Meunerie
La RSE, facteur de compétitivité
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) facilite la mise en place d'une stratégie durable.

« L'écart de performance économique est en moyenne de 13 % entre les entreprises qui introduisent des pratiques RSE et celles qui ne le font pas », selon l'étude de France Stratégie parue en janvier. « Les écarts sont d'environ 5 % pour la relation client-fournisseur, de 8 % pour la certification environnementale, de 9 % pour les ressources humaines et de 20 % pour la dimension sociale », complète-t-elle. Pour les sociétés, la RSE est une démarche favorable pour combiner un management responsable et durable, tout en y incluant la notion de compétitivité.
Intérêt social, économique, et marketing
« La RSE est très structurante », insiste Nathalie Leprêtre, responsable Qualité et R&D chez Axiane Meunerie. Elle permet à l'entreprise de dresser un autodiagnostic de son implication sur les différentes thématiques de la RSE. La société pourra ainsi se positionner sur les points qu'elle souhaite améliorer à plus ou moins long terme. Axiane Meunerie s'est prêtée à l'exercice. Elle a détecté un besoin de formation pour ses salariés (5.389 h au total et 256 personnes sur 478 formées à la sécurité), lui permettant un gain de 5 % de son taux de satisfaction Clientèle sur un an.
En général, les moulins respectent déjà certaines “attentes” de la RSE sans en avoir forcément conscience. Par le biais de la RSE, ils pourront davantage organiser leur travail autour des sept questions centrales de l'Iso 26000 lui servant de base (cf. illustration), tout en y incluant des indicateurs afin de suivre l'évolution des résultats au cours du temps. Pour aider les meuniers à s'inscrire dans la démarche de la RSE, l'ANMF organise des réunions d'information depuis trois ans. L'association s'appuie sur les travaux de l'Ania avec son kit RSE Ania-Actia qui facilite la compréhension des étapes de l'autodiagnostic, et propose des exemples concrets d'améliorations.
Les moulins respectent déjà certaines “attentes” de la RSE sans en avoir forcément conscience.
Concernant les collaborateurs, ils se sentiraient « plus impliqués dans la politique de durabilité de l'entreprise », selon les meuniers utilisant la RSE. Cette démarche valoriserait le bien-être des salariés et participerait aussi à un investissement plus important de leur part, entraînant une meilleure compétitivité pour les entreprises. Autre intérêt de la RSE, pouvoir se différencier auprès de ses clients tout en faisant preuve de transparence sur ses résultats liés aux thématiques sociétales, ce qui concourrait à donner une image positive de la société et à anticiper les attentes des clients puis des consommateurs. « Nous sommes attentifs à ces signaux pour adapter nos politiques, tout en favorisant la force de proposition et l'innovation pour nos clients », expliquent les Moulins Soufflet.
Coût et cohérence de la RSE
En termes de coût, il est difficile de définir un prix global pour l'implantation d'une RSE dans une société. En effet tout dépendra de la taille de l'entreprise et de son activité mais surtout de l'état d'avancement de l'entreprise par rapport à la démarche. Pour les sociétés qui souhaiteraient évoluer vers l'Iso 26000, le montant de l'audit d'une société extérieure est un pre-mier paramètre à inclure dans un budget. En termes de compatibilité avec d'autres normes de management, « la RSE complète les certifications de nos systèmes qualité : Iso 22000 et GMP+ B2. Quant au CRC et le FSC, ce sont des actions engagées pour la RSE », assure le Moulin Paul Dupuis. « Elle est en parfaite cohérence avec les référentiels : Iso 9001, Iso 50001, Iso 22000 et IFS », indiquent pour leur part les Moulins Soufflet. « Les sociétés qui se sont tournées vers l'Iso 26000 ont pris de l'avance en anticipant des exigences présentes dans les révisions des nouvelles normes Iso 9001 : 2015 et 14001 : 2015 », précise Toufik Zakri, business developer RSE chez SGS. Aujourd'hui, les entreprises se tournent vers des managements intégrés liant les normes et les démarches qualité entre elles.
Les facteurs limitants
L'absence d'aide financière publique pour développer la RSE et son caractère non obligatoire pour l'ensemble des sociétés (cf. encadré) n'encouragent pas celles-ci à s'y intéresser. L'étude de France Stratégie va plus loin dans son analyse : « Une incitation financière n'aurait de sens qu'accompagnée d'une réelle modification de la stratégie des entreprises. (…) En revanche, lorsque les contraintes réglementaires sont combinées avec des pratiques volontaires, on observe un lien positif avec la performance. »
À l'échelle française, 60,4 % des entreprises de plus de 9 salariés déclarent ne pas connaître la RSE, selon France Stratégie. « Les PME cherchent plus à s'améliorer en termes de qualité Produit et sanitaire », précise Cécile Courtois-Viollet, ingénieur pédagogique de la licence professionnelle IDC du Cnam à Paris. Pour faciliter l'implantation et crédibiliser la RSE dans les PME, France Stratégie suggère une labellisation sectorielle et reconnue par l'État qui limiterait leur nombre sur le marché.
La RSE est confrontée à un autre problème de visibilité et de cohérence lié au caractère non certifiable de l'Iso 26000. Cela impacte directement les organismes d'audit qui n'utilisent ni le même guide ni le même système de notation pour évaluer la norme (“confirmé”, “exemplaire”, “progression”, “initial” pour l'Afnor Certification avec le guide Afaq 26000), ce qui complique la bonne compréhension pour les entreprises. Actuellement, les moulins utilisent la RSE comme un tableau de bord avant de s'orienter définitivement vers l'Iso 26000.
La RSE est la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu'elles exercent sur la société, selon la Commission européenne (2011). La démarche comprend notamment trois types de facteurs : environnement, social et gouvernance. Elle s'appuie sur des textes internationaux, dont la norme Iso 26000, organisée en sept questions centrales (cf. illustration). Notons que les sociétés de plus de 500 salariés et de plus de 100 M€ de chiffre d'affaires ont une obligation de rédiger un rapport RSE d'après l'article 225 du Grenelle 2. « L'intérêt de la démarche RSE : appuyer la pérennité, affirmer ses valeurs, mobiliser ses acteurs en interne, accéder à de nouveaux marchés », selon Bernadette Ruetsch de l'Afnor.