brasserie Castelain
L’amertume de la Ch’ti
Située aux portes de Lens (Pas-de-Calais), la brasserie Castelain a beaucoup bénéficié du succès du film “Bienvenue chez les Ch’tis”. La fièvre est aujourd’hui retombée. Mais la brasserie poursuit son développement… malgré une récente augmentation des taxes. Rencontre avec Annick Castelain.







Annick Castelain est un peu amère ! « Juste mi-houblon, mi-malt », ironise celle qui est à la tête de la brasserie du Ch’ti implantée en plein cœur du bassin minier. Elle est surtout très déçue de n’avoir pu faire partager sa passion aux politiques de tout bord. En effet, malgré sa forte mobilisation, la profession n’a pas réussi à empêcher la hausse des taxes décidée au 1er janvier dernier. « Au consommateur, cela se traduit aujourd’hui par une hausse de 10,8 % », déplore-t-elle !
Celle qui est aux commandes de la 7e brasserie indépendante française n’a pas voulu présenter cette année de produits au Concours général agricole de Paris. Une première ! Mais dit avoir tourné la page de ce combat.
Elle en tire néanmoins une seule leçon : « La bière n’a toujours pas une bonne image et c’est le chantier auquel nous devons nous attaquer ! », explique-t-elle tout en rappelant que la manifestation “Terre de Brasseurs” imaginée à Lille avec le syndicat des brasseurs du Nord piétine depuis trois à quatre ans.
« On se heurte à des réticences, des inquiétudes voire des peurs ! », explique-t-elle. « On se sent mal aimés ! », va-t-elle même jusqu’à soupirer en jalousant ses confrères belges beaucoup plus soutenus par les autorités pour promouvoir leurs produits.
Mais Annick Castelain ne baisse pas les bras. La brasserie vient d’investir 2,5 M€ dans une nouvelle salle de brassage « en cours de réglage ». « C’est un gros investissement. On doit vérifier que nos produits seront identiques, voire meilleurs », précise-t-elle.
Aujourd’hui, la brasserie du Ch’ti n’a pas d’autre solution que de se développer. Les perspectives sont encourageantes : des marchés s’ouvrent aux États-Unis, en Chine, au Chili et en Italie. En 2012, l’exportation a augmenté de 19 %, les référencements en GMS progressent... les seules difficultés se rencontrent en consommation hors foyer (CHR).
En adoptant en 2012 le format 33 cl pour une partie de la gamme, la brasserie compte bien modifier son positionnement Produit, notamment en CHR et en caves à bières. 2013 verra la sortie d’une Jade ambrée en avril 2013, le retour de la Ch’ti Blanche ardemment souhaité par les connaisseurs, et devrait prolonger son expérience de brassage à façon avec la brasserie Two Brothers (Chicago) avec laquelle elle est partie à la conquête de l’Amérique.