Innovation : le manque de financement limite la compétitivité des IAA françaises
Plus de 250 personnes ont assisté au colloque sur l'innovation qui s'est déroulé le 15 mars à Paris au siège de Bpifrance. Des débats ont été organisés autour des opportunités et des freins, rencontrés par la filière agroalimentaire.
« Aujourd'hui, dans l'alimentaire, une entreprise qui n'est pas innovante est en danger », a insisté Jean-Philippe Girard, président de l'Ania, lors du colloque sur l'innovation et la créativité alimentaires le 15 mars à Paris.
Bpifrance a attribué 62 M€
Le manque de ressources financières au sein des TPE et PME freine la démarche d'innovation qui demande des investissements importants en termes de R&D. C'est dans ce cadre que la société Bpifrance a soutenu l'innovation en attribuant un montant total de 62 M€ en 2015 pour les secteurs de l'agroalimen taire et de l'agriculture. Ce qui représente une augmentation de près de 29 % par rapport à 2014. Cette hausse s'explique par le déploiement du Programme d'investissements d'avenir (PIA) par Bpifrance pour le compte de l'État. « Nous avons reçu 20 M€ nous permettant de multiplier nos actions auprès des IAA », a précisé Ariane Voyatzakis, responsable du secteur Agroalimentaire à la direction de l'innovation à Bpifrance. « Les innovations liées à l'alimentation fonctionnelle et sur-mesure (la nutrition en fonction des âges et des allergies) ont été favorisées puisqu'un montant de 10,7 M€ leur a ainsi été alloué. » C'est aussi dans ce contexte que les Établissements Moulin ont bénéficié d'aides pour un projet de R&D collaboratif afin d'élaborer un produit de boulangerie diététique.
Par ailleurs, le manque d'information et la charge administrative limitent le recours par les IAA au soutien financier public. « Pour favoriser l'accès du 2I2a (Initiatives innovantes dans l'agriculture et l'agroalimentaire), on a simplifié les démarches administratives », explique Philippe Mérillon, directeur général adjoint de FranceAgriMer.
Vers un troisième PIA
« La France est le 6e exportateur mondial en agriculture et en agroalimentaire, et l'objectif est de corriger cela », a déclaré Louis Schweitzer, commissaire général à l'Investissement. « Nous réfléchissons à un 3e PIA de 10 M€ dans lequel nous souhaitons que la part pour l'agriculture et les IAA soit nettement plus importante ».
Par ailleurs, la mutualisation des actions favorise l'émergence des innovations et la collaboration avec des start-up. « Chez Eurogerm, près de 70 % des projets viennent des fournisseurs et des clients », a souligné Jean-Philippe Girard. « Il faut décloisonner l'innovation et travailler ensemble. »
Pour faire face à la crise, les IAA ont cherché à se différencier en investissant pour 66 % d'entre elles dans des innovations technologiques (produits et procédés) et dans 78 % des cas dans les non-technologies (marketing, organisation, environnement, service) selon l'Insee (2012). Au total, 61 % des IAA s'étaient dirigées vers le développement d'innovations (53 % en moyenne dans les autres industries). Notons que 70 % des IAA exportatrices avaient innové (64 % dans les autres secteurs).