Relations filières végétale / animale
L’AGPB et l’AGPM organisent un soutien ciblé à l’élevage
Une taxe volontaire sur les céréales est à l’étude pour aider les éleveurs.
L’INCAPACITÉ du secteur agricole à faire appliquer l’accord du 3 mai 2011, notamment en raison du manque de contrats interfilières, a fait bouger les lignes, en particulier du côté des syndicats majoritaires. L’AGPB et l’AGPM, ont ainsi proposé un plan d’action prévoyant la création d’un « fonds de solidarité structurel céréaliers/éleveurs ». Une solidarité relative puisque la gestion de ce fonds ne serait pas déléguée aux seules organisations de représentants des éleveurs. Ces efforts, suggerés par l’AGPB et l’AGPM, sont de plus assortis de demandes spécifiques. Largement opposées aux propositions des syndicats de producteurs majoritaires, la Coordination rurale et la Confédération paysanne ont également réfléchi à des solutions pour aider le secteur de la production animale.
« Des mesures à caractère structurel »
Les associations générales des producteurs de blé et de maïs ont annoncé, dans un communiqué du 30 août, qu’ils proposeraient la création d’un fonds de solidarité structurel céréaliers/éleveurs à leurs conseils d’administration qui se prononceront le 11 septembre. Ce fonds qui pourrait s’élever à 100 M€ « serait collecté au niveau des coopératives ou de négoce », selon Pierre-Olivier Drège, directeur général de l’AGPB. Cette contribution, dite volontaire, concernerait « l’ensemble des céréaliers français », mais n’aurait « pas de caractère obligatoire, puisque non réglementaire étant donné le caractère privé de l’initiative », explique ce dernier.
L’objectif de cette enveloppe serait de « conduire des actions de fond pour que les éleveurs résistent mieux à la volatilité ». Concrètement, il ne s’agirait pas de faire baisser le coût de l’aliment, mais « de mettre en place des actions vers certains éleveurs ou à la dimension d’une filière, explique Pierre-Olivier Dreges. Ces mesures auraient un caractère structurel et seraient destinées à améliorer la performance économique, la productivité ou apporter des solutions environnementales, à des structures d’élevage. » Enfin, la gestion de ce fonds, «qui ne sera que temporaire», ne reviendrait pas aux seules organisations d’éleveurs mais à trois pôles : les céréaliers représentés par l’AGPB et l’AGPM, les organisations syndicales d’éleveurs, la coopération, le négoce et les fabricants d’aliments du bétail, détaille le directeur de l’AGPB.
Par ailleurs, « pour leur premettre de prendre de tels engagements », l’AGPB et l’AGPM souhaitent « développer un système d’auto-assurance, lissant leurs revenus d’une année à l’autre en modifiant le mécanisme de dotation pour aléas ». Ils aspirent aussi à « des moyens de production indispensables à la régularité de la production qui permettent de produire plus avec moins d’impact ». Autre exigence, que « la réforme de la Pac 2014-‐2020 respecte la productivité et ne crée ni rupture dans sa mise en œuvre, ni distorsions avec nos partenaires européens ».
Jusqu’ici absente des débats, la Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop) prépare également des mesures pour aider les éleveurs, selon le syndicat. Elles seront présentées d’ici peu.
« La solidarité ne se monnaie pas » pour la CP
Les syndicats agricoles minoritaires ont vivement critiqué ce plan. Pour Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne (CP), l’initiative des syndicats majoritaires « ne propose rien pour stopper la hausse excessive des prix » et « dédouane l’état de la nécessité de lutter contre la hausse des prix des céréales ». Dans un communiqué du 31 août, la CP dénonce l’utilisation de ce fonds orientée par ceux qui collectent les contribution. Des solutions plus simples existent comme « une baisse des prix départ ferme, ou une taxe sur les exportations, seule mesure permettant d’endiguer la montée des prix des denrées pour alimenter un plan pour les éleveurs ». La CP rappelle aussi aux politiques « l’urgence de travailler à une mise sous tutelle des marchés à terme ». « La nécessité fait loi parfois », explique Philippe Collin, qui « ne souhaite pas que les céréaliers fassent les frais d’une éventuelle explosion sociale ». Et de conclure : « La question n’est pas de savoir si la distribution doit augmenter ses prix. Les cours des matières premières n’ont pas pour vocation d’atteindre des sommets. »
Du côté de l’Organisation des producteurs de grains, Nicolas Jacquet redoute « un détournement syndical de l’argent de ce fonds » qui lui « rappelle l’affaire Unigrains ». « Pourquoi faire compliqué lorsque l’on peut faire simple ? », s’interroge-t-il. Pour lui, il suffit de vendre les céréales en direct aux éleveurs pour que ces derniers gagnent la marge prise par les OS. « L’entraide peut se faire naturellement entre un producteur et son voisin éleveur », assure-t-il.