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La possible relance du sorgho

Le retour du sorgho chez les Fab passe par la garantie de volumes suffisants

EN 2008, la culture du sorgho en France s’étendait sur 38.000 ha, essentiellement situés dans les bassins Sud-Ouest, Sud-Est et Poitou-Cha-rente, produisant quelque 240.000 t. Soit, par rapport à la précédente campagne, une baisse de 12.000 ha s’agissant de l’aire de production et de 17 % en terme de volume de récolte. Les utilisations intérieures sont bon an mal an de l’ordre de 110.000 t dont 90.000 par les fabricants d’aliments du bétail. L’exportation vers l’UE absorbe une part importante de la production, parfois supérieure à celle des fabricants d’aliments du bétail.

Des importations exceptionnelles lors de la flambée des céréales

En superficie comme en tonnage, le sorgho fait surtout figure d’appoint du maïs ou du tournesol grâce notamment à sa sobriété en eau. Or, la campagne céréalière 2006/2007 a apporté un véritable bouleversement à ce secteur, avec la faiblesse des récoltes céréalières mondiales entraînant une flambée des prix. Les utilisateurs européens de céréales fourragères se sont alors rabattus sur les approvisionnements extérieurs, notamment pour le maïs, mais aussi sur le sorgho. 5,2 Mt ont ainsi été importées dans l’Union Européenne, contre des chiffres très variables, allant de moins de 100.000 à 1,4 Mt les campagnes précédentes.

En ce qui concerne la France, ces importations ont atteint 620.000 t alors qu’elles ne dépassaient habituellement pas 10.000 t. Les incorporations par les fabricants d’aliments se sont hissées à 580.000 t.

Le sorgho a donc connu en 2006/2007, plus encore que les autres céréales, une situation d’exception, mais a bien vite retrouvé ses modestes bases. Cette crise céréalière aura au moins eu le mérite pour le sorgho de rappeler son potentiel pour l’industrie de l’alimentation animale. En tirera-t-il quelques profits dans les années à venir, effectuant un rétablissement après une régression régulière des surfaces depuis le début des années 2000 ? En tout cas, Arvalis Institut du végétal et Pro-Sorgho, association entre cinq sociétés semencières, considèrent que ce développement est possible. Sur le plan agronomique, il y a d’abord les faibles exigences de la plante en eau. Sur le plan économique, la rentabilité du sorgho a été démontrée en sec et en conditions d’irrigation réduites.

Une matière première bien acceptée dans les formules d’aliments

La baisse des surfaces ces dernières années s’explique en partie par les difficultés de désherbage. Mais l’apparition de nouveaux herbicides comme BOA, Cadeli ou Chardol, devraient réduire ce handicap. Enfin, les efforts des semenciers en collaboration avec Arvalis et en partenariat avec l’Inra et Le Cirad, permettent aux producteurs de disposer d’une gamme de variétés élargie, notamment en matière de précocité. Quant au débouché, il ne pose pas de problème majeur. A la suite des consommations records de 2006/2007, une enquête a été menée auprès de fabricants d’aliments du bétail et de firmes services qui ont démontré l’intérêt que portent ces professionnels au sorgho. Cependant, il est surtout utilisé en spot par les Fab en fonction de son prix par rapport aux au-tres céréales. Sur ce point, on peut situer le seuil de compétitivité du sorgho entre 5 et 10 €/t sous celui du prix du maïs.

Le sorgho est bien accepté dans les formulations (jusqu’à 20-30 % dans l’aliment porc et 10 % dans les spécialités volaille). L’un de ses handicaps aux yeux des transformateurs ? Les volumes immédiatement disponibles pour les approvisionnements spot, ce qui favorise l’importation, plus souple. Une offre plus abondante et plus régulière irait donc dans le sens de la demande des utilisateurs. Or, l’année 2009 se présente favorablement pour une relance de cette culture. Les dernières récoltes ont fourni des rendements encourageants et, surtout, les conditions climatiques l’automne dernier, aux semis d’hiver, vont entraîner des transferts vers les cultures de printemps, dont le sorgho.

Vers quel objectif peut tendre raisonnablement cette culture, qui, avec son 1,7 Mha et ses 15 Mt de production, ne vise pas la concurrence avec le maïs, mais simplement sa complémentarité dans les zones les moins favorables à ce dernier ? Selon Yvon Parayre, président de la commission sorgho de l’AGPB, le retour vers les 100.000 ha constituerait une superficie suffisante pour répondre aux volumes et la régularité d’approvisionnement que souhaitent les transformateurs. Ce serait aussi un encouragement aux semenciers, qui ont déjà fourni des efforts importants et efficaces pour cette culture.

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