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Marchés agricoles
Influence accrue de la Finance

L’emprise des marchés financiers sur les matières premières grandit

A L’OCCASION du dernier Salon International de l’Agriculture, l’OniGC, dans le cadre de manifestations organisées par FranceAgrimer (le nouvel établissement regroupant 5 différents offices : grandes cultures, élevage, fruits et légumes et vins, produits de la mer et de l’aquaculture, plantes à parfum) a, au cours d’une réunion d’information, dessiné l’évolution spectaculaire des marchés à terme de matières premières agricoles depuis quelques années. L’importance et la rapidité de cette évolution sont majoritairement la conséquence de l’implication des spéculateurs financiers dans le domaine des commodities, dont les produits agricoles, notamment les céréales et les oléagineux. Michel Ferré, spécialiste des marchés à l’OniGC a souligné la progression des contrats de graines à Chicago depuis le début de campagne : quelque 5.000 contrats en 2000 pour le blé et 20.000 en 2008. En maïs l’affluence se chiffrait à 17.000 en 2000, 60.000 l’an dernier. L’accélération a été spectaculaire à partir de 2002/2003. Et entre 2005 et 2007, les contrats céréales et soja sur la place américaine ont augmenté de 100 % ! On y voit le résultat de l’intérêt croissant des fonds financiers, en particulier des fonds non commerciaux (Hedge funds, commodity Pools) dont la réactivité à court terme facilite la volatilité des prix des matières premières. Une volatilité qui, contrairement à l’amplitude pouvant traduire une évolution forte des tendances sur une longue période, enregistre des écarts de prix très rapprochés, en l’espace de deux séances par exemple comme l’a souligné François Pignolet, directeur de Granit Négoce, filiale d’Epi Centre experte de la gestion des marchés pour ses adhérents. Il est en effet improbable qu’un producteur isolé puisse gérer seul avec succès son propre marché face à la spéculation internationale. François Pignolet a d’ailleurs ramené à de justes proportions la spéculation dont on qualifie les rétentions d’offres que l’on reproche beaucoup actuellement à certains producteurs : « un spéculateur, c’est un intervenant qui avec 100 t physiques de blé va négocier 100.000 t en papier ». Michel Ferré ajoute que les marchés à terme ont besoin de la spéculation pure pour fonctionner, mais qu’il est difficile de connaître la part de cette spéculation dans la formation des prix. Elle paraît cependant très influente si l’on en juge par les tendances voisines entre les marchés financiers et Chicago ou Euronext. Et l’évolution de ces derniers jours confirme cette interdépendance.

La question se pose maintenant de savoir comment vont réagir les fonds vis-à-vis des produits agricoles dans la tourmente financière. Notamment s’ils les utiliseront comme des valeurs refuges tant que persiste la crise boursière, quitte à s’en dégager par la suite le calme revenu. A moins qu’ils y aient pris goût… Pour les professionnels de la filière grains, face à la déréglementation des marchés céréaliers, le marché à terme constitue le meilleur moyen de couverture des risques. Mais il ne peut remplacer un véritable filet de protection.

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