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Meunerie
L'ANMF souhaite s'ouvrir davantage au public dans un contexte dégradé

« Nous sommes une industrie alimentaire experte, responsable. Et à ce titre, on se doit d'être lisible [auprès des consommateurs et des leaders d'opinions]. Pour que chacun comprenne notre positionnement au sein de la filière et, plus largement, dans l'alimentation française », a déclaré Lionel Deloingce, président de l'ANMF, lors de la présentation “des ambitions de la meunerie française pour demain”, le 16 juin à Paris. L'association a aussi établi un état des lieux du secteur présentant un recul global des chiffres.

Nouveaux défis pour la meunerie

« La profession de meunier existe-t-elle toujours ? », pour répondre à cette interrogation, l'ANMF souhaite accentuer la communication du secteur notamment en organisant des visites de moulins, afin de faire découvrir le process de fabrication de la farine. Cela coïncide avec les nouvelles attentes des consommateurs quant à la composition des aliments. De plus, l'ANMF souhaite épauler les meuniers en leur fournissant les arguments nécessaires pour faciliter la vulgarisation de leur métier. C'est dans ce sens que dès le mois de septembre sera publiée une lettre d'information mensuelle. Prochainement, l'association lancera un nouveau site internet et sera présente sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, l'ANMF envisage de soutenir les meuniers dans les domaines de la R&D et de l'innovation dans le but de mieux aborder les nouveaux modes de consommation. « Une profession reste dynamique si elle sait se repenser ou si elle est en mesure de se réinventer », complète Lionel Deloingce. L'ANMF ambitionne également de proposer de nouvelles solutions pour accompagner les entreprises à investir dans de nouveaux projets, notamment en lien avec la production et la logistique. Enfin, le président a insisté sur l'importance de transmettre le savoir-faire du métier aux jeunes, tout en déployant les moyens nécessaires pour améliorer l'attractivité de la filière. Lors de son mandat, il espère que des discussions sur ce thème auront lieux avec les centres de formation ainsi qu'avec l'Aemic et l'Ania. Dans ce cadre, un nouveau groupe de travail dédié à la formation a été constitué à l'ANMF.

La conjoncture s'assombrit en 2015

Cette ouverture au grand public s'inscrit dans une conjoncture toujours difficile pour le secteur de la meunerie. Les chiffres de l'année 2015 en témoignent. L'an dernier, 427 moulins (contre 439 en 2014) pour 360 entreprises ont produit 4,17 Mt de farines. « La demande en farines françaises baisse », explique Bernard Valluis, président délégué de l'ANMF, soulignant « la concurrence déloyale de la Turquie, qui a pris tous les marchés en Europe, et la hausse des importations ». Celles-ci ont encore progressé l'an dernier passant de 274.123 t en 2014 à 286.848 t en 2015 (provenant à plus de 70 % d'Allemagne), alors qu'elles ne s'élevaient qu'à un peu plus de 170.000 t en 2012. Quant aux exportations, elles ont reculé de plus de 18 % à 389.640 t en 2015, contre 475.939 t en 2014 et 565.432 t en 2013.

Taxe farine : un manque à gagner de plus de 60 M€

La hausse des importations s'explique en partie par la distorsion de concurrence induite par la taxe farine, éternelle épine dans le pied de la meunerie française face à ses concurrents étrangers. Ce prélèvement (15,24 €/t de farine vendue) représente un montant de près de 64 M€ selon l'ANMF, soit « l'équivalent de l'excédent brut d'exploitation des entreprises de meunerie française », remarque Lionel Deloingce. Une taxe qui grève les résultats du secteur et dont les importateurs de farine sont exonérés, les volumes n'étant que déclaratifs. « Les utilisateurs le font-ils toujours ? », interroge le président de l'ANMF. Ce manque à gagner entame logiquement la compétitivité des minoteries hexagonales, et pourrait expliquer le relatif retard de la meunerie par rapport à l'agroalimentaire en général en matière d'investissements, selon l'association. L'année 2016 pourrait sourire davantage à la meunerie, avec une hausse probable de la demande de farine conséquente à l'Euro 2016, période propice à la consommation de pizza et de sandwich notamment. « Nous ne disposons pas de chiffres mais c'est probable », a observé Lionel Deloingce.

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