La demande en luzerne déshydratée, notamment en balle, est exponentielle
Si la sécheresse a pénalisé le rendement de la luzerne fraîche, cette année, les déshydrateurs se réjouissent des perspectives de développement, notamment en Chine et au Moyen-Orient.
« L'année 2015 est petite en termes de production, avec 713 kt de luzerne en 2015/2016 contre 801 kt il y a un an, a indiqué Serge Faller, directeur de Désialis, lors de la conférence de presse annuelle de Coop de France Déshydratation, le 8 décembre à Paris. La baisse du rendement, qui s'élève 12,31 t/ha de granulés cette année contre 14,37 t/ha en 2014, est essentiellement liée à la sécheresse. » De fait, « si, en 2014, nous avons rémunéré nos producteurs de luzerne entre 80 et 100 €/t, on peut penser que, cette année, ils le seront entre 70 et 85 €/t », estime Jean-Pol Verzeaux, président de Coop de France Déshydratation. Côté demande, le marché de la luzerne déshydratée est porteur, face au marché du blé ten-dre fourrager, comme en témoigne leurs prix respectifs en Champagne-Ardenne (où se concentre la production de luzerne), « 165-170 €/t contre moins de 150 €/t au producteur », indique Serge Faller. La luzerne est aussi remarquable en termes de taux protéique, qui s'élève cette année à 18,45 %, contre 17,62 % en 2014 et 16,80 % en 2013. Une opportunité quand on connaît la croissance exponentielle de la demande mondiale en protéines, tirée par la consommation de viande.
Des prix de luzerne déshydratée plus hauts en 2016/2017 ?
« Je suis assez convaincu que les prix de la luzerne déshydratée vont être encore plus chers en 2016/2017 », avance Serge Faller. Désialis a de fait investi des millions d'euros pour transformer sa production de pellets, au « marché à l'équilibre », en balles, au « marché porteur ». Cette campagne, l'offre de balle représentera un tiers de la luzerne fraîche produite en France. Parmi les cibles, « la Chine, qui importait il y a trois ans 200 kt de luzerne sous forme de balles des États-Unis et du Canada, et en importe 100 kt chaque mois depuis janvier, ce qui représentera 1,2 Mt sur l'année », se réjouit le directeur de Désialis. Par ailleurs, l'arrêt de l'irrigation fin 2016 dans les royaumes du Moyen-Orient, déjà clients, conduira à « l'importation de 1,5 Mt supplémentaires de luzernes », prévoit-il.