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La fin de l'accord de Shengen, un cauchemar pour l'industrie agroalimentaire

La possibilité de la disparition de l'espace Schengen constituerait une question « extrêmement préoccupante » pour le secteur de l'alimentation de l'UE, notamment concernant les coûts supplémentaires et les retards de livraison.

« La réintroduction permanente des contrôles des personnes aux frontières internes de l'UE entraînerait un impact négatif notable sur les économies nationales de l'UE », estime FoodDrinkEurope (FDE), le porte-voix de l'industrie agroalimentaire de l'UE, à la lecture des résultats d'une étude de l'institut Prognos pour la fondation allemande Bertelsmann. La perte de temps résultant de contrôles aux frontières appliqués à la circulation des mar-chandises déclencherait de son côté « une série d'effets économiques complexes, dont l'impact serait différent en fonction des pays ». Rappelant que diverses analyses estiment qu'une telle fermeture des frontières se traduirait par des coûts variant entre 500 millions d'euros et plus de 1.400 milliards d'euros au cours des dix prochaines années, les responsables de FDE affirment que « les marchandises seraient de nouveau soumises à des contrôles aux frontières, ce qui entraînerait des retards pour les transporteurs, lesquels retards se traduiraient, à leur tour, par des dépenses supplémentaires qui, au bout du compte, seraient partiellement couvertes par le consommateur final ». Selon eux, cette situation aurait évidemment « des conséquences graves sur l'ensem-ble de l'UE où la croissance est faible et où le chômage, notamment des jeunes, est important ». Résultat : la diminution des échanges commerciaux aurait inévitablement un impact négatif sur le PIB des différentes régions d'Europe.

Forte augmentation des prix à l'importation

Aux yeux des opérateurs industriels européens, si le marché unique n'est pas parfait et n'est pas encore complètement achevé, il n'en demeure pas moins que son existence « a permis des échanges qui soutiennent les économies nationales » et qui renforcent les filières de l'alimentation et des boissons, « le plus grand secteur de fabrication et le plus important fournisseur d'emplois dans l'économie européenne ». Leur conclusion : « Une éventuelle éli-mination de l'accord de Schengen porterait un coup dramatique à l'UE. »

La fin de l'espace Schengen se solderait par un coût de 244 Md€ pour la France.

La réintroduction des contrôles aux frontières en Europe, un scénario de plus en plus probable sur fond de crise des réfugiés sur le continent, se traduirait par « des hausses massives de coûts et de prix », selon cette étude. Selon le pire scénario envisagé, la réintroduction des contrôles aux frontières intérieures de l'UE ferait monter les prix à l'import de 3 % au maximum. La disparition de l'espace Schengen se solderait par un coût de 244 Md€ pour la France et de 235 Md€ pour l'Allemagne, sur la période 2016/2025. Au minimum, si l'on estime que les prix à l'import n'augmentent que de 1 %, l'étude montre que l'éclatement de l'espace Schengen coûterait à l'UE dans les 470 Md€ durant les dix années à venir.

Un espace commun de circulation pour 26 pays

L'espace Schengen a été mis en place en 1985 et regroupe 26 pays, dont 22 membres de l'UE* , et plus de 400 millions de personnes. Appartenir à cet espace signifie pour ces pays qu'ils ne pratiquent aucun contrôle à leurs frontières intérieures (c'est-à-dire les frontières entre deux États Schengen), aussi bien pour les personnes que pour les marchandises, qu'ils procèdent à des contrôles harmonisés – selon des critères clairement définis – à leurs frontières extérieures (c'est-à-dire les frontières entre un État Schengen et un État ne faisant pas partie de l'espace Schengen). En conséquence, les citoyens de l'UE et les ressortissants de pays tiers peuvent voyager librement à l'intérieur de l'espace Schengen. Ils ne subissent des contrôles que lorsqu'ils franchissent les frontières extérieures de l'UE. La Bulgarie, l'Irlande, la Croatie, Chypre, la Roumanie et le Royaume-Uni sont des États membres de l'UE mais ils ne font pas partie de l'espace Schengen. Ce système de libre-circulation est soumis depuis un an et demi à de dures pressions, avec l'afflux de migrants sur le vieux continent.

* Belgique, Tchéquie, Danemark, Allemagne, Estonie, Grèce, Espagne, France, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Hongrie, Malte, Pays-Bas, Autriche, Pologne, Portugal, Slovénie, Slovaquie, Finlande, Suède, ainsi que l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

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