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Marchés céréaliers
La France doit gérer l’abondance

La baisse des prix a dynamisé les échanges mondiaux. A 8,5 Mt, l’OniGC a relevé de 0,5 Mt les prévisions d’exportation de blé tendre sur pays tiers

PARMI LES ajustements apportés par l’OniGC, le 8 octobre, à ses bilans prévisionnels de septembre (voir notre dernier numéro), un des plus significatifs concerne l’augmentation des projections concernant les exportations de blé tendre à destination des pays tiers. La progression des utilisations de maïs par les fabricants d’aliments du bétail est également à souligner.

Une activité d’exportation dynamique pour les blés tendres européens

Pour le blé tendre, le Conseil spécialisé céréales de l’Office des grandes cultures fixe un objectif d’exportations sur pays tiers de 8,5 Mt et maintient celui des ventes à nos partenaires européens à 7,3 Mt. Lors de sa réunion de septembre, le Conseil avait misé sur un débouché pays tiers de 8 Mt. Cela paraissait ambitieux, mais au vu de la cadence d’attribution de certificats d’exportation depuis le début de la campagne, les 500.000 t supplémentaires ne sont pas, a priori, utopiques.

Car la chute du prix des céréales a dopé le commerce mondial constate l’OniGC. Pour ce qui est de l’Union européenne, les tirages de certificats d’exportation de blé au 7 octobre atteignent depuis le début de la campagne, 6,6 Mt dont 2,4 pour la France. C’est pratiquement trois fois plus que l’an dernier à la même époque pour l’Union et deux fois plus “seulement” pour la France. En effet, les exportateurs français ne seront pas les seuls Européens sur le marché international cette campagne. Les Allemands sont déjà bien placés pour les blés haut de gamme tandis que la Bulgarie, la Hongrie et la Roumanie, quasi absentes la dernière campagne, ont tiré 1,3 Mt depuis le début de celle-ci. Mais la grosse concurrence viendra surtout de l’origine Mer noire. Tout est maintenant affaire de compétitivité. Les blés français, et européens, bénéficient du redressement du dollar face à l’euro –argument qui s’est d’ailleurs effrité depuis le début de la semaine– En revanche l’avantage du moindre coût de transport vers les marchés traditionnels de proximité, notamment le Maghreb, qu’offrait le prix du fret, disparaît avec la chute des coûts d’affrêtement. Pour remplir le programme souhaité par l’Office, il faudra viser au-delà de ces débouchés fidèles, qui nous ont déjà beaucoup acheté.

Assurer la régulation du marché

Même si l’objectif d’exportation est atteint, le stock de report resterait considérable, de l’ordre de 4 Mt, le plus élevé depuis la campagne 2004/2005. La perspective d’un tel report remet à l’ordre du jour le dossier de la gestion du marché, en particulier le maintien d’un système d’intervention classique, non restrictif et automatique. La proposition de la Commission d’instaurer un mécanisme d’adjudication n’est plus de mise avec la chute des prix. Un repli qui a entraîné les cours de toutes les céréales bien en deça des 180 % du prix d’intervention, niveau à partir duquel les droits de douane à l’importation devraient être rétablis.

L’impact de l’augmentation de l’objectif d’exportation sur la prévision de stock de report se trouve en grande partie annihilée dans le bilan prévisionnel par la perspective d’une diminution des incorporations de blé dans l’alimentation animale. Celles-ci sont en effet ramenées de 6 Mt à 5,6 Mt .

Le maïs européen retrouve ses marques

Le maïs récupérerait 300.000 t des 400.000 t perdues par le blé ce qui l’aiderait à alléger son stock de report. Mais c’est surtout par la forte réduction du niveau exceptionnellement élevé des importations en 2007/2008, à 900.000 t, que ce secteur enregistrerait un stock de report confortable. Celui-ci serait d’ailleurs moins surabondant que la prévision de septembre (2,18 Mt contre 2,6 Mt). Par ailleurs, les ventes à l’UE retrouveraient un bon rythme, le maïs sud-américain n’apparaissant pas nécessaire à l’approvisionnement d’un marché européen disposant cette année d’un fort potentiel de production. Mieux, les exportateurs français peuvent envisager de sortir 300.000 t vers les pays tiers. Les demandes de certificats d’importation de maïs dans l’UE sont actuellement sans commune mesure avec celle de l’an dernier à la même époque. Quant au prix du maïs, ils sont très concurrentiels en ce début de campagne par rapport à ceux du blé pour la nutrition animale.

Un potentiel d’exportation de 4,95 Mt en orge

Avec plus de 12 Mt, la récolte française d’orge établirait un record. Les projections d’utilisations intérieures sont bonnes, avec 1,6 Mt pour l’alimentation animale, mais aussi à l’exportation. L’OniGC compte sur 3,3 Mt à destination de l’UE et une belle ouverture, de 1,65 Mt, vers les pays tiers. Malgré la concurrence ukrainienne, le niveau actuel des demandes de certificats d’exportation est encourageant : 1,8 Mt pour l’UE à 27, dont 500.000 t pour la France Néanmoins, même sur ces bases, le stock de report d’orge serait le plus important de ces 5 dernières années à 1,8 Mt.

Le blé dur ne manquera pas non plus, la récolte étant particulièrement élevée : 2,2 Mt, soit 10 % de plus que l’an passé. Les utilisations intérieures par la semoulerie étant quasi immuables, c’est dans l’exportation que réside l’espoir de soulager les disponibilités. Or, les prévisions de ventes à l’UE ont été augmentées de 50.000 t, mais celles aux pays tiers abaissées 150.000 t. D’où un stock de report de 375.000 t, 55 % de plus que lors de la dernière campagne. Là encore, il faudra gérer l’abondance.

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