Saneco

La famille Dalle a toujours autant la fibre lin

« Nous voulons devenir le premier distributeur mondial de produits en lin réalisés à partir de fibres françaises. » Benoît Dalle vient de tracer la feuille de route pour la 3e génération, désormais installée aux commandes de l'entreprise familiale. Objectif ? Dépasser largement la simple fonction de négociant, et aller au plus près du consommateur en s'appuyant sur la bonne image du lin. Du négoce de fibres, Saneco s'est successivement investi dans la fabrication des fils et tissus (qu'il sous-traite à ses usines partenaires en Chine, Inde et Égypte) et prépare actuellement sa première collection de linge de maison qu'elle compte bien faire connaître par internet.

« Nous présenterons notre collection été 2017 en octobre prochain », confie Monzerrat Girgis, la nouvelle directrice marketing. Car Saneco va à la conquête d'une nouvelle clientèle. « Hier, on faisait du sur-mesure en répondant aux demandes des clients. Demain, nous serons force de propositions sur ces nouveaux marchés, car on se doit de faire évoluer notre business model », justifie Alix Pollet-Dalle, nouvelle directrice générale.

Le plan à trois ans est ambitieux : « On investira plusieurs millions d'euros », expliquent les dirigeants de cette entreprise de 75 salariés (dont 20 au siège à Nieppe dans le Nord) qui réalise 30 M€ de chiffres d'affaire et qui s'est fixée de le doubler dans les cinq ans qui viennent.

Repositionner la marque Sanelin

Pour Saneco, il s'agit d'abord de repositionner sa marque Sanelin qui était jusqu'à présent le label de qualité garantissant un cahier des charges à ses clients B to B. « Saneco va s'adresser aux professionnels de plus petite taille ainsi qu'aux particuliers », précise Alix Pollet-Dalle en poursuivant : « Hier, nos commandes de tissus ne pouvaient pas être inférieures à 1.000 m. Nous allons désormais proposer à notre clientèle des tissus allant du mètre à 100.000 m et vendre 1 kg à 100 t de fibres de lin. »

Dans les trois ans qui viennent, Saneco compte bien s'appuyer sur ses trois filiales (Lituanie, Chine et Égypte) et ses treize agents répartis dans le monde pour assurer de nouveaux développements.

« Notre objectif est de rendre le lin accessible à tous », réaffirme Alix Pollet Dalle. Le grand atout de Saneco ? Maîtriser l'ensemble de la filière à l'exclusion de la production agricole ! « On peut donc ainsi proposer des solutions de sourcing à prix raisonnable », poursuit-elle.

De nouvelles applications

Véritable passionné de la fibre de lin, Benoît Dalle a passé trente-sept ans de vie professionnelle à parcourir le monde pour vendre fibres et étoupes qu'il achetait dans les teillages du Nord-Ouest européen. De 1950 à 2000, Saneco a été très proche de la fibre. « Notre métier consistait à visiter les teilleurs et à acheter les qualités qui convenaient à nos clients », explique-t-il. La montée en puissance de la grande distibution, le transfert des filateurs français dans les pays de l'Est et l'explosion de la filature chinoise ont obligatoirement entraîné quelques remises en question dans l'entreprise familiale.

Le créateur de Saneco avait pourtant bien anticiper les évolutions : dès l'année 1978 où la Chine commence à ouvrir ses frontières, Gabriel Dalle envoie son fils en Chine pour y établir de premiers contacts, puis se développe dans l'ex-URSS jusqu'à son effondrement. À l'Est, l'entreprise gardera une implantation en Lituanie où il fabrique de la ficelle de lin. Depuis, c'est une base idéale pour y prospecter le marché. Mais l'une des pistes de développement de l'entreprise touche également les nouvelles applications du lin (industries automobile et aéronautique, isolation, équipement sportif, design...). Car si 70 % du chiffre d'affaires sont consacrés au B to B, 10 % à la papeterie (papier à cigarettes...) et 10 % à la corderie, Saneco mise sur le développement des nouvelles applications. C'est en tout cas à Sidonie Moreau-Dalle de relever le challenge.