La Flandre
Indépendante et fière de l’être
La coopérative La Flandre, dont le siège social est situé à Bergues (Nord), fête ses 80 ans... sans avoir cédé aux sirènes des fusions tous azimuts. Une stratégie qui lui permet de mettre en avant sa dimension à taille humaine et sa réactivité. Dans une logique d’optimisation, elle a néanmoins développé des partenariats avec son environnement proche.




« Nous croyons en l’avenir d’une agriculture inventive basée sur un passé solide », ont affirmé les dirigeants de La Flandre, le 6 décembre dernier en célébrant les 80 ans de la coopérative. C’est dire si elle a fait un long bout de chemin depuis ce 26 décembre 1933 où quelques paysans décident de créer “la coopérative de la Flandre Maritime”, aujourd’hui “La Flandre”.
1933, c’est l’année d’une récolte exceptionnelle (30 q/ha au lieu des 20 habituels), mais c’est aussi l’année de l’effondrement du prix des blés, à un moment où la profession préconise « l’organisation interprofessionnelle du marché des céréales ».
Dix ans plus tard, La Flandre fait déjà l’objet de convoitises... « par son orgueilleuse voisine qui, sous le couvert de la fusion des coopératives, vise ni plus ni moins à sa disparition pure et simple », note le procès-verbal de l’assemblée générale de l’époque.
Éviter les mauvaises unions
À la fusion, les coopérateurs de La Flandre sont viscéralement opposés. D’obédience Crédit agricole quand leurs voisins étaient de couleur Crédit mutuel – une dichotomie qui subsistera jusqu’à la fusion Uncac/Ugcaff en 1990 –, La Flandre a dû affirmer son indépendance à maintes reprises sans céder aux sirènes des fusions tous azimuts. Foncièrement maîtresse de ses destinées, elle ira même jusqu’à développer un projet parallèle de la Sica Nord-Céréales de Dunkerque, avec Silonor. Le Nord-Pas-de-Calais se plaisait à dupliquer les projets ! Ce qui n’a pas empêché André Delattre, président de la coopérative de 1970 à 1995, de prendre des parts dans la Sica, dont La Flandre possède aujourd’hui 14 % du capital !
Si la coopérative a toujours évité les mauvaises unions –sans pouvoir escamoter un « trou d’air » en 2009/2010–, elle n’en repousse pas pour autant les partenariats. Avec le groupe coopératif concurrent (Unéal) dans la station de semences de Belloy, avec le groupe picard Noriap pour l’aliments (Novial) ou avec Ucara (Abbeville) pour les achats groupés d’appros.
Se réorganiser pour gagner en compétitivité
La Flandre se félicite d’être une coopérative réactive, à taille humaine, qui adapte sa stratégie au quotidien en fonction des demandes de ses coopérateurs.
Depuis 1974, sa collecte a été multipliée par dix et ses capacités de stockage par trente ! Désormais, La Flandre veut encore améliorer sa rentabilité en réorganisant ses implantations de silos et en diminuant ses coûts logistiques. Objectif : « proposer une offre différenciée au regard d’une concurrence qui nous motive à progresser », conclut Francis Hennebert, président depuis 1995.