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Suiveurs de tendances
« La force de la tendance décide de notre investissement »

La Dépêche-Le Petit Meunier : Qu’est ce qu’un suiveur de tendance ?

Marc Tavakolian, directeur général Superfund France, suiveur de tendance intervenant entre autres sur les marchés des matières premières agricoles :
Deux grands types de gestion existent dans le domaine financier : la gestion traditionnelle et la gestion alternative. La première gère des portefeuilles d’actifs traditionnels comme les actions ou les obligations. La gestion alternative, plus communément regroupée sous le terme Hedge Funds, utilise un plus large panel de véhicules d’investissement (contrats à terme, options, dérivés). Les suiveurs de tendance appartiennent à cette famille. Ce type de fond n’essaie pas de prévoir ce qu’il va se passer sur les marchés, mais réagit aux évolutions des cours, à la hausse ou à la baisse. Nous pouvons ainsi tirer parti de la baisse des cours. L’investissement est décidé en fonction de la “force” de la tendance, déterminée à l’aide d’indicateurs techniques ne prenant en compte que le « prix » de l’actif observé.  Sans tendance stable, pas d’investissement. Dernier point, le timing est moins crucial pour un suiveur de tendance, contrairement aux fonds d’investissement traditionnels qui interviennent souvent sur le marché spot, car son investissement court sur une plus longue durée.

LDLPM : Quelles sont les particularités de Superfund ?

MT :
Superfund intervient sur le moyen-long terme, c’est à dire sur une période de quatre semaines à plus de six mois. Autre particularité, nous agissons uniquement sur des contrats futures, en tant que CTA (Commodities Trading Advisor). De ce fait nous devons nous enregistrer auprès du CFTC (Commodities Future Trading Commission). Nous travaillons sur 150 sous-jacents à la fois, instruments financiers et matières premières différentes. La dernière spécificité concerne notre fonctionnement. Il est à 100 % géré par un système/logiciel, ce qui est d’ailleurs souvent le cas des CTA qui ont un grand nombre de marchés à surveiller. Il n’y a donc pas d’émotion qui intervient sur la gestion, comme la peur de la perte ou l’appât du gain, ce qui limite en partie les risques de pertes. Un tel fonctionnement peut cependant exister également chez les investisseurs traditionnels. Notre logiciel décide d’investir si quinze critères (par sous-jacent) sont au vert. Par exemple, le critère RSI (Relative Strengh Index) donne la force de la tendance. Si ce critère est supérieur à 70, cela signifie que le sous-jacent est suracheté. Donc son prix risque de baisser. Nous investissons seulement lorsque les indicateurs techniques indiquent qu’il existe une probabilité de bénéfices.

LDLPM : Quelle part représentent les matières premières dans votre activité ?

MT :
Les commodities (métaux, énergie, matières premières agricoles…) représentent 45 % de notre activité, et les instruments financiers (devises, actions…) 55 %. Ce pourcentage a peu évolué depuis la création de Superfund en 1995, même lors de la forte hausse des prix sur les matières premières. Notre gestion systématique des risques empêche automatiquement une surexposition à un sous-jacent (1 % du fond maximum) et à une famille de sous-jacents (8 % du fond au max). Nous sommes actifs à la fois sur Euronext et le CBOT, en fonction de ce qu’il s’y passe. Nos clients sont des investisseurs privés, et/ou institutionnels (gestion privée, banques,…). Pour l’instant, notre activité n’est pas utilisée en tant que moyen de couverture par les intervenants des marchés des matières premières. Mais nous avons initié une démarche d’information avec Finance Agri pour se faire connaître.

LDLPM : Vous dites ne pas considérer être responsable de la hausse des cours. Comment justifiez-vous ce fait ?

MT :
En 2008, l’ensemble des marchés à termes mondiaux a représenté 19.000 Md$, d’après le BIS ( Bank for International Settlements). Quelque 206,4 Md$ (source Barclays Hedge) étaient aux mains des suiveurs de tendance (CTA), soit 1,06 % seulement du total  des marchés à terme! Nous n’avons donc qu’un poids limité sur la
direction d’un sous-jacent.
Si les fondamentaux sont contre nous, on ne tiendra pas le marché. Nous pouvons participer à la variation des cours, mais sans amplifier les tendances et il est impossible que nous décidions de leur direction.

LDLPM : Quel a été l’impact de la crise 2008 sur votre activité ?

MT :
Les fonds ont très bien fonctionné à cette période, car les tendances étaient très marquées sur de nombreux marchés.
Du coup, les rachats de parts ont été importants à la fin 2008. Ce qui a signifié moins d’actifs sous gestion, mais la situation est pratiquement revenue à la normale depuis mars 2009.

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