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la filière se mobilise en force et se veut agressive

La filière blé dur s’est réunie au grand complet à Marseille pour son 3e colloque scientifique et technique, où elle a voulu montrer sa cohésion et son volontarisme.

LA CITÉ PHOCÉENNE avait presque des airs de printemps les 20 et 21 janvier derniers, avec une température proche des 15 C° et un soleil radieux. Si l’ambiance fut chaleureuse également lors de ces deux journées de débats, conférences et tables-rondes, on ne peut pas dire que le moral des producteurs soit au beau fixe…

Avec des prix jugés trop bas pour maintenir un bilan positif ou du moins intéressant pour lui, le producteur doit faire face à un marché mondial très concurrentiel, et la bonne tenue de l’euro n’est pas là pour arranger les choses. Le courroux des producteurs de blé dur présents en masse à Marseille (près de 600 participants au colloque) a été ravivé par ailleurs après l’intervention de M. Riescher, directeur général marketing de Panzani, qui a conclu son intervention en parlant du «juste prix» qui devait, selon lui, avoir cours… Vive réaction des céréaliers qui ont fustigé cette dénomination de «juste prix» faisant par la même imploser la notion de filière, si importante pourtant pour cette production. Et c’est Jean-François Gleizes, président du Comité de pilotage de la filière blé dur (cf. notre “Sur le Vif” du 20 janvier), qui s’est chargé d’éteindre l’incendie en précisant que «l’un des objectifs de la filière est d’avoir une demande en progression et ne pas tirer vers le juste prix, mais vers le prix le plus haut». Comme si cela ne suffisait pas, ce fut M. Chiron (Alpina Savoie) qui en remit une couche en précisant que «si vous ne faites pas des blés durs de bonne qualité, vous ne les vendrez pas» !

Un marché mondial exigeant

Si les consommateurs français deviennent de plus en plus exigeants sur la qualité des produits, il en est de même de nos principaux clients internationaux. L’exigence de qualité, et à bon prix, est de plus en plus récurrente et le blé dur français doit faire face à des concurrents multiples, comme l’a démontré Jean-Philippe Everling de Granit. Sur notre propre territoire, nous devons déjà faire face aux blés durs canadiens, qui viennent aussi nous faire de l’ombre sur les marchés du nord de l’UE ou du Maroc. Le Canada dispose de volumes importants avec une qualité homogène, une logistique efficace et une gestion par “board” agressive.

Sur le nord de l’UE, nous devons également faire face aux marchandises venues d’Espagne, même si la filière ibérique n’est pas très organisée, des Etats-Unis qui viennent sur le marché UE et du Maghreb, avec des blés standards de qualité comparable aux canadiens.

Le point d’interrogation italien

Sans oublier bien sûr l’Italie, une concurrente directe aussi sur le Maghreb, notamment par la Sicile, mais qui l’est plutôt sur son propre marché intérieur. Seul bémol, la qualité de sa production irrégulière, raison pour laquelle les utilisateurs transalpins recherchent chez nous couleur et protéines. A ne pas négliger non plus pour M. Everling, des pays «émergents et à surveiller» sur le marché mondial comme le Kazakhstan — même si le coût de transport est pour l’instant rédhibitoire sur la Méditerranée— ou encore la Turquie, second producteur mondial de blé dur, qui pourrait être éventuellement excédentaire et pour lequel il «faudra surveiller ses conditions d’adhésion à l’Union européenne». Enfin, ne pas négliger l’Australie, «le Canada de l’hémisphère sud», selon Jean-Philippe Everling. Ou encore la Syrie et le Mexique qui cumulent chaque année 100 à 200.000 tonnes de marchandises à l’export.

Par ailleurs, la nouvelle Pac et l’acceptation du découplage par l’Italie pose une vraie question. Les producteurs pourraient se détourner massivement de cette culture et nos voisins transalpins devraient voir les surfaces de blé dur reculer de 20 à 30 % en 2006, ce qui représente une nouvelle opportunité.

Mais pour cela, la filière blé dur française se doit de faire face aux enjeux de ce début de XXIe siècle. Pour ce faire, Jean-François Gleizes a annoncé à Marseille une série d’objectifs à atteindre. En premier lieu, faire en sorte de répondre aux spécificités régionales en intégrant de nouvelles approches techniques et former les agriculteurs et les techniciens pour une meilleure maîtrise et un accompagnement efficace des volumes produits. Le but est de fournir le marché intérieur et export avec des marchandises de qualité, en améliorant la lisibilité de l’offre, en étant plus à l’écoute des besoins des clients et en réactivant une politique logistique sur la Méditerranée.

Enfin, le dernier objectif est d’organiser ni plus ni moins, «un lobbying blé dur» au sein du Comité de pilotage de la filière, en créant des groupes de travail ad hoc (Comité de liaison, GIE blé dur, Arvalis, AGPB) «et d’écrire nos propositions dans un mémorandum filière blé dur et un livre blanc “les mycotoxines et le blé dur”».

L’AGPB en action

L’AGPB vient d’ailleurs de faire paraître un communiqué dans laquelle l’association des céréaliers indique que «pour les producteurs français de blé dur de la zone dite “non-traditionnelle”, désignée en fait par la réglementation européenne comme “zone de production bien établie”, l’heure est à l’action».

Depuis quelques jours donc, l’AGPB accompagne et prend en charge les démarches de plusieurs producteurs de la zone “non traditionnelle”, qui contestent devant leurs tribunaux administratifs respectifs l’absence de versement de prime qualité dans leurs paiements de 2004. 

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