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Filière ovine
La nutrition, levier de progression

L'Aftaa a dédié une journée à la filière ovine, notamment aux impacts de la nutrition sur la production de viande d'agneau et de lait de brebis. Les ovins ne sont pas de petits bovins et exigent donc une approche nutritionnelle spécifique.

« La production d'aliments composés pour ovins a enregistré une croissance de 5,38 % en 2015 à 397.100 t après +1,9 % en 2014, au plus haut depuis cinq ans. Mais pour la viande ovine, le constat est cruel et l'urgence réelle », alertait Marie Carlier de l'Idele lors de la journée ovine Aftaa qui se tenait à Toulouse le 2 mars. La consommation de viande ovine calculée par bilan se contracte de 4 % et les achats des ménages (relevés par le panel Kantar, donc“ hors RHD) reculent de quasiment 9 % en 2015. Le cheptel ovin reproducteur français continue dans le même temps sa décroissance avec 5,37 millions de brebis et d'agnelles saillies fin 2015, en baisse de 4 % sur l'année précédente. La chute est bien plus sensible dans le cheptel allaitant (-2,7 % à 3,8 millions de têtes) que chez les brebis laitières (-0,2 % à 1,57 M têtes). Les abattages se stabilisent toutefois malgré l'érosion du cheptel reproducteur, notamment sous l'effet de la progression du poids des carcasses, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour l'aval. En effet, les demandes des consommateurs d'agneaux sont précises et exigent des animaux jeunes donc pas trop lourds : peu de gras superficiel, gras ferme et clair, viande rosée, etc., comme l'explique Coralie Chaumeny de SVA Jean Rozé (groupe Agromousquetaires) qui en commercialise 5.700 t/an (285.000 agneaux en 2015). « Il y a dix ans la majorité des carcasses que nous commercialisions étaient de l'im-port. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée en faveur de l'agneau français (…), la difficulté principale étant de remplacer des carcasses triées par une gestion d'abattage d'agneaux vifs. » Les chefs bouchers exigent en effet une régularité de l'approvisionnement et de la qualité. Ils veulent des carcasses cirées avec peu de gras de couverture, sans défaut en matière de couleur de viande, de teinte et de tenue de gras (gras blanc et ferme) et, bien sûr, un bon rendement viande (8085 %). Or, parmi  les facteurs influençant l'état d'engraissement, l'alimentation des brebis en fin de gestation et durant la lactation ainsi que les aliments après sevrage sont primordiaux. « Pour ces derniers, l'objectif est de 0,85 à 1 UFV avec un taux de MAT de 16 à 18 %, précise la spécialiste. Il faut si possible rationner les concentrés pour les agneaux, surtout les femelles qui font beaucoup plus vite du gras, et vérifier la consommation de fourrage afin d'apporter de la fibre. »

Le maïs ne colore pas les gras

Même constat de l'influence de l'alimentation chez Unicor (Aveyron), qui est l'un des plus gros engraisseurs d'ovins (216.000 en 2015) et l'une des deux organisations de production, avec Arterris, engagées dans le projet de relance de la production et de la consommation intitulé Oviboost. Un agneau arrive à l'engraissement à 14,5 kg (1 mois) et sort à 36,5 kg en ayant consommé 83 kg d'aliments (Indice de consommation : 3,63 en moyenne). Dans le cadre de la reconquête ovine, Jean-Pierre Camberfort, responsable Ovin chez Uni-cor, a étudié l'origine des gras colorés et les solutions techniques : « Certains facteurs n'ont pas d'influence sur les gras colorés, contrairement à ce qui se dit encore : les conditions de réfrigération en abattoir, la nature de la source de protéines, du fourrage ou des céréales même si l'avoine apporte une amélioration modeste, le maïs notamment ne produit pas de gras jaune. En revanche, nous avons des solutions comme le rationnement du concentré en finition. Cela réduit de 15 à 20 % la proportion de carcasses à problème. Il faut aussi distribuer des céréales entières car leur broyage ou leur aplatissage favorise l'apparition des défauts. Enfin, l'incorporation de pulpes de betterave dimi-nue de 10 à 15 % la proportion de carcasses à défaut ».

Encore peu d'aliments d'allaitement

Il reste de vrais leviers de productivité, tant dans la conduite à l'herbe et sur dérobés que dans des solutions plus industrielles. Ainsi, « si les aliments d'allaitement sont désormais une réalité largement partagée dans les élevages bovins, ils peinent encore à s'implanter en ovins », explique Aline Multon (Lactalis Feed). Pourtant, l'allaitement artificiel précoce permet, selon elle, d'accélérer le rythme de production avec, d'une part, trois agnelages en deux ans et donc une lutte à contre saison afin de fournir les marchés toute l'année. Et, d'autre part, un agnelage précoce des agnelles avec une lutte dès 7 mois.

Une dynamique différente en brebis laitières

Le secteur des brebis laitières est différent de la production de viande, tant dans sa localisation (trois bassins principaux : Roquefort, Pyrénées-Atlantiques, Corse) que dans sa dynamique. Outre les fromages traditionnels AOP, de nouveaux produits séduisent les consommateurs : fromages frais ou en saumure, yaourts et desserts voire incorporation de lait de brebis à des crèmes-desserts au lait de vache pour son onctuosité. Ces fabrications sont pour partie assurées par des éleveurs dits du “quatrième bassin”, c'est-à-dire hors des trois zones principales. La collecte de lait française est stable et la production fromagère progresse (+8 % en Roquefort, +4 % en Ossau-Iraty) sans compter le succès commercial de marques comme Le petit basque (groupe Sill) qui transforme désormais 6,5 Ml/an de lait de brebis.

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