Meunerie
La farine de blé enrichie ne séduit pas l’ANMF

La farine enrichie pourrait devenir «un moyen de lutter efficacement contre certaines carences» à l’échelle mondiale selon Quentin Johnson, coordinateur au sein de la FFI (Flour Fortification Initiative). Déjà fortement utilisée dans certains pays comme le Canada (où l’enrichissement est devenu obligatoire à la fin des années 90) ou l’Arabie Saoudite, la farine enrichie a fait l’objet de nombreux débats le 15 octobre lors des conférences de l’IAOM aux 61es JTIC à Reims. Présentée par la FFI comme la solution miracle à des maladies provoquées par des carences en fer, par exemple d’encéphalite chez des enfants dont la mère présente un déficit en acide folique. Elle se développe à travers la planète. Une situation qui ne semble pas du goût de l’ANMF qui a fait valoir ses positions à Reims.
« La tendance est à la réduction des compléments alimentaires »
«La question n’est pas aussi prioritaire qu’au Canada» a lancé Bernard Valluis, en référence aux carences du pays ayant motivé l’utilisation et la production de farines enrichies. «Si on veut se lancer dans la définition du complément alimentaire, il faut faire des études médicales. L’absorption d’acide folique n’est pas complètement sûre, l’efficacité n’est démontrée que dans 60% des cas» a assuré le président délégué de l’ANMF. Pour lui, il ne faut pas créer des problèmes nouveaux au nom d’une minorité de cas isolés. « Selon des travaux de l’Afssa, l’absorption d’acide folique peut entraîner un cancer colorectal » a rappelé Bernard Valluis. L’ANMF étudie actuellement la question pour savoir où en sont les dernières connaissances scientifiques. « Il faut une définition et une réglementation très stricte mais pour l’instant, il est exclue de changer les normes pour l’export français sauf en cas d’accord bilatéral avec les pays qui l’acceptent ». « En France, la tendance est à la réduction des compléments alimentaires. Une étude française montre qu’il faut les réduire plutôt que les développer. Nous voulons donner aux consommateurs des produits naturels » a conclu Bernard Valluis.
Très présente sur l’ensemble du continent américain, dans les pays anglosaxons ou au Moyen-Orient, la farine de blé enrichie constitue aujourd’hui un marché important. Au 10 mars de cette année, 59 pays se sont obligés à produire de la farine enrichie en fer ou en acide folique (vitamine B9). Aujourd’hui, 2 milliards de personnes ont accès aux farines enrichies. A l’inverse, certains pays refusent volontairement ces farines. C’est le cas d’une majorité de pays d’Europe occidentale (France, Allemagne, Italie, Espagne, Portugal), de la Scandinavie, d’une partie de l’Afrique (Algérie, Tunisie, Tchad, République Centrafricaine…) ou encore de la Russie.