CGB
La betterave, une filière bien portante dont les atouts doivent être maintenus
Évolution des quotas de sucre, nouvelle directive sur les biocarburants, réforme de la Pac... Autant de dossiers qui restent à préciser.
Lors du point presse annuel de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) qui s’est tenu le 7 décembre, son directeur général, Alain Jeanroy, est revenu sur les grands dossiers de cette année, tels que le règlement sucre ou le bioéthanol. Si la filière se porte plutôt bien, ses dirigeants se mobilisent pour assurer son avenir dans un cadre réglementaire incertain.
Sucre,il faut gagner en compétitivité
Dans l’Europe des 27, quatorze États membres sont pour le maintien du régime sucre jusqu’en 2020. Neuf sont contre, et quatre hésitent. Soit un équivalent, en termes de voix parlementaires respectif, de 217, 97 et 31. La CGB souhaite la reconduction des quotas jusqu’en 2020 afin de gagner en compétitivité face au Brésil. « Pourquoi prendre des risques alors que le règlement fonctionne ? », s’interroge Alain Jeanroy, sachant que depuis la réforme de 2006, l’Europe possède une panoplie d’outils de régulation. Suite à la production record de 2011 de 37,3 Mt de betteraves, le souci de l’année 2012 a été d’écouler l’excédent de 7 Mt hors quota. Cela a pu se faire grâce aux exportations vers les pays tiers (4,1 Mt), la reclassification pour le marché alimentaire de l’UE (1 Mt), et le travail à façon du quota Dom (1,9 Mt). « Nous avons montré que même avec de grandes quantités produites, le règlement sucre fonctionne très bien et a tous les outils pour s’adapter », a illustré Alain Jeanroy. Par ailleurs, « il ne faut pas que la Pac force le tempo de la dérégulation ou favorise l’industrie du raffinage. Au sein du Parlement, les discussions portent essentiellement sur le raffinage, les autres aspects font l’objet d’un consensus. Les raffineurs demandent une garantie d’approvisionnement en sucre brut importé à hauteur de 3,5 Mt au lieu de 2,5 Mt actuellement », explique la CGB. Chaque tonne de sucre en plus qui leur est accordé est une tonne de moins pour le sucre de betteraves. Cela « va à l’encontre de la préférence communautaire, principe fondamental de la Pac ». La filière a officiellement reçu le soutien du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll lors de l’assemblée générale de la CGB le 11 décembre. Il s’est engagé à soutenir le maintien de l’OCM sucre européen jusqu’en 2020.
Éthanol, les inquiétudes persistent
Ces dernières années, l’UE importait beaucoup d’éthanol en contournement via le Brésil et les États-Unis, car ces deux pays utilisaient de mauvaises nomenclatures douanières (produits chimiques). En 2011, ces importations ont représenté environ 20 % du marché européen de l’éthanol (11,5 Mhl). Or depuis le 1er juillet, la Commission européenne a clarifié les règles douanières applicables aux mélanges essence/éthanol, ce qui devrait freiner ces contournements. Un geste que la filière a salué. En revanche, la CGB s’oppose à la proposition de la Commission européenne d’accorder à plusieurs pays des contingents d’importations d’alcool/éthanol à droits nuls (Pakistan, Ukraine, Canada), alors qu’« elle a investi massivement pour permettre à l’UE d’améliorer son indépendance énergétique ».
Par ailleurs, la confusion règne sur l’objectif d’incorporation de 10 % de biocarburants dans les essences dans le cadre de l’ENR. La Commission européenne propose actuellement que soit plafonnée l’incorporation de bioéthanol de 1ère génération à 5 %, laissant les autres 5 % aux biocarburants de 2e et 3e génération. Un projet qui semble trop ambitieux pour beaucoup. « Nous n’arriverons pas à faire tout ce que la Commission veut », a confirmé Dominique Dutartre, président du pôle IAR et de Futurol, lors de l’assemblée générale de la CGB. « S’il y a cinq pays qui ont atteint les 5 %, la moyenne pour l’UE est en-dessous », a justifié Jasmin Battista, membre du cabinet du commissaire à l’Énergie. « Cette proposition est loin d’être parfaite, mais c’est un bon compromis et une bonne base de travail », a-t-elle ajouté. Le 11 décembre, Stéphane Le Foll a réitéré le souhait du gouvernement de défendre un mandat d’incorporation de 7 % d’éthanol de 1ère génération dans les carburants. Selon certains, l’optimisme sur les carburants de 2e et 3e générations pourrait émaner d’effets d’annonce de start-up à la recherche de capitaux. La fiscalité des biocarburants manque également de clarté. Toutes ces incertitudes au niveau du cadre réglementaire freinent les investissements. « On risque de se réveiller trop tard et de devoir importer », craint Alain Jeanroy.