Aller au contenu principal

Spécial Nutrition animale
« La marge de progrès en génétique est très importante » en protéagineux

La Dépêche-Le Petit Meunier : Comment expliquer le recul du pois en France ?
Matthieu Floriot :
D’une part, la pression de l’Aphanomyces euteiches a écarté le pois de certaines parcelles. D’autre part, la baisse des rendements observée ces quinze dernières années est souvent associée à la génétique. Ce n’est pas si évident. Divers éléments peuvent expliquer cette baisse et l’instabilité des rendements : répétition des incidents climatiques, augmentation des prix du blé, déplacement des cultures de pois vers des terres moins favorables… Enfin, une recherche et des homologations de produits phytosanitaires, moins soutenues que sur les autres grandes cultures, ont participé à l’instabilité des rendements.

LD-LPM : Quelle est la situation de la recherche protéagineuse et que peuvent espérer les agriculteurs ?
M. F. :
Les programmes de sélection sont, au vu des surfaces de pois cultivées, assez nombreux en France, qui reste leader sur ce segment au niveau européen : 5 en pois de printemps et autant en pois d’hiver. Quatre programmes de sélection européens (dont 2 en France, Agri Obtentions et l’Inra) alimentent l’essentiel de l’offre en variétés de féverole (hiver et printemps). En pois de printemps, la sélection a beaucoup progressé sur la résistance à la verse et le rendement, même si les à-coups climatiques masquent ces avancées. Nous travaillons donc sur la tolérance au stress hydrique et à l’Aphanomyces pour stabiliser les rendements. La problématique des stress hydrique et thermique est également majeure pour la féverole de printemps. C’est pourquoi nous misons beaucoup sur les variétés d’hiver, semées plus tôt et bénéficiant de conditions plus favorables qu’en cultures de printemps. Ainsi, nous portons plutôt nos efforts sur la résistance au froid, à la verse et aux maladies. Par ailleurs, et cet élément est très important, la recherche variétale moderne sur les pois et les féveroles est encore jeune et n’a pas fait l’objet de moyens aussi importants qu’en céréales ou en soja. Les marges de progression, d’un point de vue génétique, sont donc très importantes, surtout sur les types Hiver.

LD-LPM : Quel est l’intérêt de ces cultures pour le producteur et l’aval ?
M. F. :
Pour l’agriculteur, la culture du pois ne demande pas d’apport en azote et permet d’économiser jusqu’à 30 unités/ha pour le blé suivant. De même, la féverole est un excellent précédent pour les céréales et est très adaptée aux systèmes de culture à bas intrants. Intégrer une nouvelle espèce permet aussi de mieux maîtriser les maladies, adventices et ravageurs des autres cultures à l’échelle de la rotation. L’impact de la diversification des cultures sur la faune, notamment les pollinisateurs, est probablement positif. Il y a donc un gain économique et écologique non négligeable, mais qui reste difficile à évaluer. Pour la nutrition animale, le pois, qui présente une teneur en protéines de l’ordre de 21-23 %, est largement utilisé et entre facilement dans les rations des porcs, notamment. La féverole, dont la teneur en protéines atteint 30%, est adaptée à l’alimentation des volailles (principalement les variétés sans tanins et à faible teneur en vicine-convicine). Mais au delà des avancées de la recherche sur la qualité, ce qui importera sera aussi la régularité des disponibilités de ces matières premières, qui reste un facteur déterminant pour la nutrition animale.

Les plus lus

Champ de blé tendre.
Moisson 2025 : l'espoir renaît pour les cultures d'hiver malgré des contrastes régionaux

Des moissons d’orges qui démarrent, suivies dans une quinzaine de jours par la récolte des blés, des colzas prometteurs, mais…

Canal Seine-Nord Europe : les travaux vont entraîner la fermeture du canal du Nord pendant de nombreux mois

Outre le problème du financement et de la construction des plateformes multimodales, la construction du canal Seine-Nord…

pain avec logo filière CRC
Meunerie : Auchan se désengage de la filière CRC

Le groupe Auchan, qui utilisait de la farine CRC dans ses ateliers de boulangerie-viennoiserie-pâtisserie depuis 2018, a…

Une moissonneuse batteuse en action pour la moisson 2025 dans un champ de blé avec les drapeaux de l'Ukraine et de l'UE en arrière plan.
Droits de douanes sur le blé ukrainien : quel effet pour le blé français ?

Depuis le 6 juin 2025, l’Union européenne a rétabli des quotas et des droits de douane sur les importations de céréales…

À gauche, un agriculteur français observe des épis de blé dans un champ où flotte le drapeau tricolore ; à droite, un cargo est en cours de chargement de céréales au port.
Exportations céréalières : « L'origine française connaît un regain d’intérêt sur cette deuxième partie de campagne »

À l’issue de son conseil spécialisé du 18 juin, FranceAgriMer a fait le point sur la situation des marchés céréaliers, lors d’…

culture de maïs sur fond de ciel bleu nuageux.
Moisson 2025 : une semaine décisive pour le potentiel de production des cultures de printemps

Pois, féveroles, orges, maïs, tournesols… Les cultures de printemps tiennent bon, mais les fortes températures inquiètent.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne