Nutrition animale/recrutement
Jouer l'image pour séduire
L'alimentation animale doit se montrer pour recruter des talents. Située entre l'agriculture et l'agroalimentaire qui peinent aussi à attirer du monde, elle offre pourtant de vraies opportunités.





Quoique difficile à chiffrer, le manque de vocations frappe l'industrie de l'alimentation animale. Les postes les plus difficiles à pourvoir sont probablement ceux de technico-commerciaux : « Un TC chargé de quatre cantons est plus difficile à trouver qu'un responsable à l'international », confirme Laurent Larlet, chasseur de tête du cabinet Biloba coaching. Le turnover est également important dans d'autres métiers, notam-ment parmi les chauffeurs-livreurs.
Avec environ 12.000 postes,
l'industrie de l'alimentation animale doit se faire belle pour attirer les talents très tôt. Le déficit d'image commence en effet à l'école : une récente enquête auprès de 300 élèves ingénieurs d'AgroParisTech montre qu'ils préfèrent s'orienter vers des sections à image plus positive que les productions animales, telles que l'environnement et l'écologie. Idem dans les classes de BTS qui ne valorisent pas toujours les fonctions commerciales : « Sur une promotion de trente, seuls deux ou trois sont intéressés par des fonctions de technico-commerciaux », souligne Laurent Larlet.
L'agriculture aurait actuellement quelques 50.000 postes à pourvoir dont beaucoup de saisonniers. Pour un effectif de 412.500 salariés, l'agroalimentaire aurait de son côté 10.000 emplois vacants, selon Alimétiers. Sur les 13.381 offres d'emploi qu'elle recense, l'Apecita en pointe 33 sur l'alimentation animale, une partie très limitée de “l'iceberg”. Sur les sites des entreprises, les offres abondent. Par exemple, la Cam cherche 11 CDI et 14 CDD. 47 propositions de CDI ou de stage sont listées sur le site In-Vivo (6.900 salariés), une proposition pour apprendre le métier de technico-commercial en nutrition animale via l'école San-ders est mise en avant sur le site du groupe Avril. Ce dernier, qui annonce 8.000 salariés, propose actuellement 74 postes dans toutes ses filiales en CDI ou CDD, sans compter les stages…
La fonction de technico-commercial s'avère la plus difficile à pourvoir.
Le secteur doit donc se faire connaître. L'Institut technique de l'aviculture, l'Itavi, a ainsi engagé en 2012 des actions de fond auprès des étudiants pour les inciter à entre r dans l'aviculture ou, au moins, dans les productions hors sol. « Nous avons financé la venue de deux étudiantes lors des Journées de la ”recherche avicole (JRA) de 2013 en aménageant un certain nombre de rencontres sur place avec des professionnels. Elles travaillent aujourd'hui toutes les deux en productions animales », explique Angélique Travel. L'une était alors étudiante à l'université Paris 13 en étiologie appliquée ; la seconde, diplômée de l'Agro-Campus de Rennes, est actuellement en thèse à l'Inra Saint-Gilles.
Pour les prochaines JRA, qui se tiendront à Tours les 25 et 26 mars, d'autres actions sont construites. Les associations professionnelles WPSA et WPA financent ainsi la captation vidéo intégrale de la première journée, consacrée aux échanges entre recherche et professionnels. Vidéo qui sera ensuite mise à disposition des écoles agro, agri et vétérinaires comme support de formation.
Les entreprises cherchent à se rapprocher des écoles
Les entreprises signent de leur côté des conventions avec des écoles comme l'ESA d'Angers, très tournée vers les productions animales. « Sur une promotion de 160 élèves ingénieurs, 30 à 50, selon les années, choisissent ce secteur », confirme Hélène Laffont-Nervi, responsable Communication et relations entreprises du groupe Esa d'Angers. « C'est un secteur très attractif pour nos étudiants, avec 80 % des ingénieurs recrutés, avant même leur diplôme, et un taux d'insertion qui frise les 100 % à six mois. Les entreprises nous remontent effectivement leurs difficultés à recruter. Nous militons de façon générale pour un partenariat durable avec les structures qui cherchent à se rapprocher de nos étudiants pour les recruter. » Présence aux forums, voire pour la licence pro dès l'accueil des étudiants, proposition de stage, accueil des étudiants lors de leurs voyages d'étude... autant de leviers à actionner pour que les entreprises soient plus visibles et plus lisibles dans les carrières qu'elles offrent.