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OGM
La question du moratoire se pose

Le ministre de l’écologie, Alain Juppé, a évoqué la possibilité de suspendre la commercialisation du maïs Mon 810, à l’instar des autorités allemandes

DESACCORDS. Suivant l’exemple allemand, le nouveau ministre de l’écologie, Alain Juppé, n’exclut pas de décréter un moratoire sur le Mon 810, maïs génétiquement modifié de la firme américaine Monsanto. Les surfaces ensemencées avec cette variété représentent 30.000 ha en France.

Moratoire justifié par le manque de données sur l’impact environnemental

« L’Allemagne vient de suspendre l’autorisation du Mon 810. Dans ce cas précis, il faut s’inspirer du cas allemand », estime Alain Juppé dans une interview accordée au journal Le Parisien, et diffusée dans son édition du 25 mai. «On vient de découvrir que la sécrétion de la toxine qui est censée tuer l’insecte qui attaque le maïs se passe dans des conditions qui ne sont pas exactement celles qu’on attendait », poursuit-il. La ministre de l’Agriculture, Christine Lagarde, considère pour sa part qu’il faut « se donner le temps de la réflexion avant une décision » et ne pas se précipiter. Les deux membres du gouvernement devaient s’entretenir de la question lors du conseil des ministres, ce mercredi.

Considérant que le semencier américain ne fournissait pas suffisamment d’assurance sur l’innocuité du Mon 810, l’Office allemand pour la protection des consommateurs (BVL), en a interdit par décret la commercialisation dans le pays, le 27 avril dernier, comme l’y autorise une directive européenne. Le BVL déplorait notamment un manque d’information concernant les répercussions, dans la durée, de l’utilisation de ces semences génétiquement modifiées sur la biodiversité. Sa décision est motivée par des études, réalisées après l’autorisation de cette variété en 1998, concluant que « la culture de Mon 810 représente un danger pour l’environnement ». Le pays « rejoint donc l’Autriche et la Hongrie qui depuis des années fournissent des études scientifiques pour justifier leur moratoire » sur ce maïs, indique un communiqué des Amis de la Terre. Le gouvernement allemand conditionne la reprise des ventes de cet OGM « à la mise en place d’un plan d’observation » de son impact environnemental, a expliqué le porte-parole adjoint de l’office germanique, Johannes Klockenhoff. Ce dernier appuie son propos : « ce n’est pas une interdiction, mais une obligation » qui est infligée à Monsanto.

L’AGPM considère que ce moratoire serait dangereux pour l’Europe

Les déclarations du ministre de l’écologie n’ont, bien entendu, pas laissé le monde agricole de marbre, et les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Pour l’AGPM ce potentiel moratoire constitue un « danger» pour l’Europe, comme l’a qualifié son président, Christophe Terrain. « C’est une affaire politique, on n’est plus dans la rationalité. La rationalité devrait au contraire permettre d’accélérer le mouvement en faveur des organismes génétiquement modifiés car l’Europe va perdre sa compétitivité vis-à-vis des états-Unis ».

L’analyse de la Coordination rurale est, bien entendu, toute autre. Pour le syndicat « les producteurs français ne seront jamais compétitifs face aux USA. Leur intérêt est donc de bien différencier leur production, comme le font déjà les producteurs européens de viande bovine, qui ne traitent pas leurs animaux avec des hormones », considère-t-il dans un communiqué du 28 mai. La Coordination rurale déclare donc « apporter son soutien » à Alain Juppé et lui rappelle « la décision qu’il avait prise en février 1997, en liaison avec Corinne Lepage, de ne pas autoriser la culture d’un premier maïs OGM en France ». Le syndicat demande par ailleurs que « les agriculteurs ayant ensemencé en toute légalité des champs de maïs OGM soient intégralement indemnisés de la nécessaire destruction de leurs parcelles avant floraison des plantes ».

De son côté, Greenpeace s’interroge : le gouvernement « va-t-il donner la priorité au respect de l’environnement et au principe de précaution inscrit dans la constitution ou bien céder au lobby des gros producteurs agricoles et des multinationales de l’agrochimie ?» Pour l’organisation, ce dossier prendra une dimension emblématique. L’organisation dit en effet attendre « devant cette cacophonie gouvernementale et le désaveu des propos d’Alain Juppé par Christine Lagarde», «une décision qui fera figure de test de l’engagement écologiste du gouvernement ».

Nicolas Sarkozy ne s’était pas prononcé pour un moratoire sur les OGM pendant la campagne Présidentielle, contrairement ses deux principaux concurrents. Il avait cependant dit « ne pas accepter l’utilisation des OGM en l’état des connaissances scientifiques, mais de poursuivre la recherche et associer tous les partenaires à son contrôle et à son évaluation ».

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