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Logistique
L'amélioration du réseau capillaire en mauvaise voie

Près de 400.000 t dans la balance chez Axéréal

« Cela fait plusieurs mois que nos adhérents nous font remonter que RFF (Réseau ferré de France) annonce des fermetures de lignes, avec des délais très courts, rapportait Denis Choumert, président de l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), lors d'une conférence de presse le 10 juillet. Ce n'est pas une somme de cas isolés. Il faut s'attendre à ce que les cas se multiplient. » « La dynamique de fermeture s'est accélérée fin 2013/début 2014. Et les préavis sont de deux/trois mois maximum, voire immédiats dans le cas d'un déraillement », complète Christian Rose, délégué général de l'AUTF.

Le réseau fret compte 4.200 km, dont 1.000 km non exploités. Sur les 3.200 restants, AUTF estime que 1.300 km de lignes seraient menacés. L'association alerte aussi sur le fait que la perspective d'une restructuration des services de TER risque de supprimer les trains les moins fréquentés, « mettant ainsi en péril d'autres liaisons fret qui profitent aujourd'hui de la maintenance des voies, uniquement assurée en raison de la circulation de trains avec passagers ».

Près de 400.000 t dans la balance chez Axéréal

Le secteur céréalier fait partie des filières lourdement impactées, aux côtés des industries extractives. Coop de France estime en moyenne à 40 % les flux céréaliers en provenance des collecteurs empruntant le réseau capillaire (cf. n°4060 p. 1). « Les fermetures de voies potentielles vont surtout poser problèmes dans les régions Centre, Champagne-Ardenne et Bourgogne », précise Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France Métiers du grain.

« Aujourd'hui, nous avons 50 sites embranchés sur le ferroviaire, déclare Philippe de Raynal, directeur général d'Axéréal. Sur notre collecte de 4,5 Mt, 60 % passe par le train. Des fermetures ont d'ores et déjà été annoncées, qui concernent 150.000 t, soit 3 % de nos volumes, essentiellement sur du blé tendre et de l'orge. Cela va représenter un besoin de 5.200 camions supplémentaires. Les autres lignes menacées pourraient faire monter le total à 400.000 t. » Cette situation remet en cause les investissements réalisés sur le ferroviaire, et inquiète sur le maintien de la compétitivité des marchandises, notamment à l'export.

Il faut s'attendre à ce que les cas de fermeture se multiplient.

Chez Dijon Céréales, qui s'est doté d'un nouveau site de stockage à Époisses (Côte-d'Or) pour pallier la fermeture de la ligne le reliant à Semur (cf. n°4060 p. 5), « nous avons simplement résolu le problème de la récolte, modère Robert Bilbot, DG de Cérévia. D'autres lignes seraient concernées, notamment une dans l'Ain pour Terre d'Alliance et plusieurs dans la zone nord Côte-d'Or/Yonne. En tout, cela pourrait impacter 350.000 t pour Cérévia. » À chaque fois, « ce n'est pas juste un déplacement de tonnage sur un autre site, mais une perte pour le fret ferroviaire », insiste-t-il.

« Il peut se négocier des accords locaux entre RFF et les industriels, mais c'est un peu du bricolage, pas applicable partout et rarement pérenne », juge Christian Rose, de l'AUTF. De plus lorsque les industriels sont sollicités pour concourir au financement de régénération, il existe de grands écarts de prix entre SNCF Infrastructure et des concurrents privés, en raison d'une « sur-qualité » des travaux fournis par la SNCF. L'AUTF demande à l'État de se saisir globalement du sujet et d'avoir un plan à l'échelle nationale (cf. encadré). Par ailleurs, RFF aurait réalisé un inventaire croisé de l'état de vétusté des lignes du réseau et des volumes annuels de transport ferroviaire qui les empruntent, sans que ce diagnostic n'ait été partagé avec les industriels. L'AUTF a déposé une requête auprès du ministère des Transports, Frédéric Cuvillier, le 2 juillet, pour y avoir accès. « Les industriels ont besoin de visibilité. Mais les échanges peuvent aller dans les deux sens, RFF n'ayant pas forcément conscience des perspectives de trafic qu'ont certains groupes. »

L'AUTF souhaite un plan national pour le réseau capillaire

Lors d'un point presse le 10 juillet à Paris, l'AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret) proposait des pistes pour aider le réseau ferroviaire capillaire. « Il nous faut un plan au niveau national. On pourrait revenir à la situation antérieure, c'est-à-dire à une enveloppe financière de l'État de 16 M€. Mais elle a déjà été réduite de moitié en 2013, et supprimée en 2014. La 2e option est d'imaginer une réorganisation complète de la gouvernance. Cela consisterait pour l'État à pallier son désengagement financier par la fixation d'un nouveau cadre national, organisant le transfert en pleine propriété de ce réseau capillaire à un ou plusieurs gestionnaires d'infrastructures », explique Christian Rose, délégué général de l'AUTF, à l'image de la gestion par les grands ports maritimes de leur réseau ferroviaire, en vigueur depuis 2010. « Il leur faut également un nouveau document de référence du réseau, actuellement en réflexion ».

Un problème de financement sans vraie solution

La situation n'est vraiment pas optimiste au vu des problèmes évidents de financements. RFF présentait une dette de 33,7 Md€ sur l'exercice 2013, en augmentation par rapport à 2012. La réforme ferroviaire ne devrait pas améliorer les choses. Des écononomies notables seraient déjà demandées au futur regroupement de RFF et SNCF. Et ce sont les LGV (lignes grandes vitesse) qui ont la priorité. L'amendement dans la réforme ferroviaire, permettant de déléguer la gestion des lignes capillaires aux régions ou aux collectivités, ne va pas régler le problème de manque d'argent, indique l'AUTF. Le réseau ferroviaire devait également récupéré une partie de l'Écotaxe, mais ce fond s'est fortement réduit avec son évolution en Péage de transit poids lourds.

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