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Colloque AgroFinance
L’agroalimentaire frileux sur le risque

Selon une étude du cabinet Mazars, le secteur agroalimentaire serait peu attiré par les opérations à risque, mais semble bien connaître le sujet

PRUDENCE. Utilisation accrue des marchés à terme agricoles, contrats à prix moyens ou indexés sur Euronext destinés aux producteurs, création de postes dédiés à la gestion de la volatilité des prix… les entreprises de l’agroalimentaire multiplient les initiatives pour réduire les impondérables que connaît la filière. Mais qui dit risques, dit aussi opportunités. Comment les sociétés apprécient-elles leur rapport aux risques ? Le cabinet d’audit Mazars répond en partie à cette question au travers de son baromètre sur « la gestion des risques dans le secteur agro français ». Cette étude, réalisée au cours du troisième trimestre 2008 auprès de 86 entreprises du secteur, a été présentée le 27 novembre à l’occasion du colloque AgroFinance organisé par l’hebdomadaire AGRA alimentation et l’association AgroFood.

Plus la culture du risque est grande, moindre sera la prise de risque

Premier enseignement de l’étude, les entreprises agroalimentaires considèrent leur niveau de prise de risque volontaire faible ou moyen pour 86 % d’entre elles. Un chiffre qui grimpe à 89 % lorsque la question est posée aux coopératives, vraisemblablement plus prudentes selon l’étude. Une tendance certainement proche de la réalité, même si l’on imagine mal un coopérateur, tout anonyme soit-il, se vanter d’une prise de risque importante compte tenu de la conjoncture des marchés de ces derniers mois. Cependant, 64 % des entreprises déclarent avoir une sensibilité au risque élevée, voire très élevée. Et celle-ci semble proportionnelle à la taille de l’entreprise puisque cette statistique passe à 90 % lorsqu’on s’intéresse aux sociétés réalisant plus de 500 M€ de chiffre d’affaires. A noter que cette sensibilité au risque du secteur agroalimentaire est supérieure à la moyenne des entreprises. Ceci peut s’expliquer par « l’exposition à des aléas opérationnels nombreux, sans doute liés à l’exercice d’activités autour du vivant ».

Dans le détail, le rapport rend compte de l’impact de la taille de l’entreprise concernée quant à l’importance de la prise de risque volontaire. En effet, selon Mazars, « certaines organisations au chiffre d’affaires inférieur à 150 M€ n’hésitent pas à déclarer un niveau de prise de risque plutôt conséquent ». Au-delà de 500 M€ de CA, les entreprises estiment le niveau de prise de risque moyen à 90 % de l’ensemble des risques, les 10 % restants étant constitués de prise de risque faible. Pour un chiffre d’affaires compris entre 150 et 500 M€, le niveau de risque moyen passe à 38 %, le niveau de risque faible à 56 %, et, surtout, pour 6 % des cas, il est considéré comme élevé. Ce risque élevé passe à 13,5 % pour les structures affichant un CA inférieur à 150 M€. Enfin, concernant les plus petites entreprises (moins de 50 M€ de CA), 10 % des risques pris sont considérés comme très élevés.

On peut donc conclure que plus les structures sont importantes, plus la culture est élevée et moins la prise de risque est élevée. Par effet miroir, plus la structure est petite, plus elle prend de risques.

Chiffrer le coût de la maîtrise des risques apparaît peu aisé étant donné « sa très forte inclusion dans l’ensemble des fonctions et projets de l’entreprise ». Toutefois, malgré cette difficulté d’appréciation, « une majorité d’entreprises affiche spontanément un coût de maîtrise des risques inférieur à 100 000 euros par an, et 33 % d’entre elles ne se prononcent pas ». Seules quatre sociétés estiment ces frais supérieurs à 1 M€. Des chiffres qui attestent de la difficulté de dresser une estimation précise du coût de la gestion des risques.

La contractualisation, rempart contre la volatilité

Pour les trois années à venir, 42 % des entreprises interrogées « confirment le caractère particulièrement sensible des risques liés aux achats d’approvisionnement d’une part et au développement durable d’autre part ». Concernant le premier, la volatilité des prix des matières premières est « identifiée comme un point d’attention par 77 % des entreprises interrogées, devant les problématiques liées à la disponibilité des approvisionnements (54 %) ou au coût de l’énergie (35 %) ». Maîtriser la volatilité des prix apparaît ainsi comme la première inquiétude des entreprises agroalimentaires. Pour y parvenir, les sociétés investissent dans les moyens humains. Sur l’ensemble des des firmes sondées, « 35 % déclarent s’appuyer sur les compétences d’une à deux personnes, cet effectif restant inférieur à cinq dans les trois quarts des cas ». La diversification des contrats est également citée pour se prévenir au maximum de l’impact négatif de la volatilité des prix. Ainsi, 58 % des entreprises considèrent la mise en place de contrats d’approvisionnement long terme comme « un moyen présentant une efficacité supérieure aux autres moyens de couverture, devant le recours à la diversification des sources d’approvisionnement cité par 52 % des entreprises ». La mise en place de contrats de vente indexés sur les prix des matières premières est quant à elle évoquée par 47 % des sociétés. On pourra toutefois s’étonner de la place accordée aux instruments financiers de couverture, considérés comme moins efficaces que les autres moyens proposés, sauf pour les structures affichant un CA supérieur à 500 M€.

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