La filière Bio redoute des déconversions
Aide au maintien et réglement européen en question

Alors que la conjoncture économique devrait favoriser le développement de la production biologique en France, l'APCA s'est inquiétée pour l'avenir de la filière. La fin éventuelle de l'aide au maintien et le nouveau règlement européen « risquent d'entraîner des déconversions des exploitations françaises ».
Aide au maintien et réglement européen en questionDepuis 2010, les producteurs bio perçoivent l'aide au maintien (de 25 à 590 €/ha selon les cultures), mais ce dispositif a récemment été jugé « peu légitime » par la Cour des Comptes. Sa suppression serait « un signal massif à la déconversion », assure Étienne Gangneron, président de l'Agence bio, estimant toutefois que l'aide devrait être « maintenue dans la plupart des régions », suite aux débats sur la gestion du Feader.
Autre source de déstabilisation de la filière, la position de la Commission européenne (CE) sur le projet de règlement sur l'Agriculture biologique. Celle-ci ne souhaite reconnaître que les exploitations 100 % bio excluant ainsi les fermes mixtes, « représentant 25 % des structures en France », met en garde le président de l'Agence Bio. Par ailleurs, la CE entend supprimer les contrôles obligatoires et inopinés. La filière française entend, elle, les maintenir et les harmoniser à l'échelle nationale et européenne, « notamment au regard des systèmes d'équivalence ». « Le vrai problème est le contrôle des importations », assure Étienne Gangneron. « Nous avons le sentiment que les pouvoirs publics mettent à mal tous nos travaux », a déclaré Guy Vasseur, président de l'APCA.
Une situation d'autant plus regrettable que les signaux sont au vert pour la prochaine campagne. La faiblesse des prix du blé tendre conventionnel pourrait doper la conversion en grandes cultures. La faible volatilité des cours des productions Bio est aussi un gage de sécurité, pour les producteurs qui hésitent à franchir le pas. En face, la demande continue de progresser sur le territoire national et à l'international. Mais « changer de paradigme n'est pas aisé. Se mettre en risque est un choix difficile à faire », explique Étienne Gangneron. Et il le sera davantage si les aides nationales venaient à disparaître ou si le règlement européen s'avérait trop restrictif.