La féverole s’indexerait sur les cours du blé d’Euronext
Le blé sur Euronext deviendrait l'étalon des prix des féveroles afin de stabiliser les cours sur un marché mondial toujours plus volatil

LE LISSAGE des prix de la féverole pourrait être rendu possible en 2009. En effet, la qualité destinée à l'alimentation humaine se serait traitée à un prix indexé aux cours du blé tendre sur Euronext majorés de 40€/t (niveau acheteur), à 45€/t (niveau vendeur), selon l'Unip. Cette nouveauté, accueillie de diverses manières par les opérateurs, permettrait aux cultures de féveroles de se développer, à la faveur d'un prix stabilisé.
Un débouché soutenant la filière
Si la féverole était en perte de vitesse, l’ouverture du marché égyptien aux productions françaises a permis un retour de la culture sur le devant de la scène. Avec des exportations croissantes à destination de l’Egypte, premier débouché des productions hexagonales depuis 2002/2003, les disponibilités n’ont fait que progresser. Ainsi, au niveau français, les surfaces cultivées en féveroles sont passées de 52.700 ha à 60.800 ha entre 2007 et 2008, profitant du retrait de l’Australie, dont les surfaces et les rendements n’ont fait que décroître depuis 2006.
Un oligopole où la France a sa place
Trois pays constituent la majeure partie des productions de féveroles échangées sur le marché mondial. Si les productions du Royaume-Uni et de l’Australie étaient jusque là privilégiées par les importateurs, l’irrégularité des disponibilités australiennes couplée à des coûts de transports élevés ont participé au report de la demande égyptienne sur les origines de proximité et notamment française.
Aussi, lorsque les volumes de production progressent en Europe à la faveur d’un climat estival humide, ils se replient en Australie, en raison de sécheresses répétées. Dans ce pays, les surfaces cultivées en féveroles sont passées de153.000 ha en 2006 à 112.000 ha en 2008, et les productions suivent en passant de 108.000 t à 89.000 t sur la même période. De plus, les origines européennes bénéficient d’un coût de fret inférieur, à 24,25 $/t pour l’Egypte, comparativement aux origines australiennes majorées d’un coût de transport de 40,75 $/t.
Outre les aspects économiques, la féverole a de nombreux avantages écologiques. La culture apporte de l’azote au sol et constitue un bon précédent pour les productions céréalières. Ainsi, une utilisation moindre de fertilisants permet d’améliorer les marges des producteurs et d’accroître la compétitivité des exploitations.
Indexer les prix sur le blé pour plus de visibilité sur le marché
Depuis l’ouverture du marché égyptien, les cours de la féverole à destination de l’alimentation humaine ont connu une volatilité accrue. En effet, lorsque la demande égyptienne se présente, les prix ont tendance à s’envoler. Afin de lisser ces variations, proposition est faite d’indexer les cours des fèveroles sur ceux du blé tendre Euronext.
Selon Jean-Paul Lacampagne, de l’Unip, « cette pratique permettrait de gagner en transparence et en visibilité au niveau des prix et favoriserait le développement de ce marché en stabilisant les cours. » Mais, toujours selon l’Unip, « il faut attendre d’avoir du recul pour voir si le système proposé se met en place et se pérennise. » Car si des prix stables incitent les opérateurs à l’achat sur de longues périodes, c’est aussi le différentiel sur les prix qui a incité les producteurs à se lancer sur ce marché.
Une idée à creuser
L’indexation sur Euronext des cours des matières premières agricoles, non cotées sur les marchés à terme, pourrait constituer un moyen pour les opérateurs de gagner en visibilité sur les évolutions des petits marchés. Mais, si le système intéresse les acheteurs, ce n’est pas forcément le cas des vendeurs. Ces derniers s’accommodaient aisément des cours erratiques et ne voient pas forcément d’un bon œil la régulation de l’information prix.