La crise en Ukraine ne freine pas encore l'export
L'export revoit ses offres d'achat à la hausse
La semaine dernière encore, l'Ukraine affichait un rythme d'export toujours très soutenu, notamment en maïs. Les évènements politiques, qui ont agité la capitale du pays, n'ont visiblement pas eu d'impact sur ses ventes de grains. Pas plus que sur la logistique, d'ailleurs. Pour autant la dévaluation de la hryvnia face au dollar se poursuit de jour en jour, atteignant un retrait de près de 20 % depuis début février au regard de son taux officiel (9,51 pour 1 dollar le 27 février). Une chute encore plus importante, d'après les taux interbancaires qui affichaient la hryvnia à 10,8 $ le même jour. Ce contexte conduit certains producteurs du pays à s'asseoir sur leur tas de grains. Car plus la monnaie nationale recule, moins ils ont d'intérêt à vendre.
L'export revoit ses offres d'achat à la hausse
Les chiffres sont là : du 1er au 20 février, le dynamisme s'est poursuivi avec 1,77 Mt de grains expédiées vers l'étranger (1,69 Mt l'an dernier), dont 1,56 Mt de maïs, 209.000 t de blé et 7.400 t d'orge, selon APK Inform. Pour ne pas entamer cette vitalité, et face à la rétention des producteurs ukrainiens, les acheteurs, qui revendent leurs volumes sur le marché mondial en dollar, ont revu leur offre (en hryvnia) à la hausse. « Nous constatons que les offres ont été relevées par les exportateurs en maïs surtout, un peu moins en blé », relève Olivier Bouillet, dirigeant du bureau d'Agritel, à Kiev. « Si la demande est là, les exportateurs revaloriseront encore leurs positions à l'achat. » Car, il reste des disponibilités sur les zones portuaires, selon les opérateurs sur place. « Près d'1 Mt de maïs et entre 200 et 300.000 t de blé », rapporte Olivier Bouillet. « Des chiffres à prendre avec des pincettes, mais confirmant des volumes encore importants », ajoute-t-il. Néanmoins, la rétention pourrait gêner les exportations futures, si la dévaluation se poursuivait.
Sur le marché intérieur, les industriels ukrainiens semblent moins aptes à payer des lots intégrant la hausse, due aux parités avec le marché mondial, leurs produits finis étant payés en hryvnia. Une situation qui pourrait, si l'on pouse le raisonnement plus loin, alourdir les volumes disponibles pour l'export, qui paierait davantage la production que l'industrie intérieure. Mais comme le relevait un opérateur, « les industriels finiront par payer le juste prix, leurs usines devant tourner » pour alimenter la population. Cela laisse aussi planer d'éventuelles restrictions à l'export pour la rassurer. À relativiser toutefois puisque l'Ukraine a besoin de devises étrangères, comme le soulignait Patrick Garnon (FranceAgriMer) au Sia, le 27 février. Enfin, ce dernier signalait l'éventualité d'un report des surfaces de maïs/soja vers le blé ou l'orge, moins gourmands en intrants.