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Intérêt international croissant pour les grains d’origine mer Noire

Le potentiel agricole de la région attire de plus en plus d’opérateurs

THE PLACE TO BE. Alors que la communauté internationale commence à mesurer l’impact de la flambée des cours des matières premières agricoles, Kiev accueillait la cinquième Conférence internationale consacrée aux grains de la Mer noire (Black Sea Grain 2008). Comme l’an passé, où la fermeté commençait déjà à s’installer, les opérateurs de la filière des grains sont venus nombreux. L’événement est de plus en plus fréquenté, et apparaît désormais comme un rendez-vous incontournable pour la filière du commerce des grains. Sur environ 300 sociétés participantes, plus de quarante nationalités étaient représentées, pour environ 450 congressistes. L’occasion pour les entreprises françaises présentes de mieux appréhender l’origine est-européenne, déjà reconnue et amenée à se développer fortement.

Un potentiel de production et d’export important

On le savait déjà, les pays proches de la mer Noire sont des acteurs majeurs de l’export de céréales. Mais au-delà de l’existant, c’est surtout son potentiel qui intéresse les opérateurs mondiaux. Si l’Union européenne semble saturée en termes de surfaces agricoles utilisées et de potentiel de rendement (à moyen terme), les pays de l’Est, en particulier la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan, ont encore une marge de développement très importante, comme en ont témoigné les conférenciers présents.

Actuellement, les trois pays précités participent à l’export mondial à hauteur de 18 % en blé (avec respectivement 10 % pour la Russie, 5 % pour le Kazakhstan et 3 % pour l’Ukraine) et 45 % en orge (28 % pour l’Ukraine, 13 % pour la Russie et 4 % pour le Kazakhstan). Ces proportions pourraient sensiblement évoluer compte-tenu de la progression attendue des niveaux de production. Selon des chiffres présentés par Sergey Feofilov, directeur d’UkrAgro-Consult (agence ukrainienne d’information sur les marchés agricoles), la production totale de ces trois pays pourraient s’élever à l’horizon 2012-2015 à 100 millions de tonnes de blé (55-60 Mt pour la Russie, 21-23 Mt pour l’Ukraine, 17-18 Mt pour le Kazakhstan), 29 Mt d’orge (20 Mt pour la Russie, 6-7 Mt pour l’Ukraine, 2 Mt pour le Kazakhstan) et 19 Mt de graines oléagineuses (8-9 Mt pour la Russie, 8-9 Mt pour l’Ukraine et 1 Mt pour le Kazakhstan). Pour la même période, les exportations approcheraient 35 Mt en blé, 8 Mt en orge et 8,5 Mt en graines oléagineuses. Toutefois, ces projections restent relatives, notamment concernant les niveaux d’exportations. La progression de l’utilisation des grains destinés à la fabrication d’éthanol, la hausse de l’usage de céréales dans l’alimentation du bétail, ou simplement des restrictions à l’export, pourraient réduire les volumes destinés au commerce mondial.

Naissance de New World Grain, joint- venture de Soufflet Négoce et ABB

La présence française à la conférence Black Sea Grain s’étoffe d’année en année. Une quinzaine d’entreprises hexagonales ont fait le déplacement. Parmi celles-ci, Soufflet Négoce est venue présenter sa joint-venture, détenue à parts égales avec la holding agricole australienne ABB. Appelée New World Grain, la nouvelle société ukrainienne a été présentée en ouverture de la conférence par son directeur général, Jean-Marc Philouze. Le potentiel de la zone mer Noire, et particulièrement de l’Ukraine, « requiert de la part du gouvernement une politique agricole fiable et sur le long terme, ainsi qu’une libéralisation de l’export pour sécuriser les sociétés qui investissent et leur permettre de tirer profit des prix mondiaux élevés », a déclaré Jean-Marc Philouze. L’objectif de New World Grain est « de créer et développer une chaîne logistique en Ukraine, et d’assurer la gestion en exclusivité d’un silo à Nikolaev où un terminal portuaire est dédié aux céréales », explique Loïc Dessalas, directeur de Soufflet Négoce. La joint-venture franco-australienne pourra dès maintenant gérer 400.000 t/an de grains et entend augmenter cette capacité à 2 Mt d’ici trois ans. L’activité de cette nouvelle structure concernera l’exportation d’orge fourragère, blé, maïs, pois, tournesol et colza vers des destinations comme la Turquie, la Lybie, l’Arabie Saoudite, voire l’Asie. « Cela fait plusieurs années que la région de la mer Noire est un driver du marché, il vaut donc mieux y être qu’en être absent. C’est l’une des rares zones géographiques où l’agriculture peut encore être fortement développée», assure Loïc Dessalas.

D’autres entreprises étaient du voyage, com-me Champagne céréales, Malteurop, ou Epis-Centre et sa filiale Granit Négoce. « C’est une réunion importante qui fait venir de plus en plus d’opérateurs, comme les Egyptiens, absents l’an passé. On vient aussi se renseigner sur l’état des cultures et les prévisions de récolte, qui s’annoncent bonnes », estime François Pignolet, directeur des marchés d’Epis-Centre. « C’est aussi l’occasion de prendre contact pour acheter du Fob mer Noire afin d’acheminer du blé chez nos clients méditérannéens, quand nos blés français ne sont pas compétitifs. On ne peut plus regarder le marché mondial sans la mer Noire », conclut François Pignolet.

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