INTERVIEW NUTRITION ANIMALE
Investissements en hausse mais recul des volumes en 2014

À quelques jours de votre assemblée générale, qui se tiendra le 28 mai à Bruxelles, quel bilan tirez-vous de l'année 2014 pour l'industrie de la nutrition animale ?
Alain Guillaume, président du Snia : L'environnement des filières animales reste difficile. Notamment pour la filière Porc, en grave difficulté depuis 2003, qui finit l'année 2014 sur un repli de 3,5 % avec 5,146 Mt. Le porc est devenu le troisième poste derrière le bovin et la volaille. Ce dernier secteur se tient bien sur l'année. Concernant la filière laitière, les chiffres sont bons. Mais de grandes interrogations apparaissent pour ce secteur, avec la fin des quotas cette année. Une page se tourne. Il faut considérer cet élément charnière comme une opportunité. Côté tonnages, les usines ont produit 21,1 Mt d'aliments composés en 2014, en retrait de 0,7 % par rapport à 2013.
La production de mash affiche une hausse de 3,1 % (la plus forte progression hors Poissons) avec 878.800 t en 2014…
A. G. : Ces mélanges de matières premières, parfois accompagnés de granulés, se développent bien. À l'exception de quelques entreprises, les Fab n'ont pas été moteurs sur ces produits au début, contrairement à certains négociants qui ont répondu à la demande de leurs adhérents ou clients. Mais nous sommes très attachés à la professionnalisation du métier. Après enquête, nous avons répertorié 200 opérateurs, non identifiés comme fabricants d'aliments pour une grande partie, alors que, dans les faits et selon la réglementation, ils le sont. Et certains d'entre eux ne travaillent pas dans des conditions répondant aux attentes des filières. Les règles d'étiquetage et de qualité sanitaire ne sont pas toujours respectées. Si un incident arrivait par ce biais, nous ne voulons pas en payer les frais. C'est pourquoi nous avons entrepris un travail avec la FNA et Coop de France pour faire connaître les obligations à satisfaire.
Le plan protéine a-t-il produit des effets cette année et qu'en attendez-vous en 2015/2016 ?
L'année 2014 s'est révélée être plus qu'une année probatoire. Les Fab ont intégré le taux de protéine dans les contrats. Il faut également que les producteurs s'imprègnent à leur niveau de cet objectif pour répondre pleinement à la demande des marchés. Nous avons aussi entamé une relation plus étroite avec les semenciers. L'exemple du colza, inutilisé en nutrition il y a trente ans, montre bien à quel point la génétique est déterminante. L'en-jeu est important, la nutrition animale a consommé environ 4,4 Mt de blé tendre sur 2013/2014. Les formules Incograin évoluent en conséquence. Nous sommes en passe d'aboutir à deux accords. L'un sur la protéine et l'autre sur les impuretés, qui est également un dossier important pour nous, compte tenu des enjeux sanitaires qui y sont liés. Les groupes de travail se sont mis d'accord. Le barème de réfaction a été corrigé et adapté de manière à satisfaire les OS et les Fab. Nous souhaitons désormais poursuivre cette démarche avec le maïs.
Comment se porte le secteur au regard des entreprises qui le compose ?
A. G. : Au niveau des entreprises, la restructuration s'est poursuivie comme chaque année avec quelques fermetures d'usines. Mais une nouvelle usine a été construite, avec Denkavit. Globalement, 2014 n'a pas été une mauvaise année. Les Fab ont fait la preuve d'une bonne adaptation à la volatilité, avec un recours très professionnel aux outils de couverture existants. À ce titre, dans le nouveau cadre de la réglementation des marchés financiers, nous tenons absolument à garder notre singularité d'opérateurs physiques ayant recours à des outils de couverture pour l'exercice de notre métier, et non pas être considérés comme de simples financiers.
Les entreprises de la nutrition animale ont-elles plus investi en 2014 ?
A. G. : Nous constatons un regain de l'investissement sur les outils industriels. L'investissement et l'innovation permettent de gagner en compétitivité sur l'ensemble des postes où cela est possible, comme la consommation d'énergie et le transport.