La place de l’agriculture face à la croissance des besoins alimentaires
D’ici quelques décennies, l’humanité va être confrontée à plusieurs problèmes liés à l’alimentation : la croissance démographique importante, estimée à 9 milliards d’humains d’ici 2050, et les nouveaux bouleversements climatiques, rendant les productions intensives difficiles. Des changements sont donc à prévoir, chez les agriculteurs comme chez les consommateurs.
Alimentation et démographie
La croissance démographique implique une augmentation de la consommation alimentaire de 2 % par an. Ceci a une influence sur les besoins nutritionnels de l’humanité et par là même, sur la disponibilité de certaines ressources alimentaires. Cette explosion démographique entraîne également une forte croissance économique de pays très peuplés se traduisant par une augmentation du pouvoir d’achat des habitants et modifiant ainsi leurs habitudes alimentaires.
Nourrir la future population mondiale semble relever du défi. Si en effet, les stocks mondiaux de blé assuraient quatre mois de consommation mondiale en 1990, ils n’en assuraient plus que trois en 2002... Qu’en sera-t-il en 2050 ? Alors que tous les ans, 50 millions d’agriculteurs arrêtent leur profession faute de gain, que restera-t-il des 1,35 milliard encore en activité, dont plus des trois quarts travaillent encore avec des outils manuels ? L’agriculture mondiale semble devenir de plus en plus intensive, permettant à des pays comme le Brésil ou les Etat-Unis d’être facilement leaders du marché grâce à leurs grands espaces, tandis que des pays, comme ceux d’Afrique, se voient, avec le temps, contraints d’abandonner leur pratique. Cette expansion dangereuse pour l’environnement est également une des problématiques du futur. Comment produire plus tout en essayant de polluer moins ? Le réchauffement climatique entraîne des désordres météorologiques, rendant certaines terres, déjà arides, encore plus difficiles à cultiver, mais forme également de nouvelles variétés de nuisibles (insectes, champignons...) plus nombreux et résistants, qui affectent les variétés de blé existantes. La biotechnologie végétale peut avoir un rôle important, par la création de nouvelles sortes de blé, pour pallier à ce problème.
Le blé, une denrée ancestrale au futur incertain
Le blé a constitué et constituera toujours un des principaux produits de bases de l’alimentation mondiale. Il nourrit l’humanité mais sert aussi à nourrir le bétail et, depuis peu, à fabriquer de nouveaux carburants. Les recherches sur le blé sont donc toujours en cours pour, par exemple, augmenter la résistance face aux mauvaises conditions climatiques, aux insectes et pathogènes, ou encore faire face à l’attaque des tiges de blé par la souche de champignon Ug99. Parallèlement, les informations sur le comportement des anciennes variétés face au stress hydrique sont, à nouveau, étudiées.
Des recherches sur le caractère nutritionnel sont menées à partir du patrimoine génétique ancien mais aussi par la recherche génétique. Cette diversité créatrice ne se fait pas sans le regard nécessaire sur nos réactions (intolérance, allergie) par rapport à une alimentation qui change progressivement. Le gluten en est un exemple.
De multiples solutions pour l’avenir
Pour supprimer la malnutrition et la faim, il faudrait selon les experts, augmenter la production agricole mondiale de 30 %. L’innovation et la recherche seront certainement les clés permettant de relever ce triple défi de l’alimentation, de l’énergie et du climat. Toutes les disciplines doivent être sollicitées : biologie moléculaire, écologie (du gène à la plante, de la plante aux territoires,…). Entre productivité agricole et production biologique, existent de vastes possibilités. Dans le même temps, une traque au gâchis entre le champs et la fourchette doit s’organiser. Plusieurs pistes sont à étudier : diminuer les calories totales consommées dans les pays développés ; réinvestir massivement dans l’agriculture vivrière à haute densité environnementale ; développer de nouvelles espèces et variétés mieux adaptées aux fluctuations climatiques ; insister sur l’importance des échanges mondiaux pour assurer l’adéquation entre l’offre et la demande alimentaire à l’échelle planétaire ; utiliser à bon escient les biotechnologies pour développer de nouvelles variétés mieux adaptées au manque d’eau ou en mesure de mieux utiliser les eaux saumâtres…
Demain, il faudra non seulement produire plus mais aussi mieux, dans un meilleur respect de l’environnement notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de préservation de la biodiversité et de protection de la ressource eau. La solution ne sera pas unique. Elle sera multiforme, nécessairement adaptée aux conditions locales aussi bien en termes d’écosystèmes que d’organisations des acteurs.