Salon tech&bio
La filière Bio se mobilise
Pour sa cinquième édition, Tech&Bio, le salon bisannuel de la filière biologique, initié par les Chambres d'agriculture et implanté dans la Drôme à Bourg-lès-Valence, a fait le plein. Avec 20 % de visiteurs en plus par rapport à l'édition 2013, son succès a dépassé les prévisions des organisateurs.

Pendant deux jours, les 23 et 24 septembre, plus de 16.000 visiteurs (+ 20 % par rapport à 2013) ont arpenté les allées, parcelles d'essais, démonstrations de matériels, à la rencontre des 275 exposants et à l'écoute de dizaines de conférences… L'originalité de ce rendez-vous des techniques bio et alternatives est qu'il concerne toutes les productions animales et végétales – rotations oblige – dans une approche globale et transversale. Il aborde aussi les problématiques de l'agronomie, l'eau, l'énergie, la commercialisation, la formation, de la recherche, les abeilles…
Recherche d'alternatives
Hébergé sur 15 ha de terres dédiées au lycée agricole du Valentin, la formule plaît. « Notre volonté est de combiner la technique avec le développement des filières, car tout est lié, dans un souci de triple performance agro-écologique, économique, environnementale et sociale des exploitations que nous accompagnons au quotidien », rappelle Olivier Durant, de la Chambre d'agriculture de la Drôme et commissaire du salon. « Plus de la moitié des visiteurs sont des agriculteurs et techniciens conventionnels, à la recherche d'alternatives, de techniques innovantes, soucieux de réduire leurs intrants et leurs impacts sur l'environnement », complète Anne-Claire Vial, présidente de la Chambre d'agriculture de la Drôme, qui se félicite de ce transfert des connaissances entre agriculture Bio et conventionnelle.
La France importe 30 % de ses utilisations en céréales et oléoprotéagineux Bio.
Dans un contexte de crise de l'agriculture, notamment de l'élevage, les alternatives sont bienvenues. Même si tous ne comptent pas passer en Bio, nombreux sont soucieux de faire évoluer leurs systèmes vers plus d'autonomie. Et certains osent franchir le pas, attirés par un marché porteur et des prix plus stables, ainsi que par les nouvelles aides à la conver-” sion, dont les montants sont réévalués, et dans certaines régions non plafonnées. En élevage, lait et viande bovine, une vague de conversions est, notamment, en train d'émerger.
Vague de conversions en grandes cultures
Cette vague concerne aussi les grandes cultures qui enregistrent plus de 60.000 nouveaux hectares bio, sur 200.000 ha au total(1) déjà engagés en 2015. Le Gers totaliserait près de 45.000 ha. L'Est, les Pays-de-la-Loire et le centre de la France montent aussi en puissance. « Nous en avons besoin car le marché est en pleine croissance. Et la France importe 30 % de ses utilisations en céréales et oléoprotéagineux », rappelle Marianne Sanlaville de Coop de France, lors d'une conférence sur la structuration de filière des coopératives céréalières, organisée à Tech&Bio. Les coopératives, qui rassemblent plus de 75 % de la collecte Bio française, cherchent à s'organiser pour massifier leur offre, réduire leurs coûts, améliorer leurs services. La crainte, exprimée à diverses reprises, est que l'arrivée en 2016 de nouveaux opérateurs ainsi que de gros volumes en C2(2) déstabilise le marché. « D'où la nécessité de gérer cet afflux au niveau de Coop de France, quitte à déclasser », souligne Jean Buet, directeur de Fermebio.coop. Pour tous, il est es-sentiel d'instaurer des partenariats durables, avec les producteurs et les transformateurs, via des contrats pluriannuels sur les volumes et, souvent, sur des prix, ou tout du moins des fourchettes de prix. « Et ce, dans un contexte où les clients sont de plus en plus exigeants », souligne Clément Le-peule, d'Agribio Union, structure qui gère la production Bio de 6 coopératives du Sud-Ouest dans 17 départements, soit 25.000 ha pour 45.000 t de collecte en 2015. « Nous visons un objectif de collecte de 60.000 t d'ici 2018 et de mise en marché des grands acteurs régionaux de 90.000 t », annonce-t-il.
À Tech&Bio, favoriser les échanges entre l'amont et l'aval, notamment au sein du Club Affaires – une nouveauté 2015 très appréciée – contribue à dynamiser une filière en pleine expansion.
(1) Chiffres Agence Bio. (2) Conversion 2e année utilisable seulement en alimentation animale à hauteur de 30 % maximum dans les formules.
Pionnières de la Bio, Cocebi en Bourgogne, Corab en Poitou-Charentes, Probiolor en Lorraine et la nouvelle entrante, Biocer en Normandie, mutualisent leur force de vente à travers une union commerciale Fermebio.coop, créée il y a un an. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, l'objectif est de massifier leurs volumes pour améliorer l'offre et créer plus de valeur ajoutée, en alimentations humaine, animale et en se-mences certifiées Bio, « en produisant ce que l'on sait commercialiser ». « Nous représentons ainsi près de 43.000 t, dont 15.000 t en blé, soit presque 20 % des volumes français, estime son directeur, Jean Buet. Nous misons sur un engagement fort avec les producteurs, sur l'apport total, sauf en cas de circuits courts, et sur des contrats pluriannuels. » Le but est aussi de créer des partenariats dura-bles avec l'aval, comme c'est le cas avec le distributeur Biocoop. Fermebio.coop estime atteindre les 50.000 t de collecte : une progression possible grâce aux surfaces supplémentaires en conversion dès cette année au sein de ses coopératives, notamment + 2.000 ha pour la Cocebi et + 1.000 ha pour Probiolor, ainsi qu'aux volumes émanant des accords de collectes passés avec Vivescia et Seine-Yonne.