Futurol
Inauguration du pilote de production de biocarburants de 2nde génération
Le pilote de Futurol aura pour objectif d’optimiser la production de bio-éthanol à partir d’une multitude de sources de biomasse non alimentaire.


L’USINE PILOTE du projet Futurol a été inaugurée le 11 octobre à Pomacle près de Reims par les dirigeants de Procéthol 2G, à l’origine du projet, et ses partenaires*. Le fonctionnement de cette unité destinée à produire 180.000 litres de bioéthanol de seconde génération par an marque la première étape de cette aventure lancée en 2008, destinée à transformer des matières premières ligno-cellulosiques en agrocarburants. Après une phase de prototype à venir en 2015, une unité industrielle devrait être opérationnelle à l’horizon 2016. A terme, l’objectif est la production à prix compétitif de bioéthanol de seconde génération à partir de matières premières d’origine agricole non alimentaires. L’originalité du projet réside dans la grande souplesse au niveau des matières premières utilisées, allant des résidus et coproduits agricoles (pailles, pulpes de betteraves, sons de blé...), biomasse forestière (saule, peupliers...) aux cultures dédiées telles que le myscanthus. Futurol, dont le montant global du projet s’affiche à 76,4 M € occupe 12 équipes de recherche publiques et privées, soit près d’une centaine de chercheurs.
« Une approche multi ressources »
La particularité du projet Futurol par rapport à ses concurrents est la flexibilité vis-à-vis des matières premières à transformer. « Le procédé pourra être mis en œuvre dans la plupart des pays du monde et utiliser différentes matières premières », explique Dominique Dutartre, président de Procéthol 2G.
Dans un premier temps, il est fort probable que les premières usines en France soient intégrées à celles existantes en première génération. Une usine de biocarburant à base de blé pourra ainsi voir compléter son dispositif par le procédé de seconde génération, qui pourra être alimenter en co-produits issus de la première génération, en l’occurence des sons de blé dans ce cas précis, voire de la paille de blé si le bassin de production le permet. Que ce soit pour les sons de blé ou pour les pulpes de betterave, le rendement tournerait autour de 250 l d’éthanol par tonne de matières premières. Idem pour les usines de biocarburant à base de betterave qui pourront s’approvisionner directement en pulpes. Attention toutefois avec certaines matières premières, comme la paille qui est très utilisée par l’agriculture en général et qui ne pourra pas être incorporée massivement.
D’autres matières premières sont envisagées pour la fabrication d’éthanol. Les taillis et le myscanthus, « de très bons candidats » selon Frédéric Martel, directeur de Procéthol 2G, se heurtent à un problème d’approvisionnement, avec des filières encore « insuffisantes pour disposer de 500.000 t de biomasse par an », regrette le dirigeant de Procéthol 2G. Pour l’heure, le rendement sur la paille, le myscanthus ou les taillis tourne autour de 150/200 litres d’éthanol par tonne de biomasse mais il pourrait atteindre 350/400 l lorsque le procédé de transformation des sucres sera optimum.
Une usine pilote avant la phase industrielle à l’horizon 2016
L’inauguration de l’usine pilote marque surtout la première phase du projet Futurol dont l’achèvement sera la construction d’une usine à vocation industrielle d’ici 2016. A terme, cette structure sera capable de produire jusqu’à 180.000.000 litres d’éthanol de seconde génération par an en passant par un prototype en 2015 qui devrait produire 3.500.000 l/an. Ce dernier « sera installé sur un site industriel du groupe Tereos », explique le dossier de presse. « La première proposition d’usine sera faite à l’un de nos actionnaires historiques ayant déjà une activité dans le bioéthanol. Ce sera probablement Tereos qui aura le choix de l’implanter soit en France sur l’une de ses usines ou au Brésil dans sa filiale Guarani (avec utilisation de la bagasse comme biomasse, NDLR). Il aura ainsi un droit de premier refus pour le procédé, les conseils techniques, les enzymes et les levures de Lesaffre », explique Frédéric Martel. « Champagne Céréales, actionnaire du projet Cristanol, pourrait également se voir proposer le projet », ajoute-t-il.
Après cette première intention, le procédé, les enzymes et les levures seront mis en marché pour des entreprises extérieures au projet, en partie sous forme de licence. Le pilote devrait aussi servir d’outil de recherche pour déterminer la préparation, les enzymes et les levures les plus appropriées pour transformer en bioéthanol une biomasse, quelle qu’elle soit à condition qu’elle contienne des sucres.
* Partenaires du projet Futurol : ARD (Agro Industrie Recherches et Développements), CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves), Champagne Céréales, Credit agricole du nord-est,IFP énergies nouvelles, Inra institut national de la recherche agronomique, Lesaffre, Office national des forêts, Tereos, Total, Unigrains.