » Comme c’est souvent le cas de cultures de plantes tolérantes à des herbicides, la question de la résistance des espèces visées par ces derniers se pose. Le Cetiom « reconnaît qu’une utilisation répétée de ces désherbants dans les rotations pourrait entraîner un risque de développement d’adventices résistantes » mais explique que son objectif est « d’élargir la palette d’outils à disposition des producteurs. Plus nous aurons de solutions diversifiées et complémentaires, plus le désherbage sera efficace et le risque de développement de résistance des mauvaises herbes aux herbicides sera réduit. » Une position un peu trop optimiste pour les organisations de défense de l’environnement, qui redoutent une généralisation de ces nouvelles formes de cultures et un fort développement de résistance des adventices. Pour Guy Kastler, de la Confédération paysanne, « on va mettre en place les résistances des plantes sauvages et provoquer des mutations de l’ambroisie. Il suffit de voir ce qui se passe aux Etats-Unis, où les résistances au Round Up se sont multipliées. »
Des « OGM clandestins » pour les écologistes et la Confédération paysanne
Obtenu par mutagenèse, le tournesol Express Sun est un « OGM clandestin » selon le groupe d’écologistes présent à Culturhône pour débattre de ce nouveau venu. Pour la Confédération paysanne, « la variété de Pioneer répond à la définition bruxelloise selon les termes de la directive 2001-18, relative aux organismes génétiquement modifiés. » D’un point de vue formel, il est probable que sans l’intervention de la recherche, nul tournesol résistant aux herbicides n’aurait vu le jour. Mais la directive 2001-18 précise dans son annexe 1B, que le champ d’application de la définition d’un OGM écarte les variétés obtenu par mutagenèse et donc le tournesol. « Les écologistes se sont trompés de cible en cherchant des OGM ici », estime Denis Maucci, directeur de la coopérative de Bollène.