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Marchés
Gare à la qualité des blés proposés aux pays tiers...

« Cette année, les blés ukrainiens ne présentaient pas de punaises et avaient des critères techniques plus que respectables et meilleurs que ceux des blés français. De plus, les prix étaient 10 à 25 €/t moins chers que l’origine hexagonale. Les acheteurs marocains regrettaient même qu’il n’y en ait pas eu plus », explique Yann Lebeau, responsable de France Export Céréales à Casablanca. Par conséquent, au 31 décembre 2012, 60 % des importations marocaines de blé tendre provenaient d’Ukraine, alors que jusque-là le Maroc n’avait jamais vraiment sollicité cette origine, ses blés étant plutôt réputés fourragers, avec des problèmes de punaises. Mais après échantillonnage sur respectivement dix bateaux de marchandises françaises et dix d’origine ukrainiene, le constat était sans appel.  Les achats et le besoin de stocks de blé des opérateurs ont d’autant plus été stimulés que la réglementation du pays pour 2013 a été modifiée. En temps normal, les importations sont bloquées de juin à août par des droits de douane à 135 %. Cette année, ces derniers ont été prolongés jusqu’en octobre. Il ne s’agit donc pas de prendre nos clients traditionnels pour acquis.

L’export, débouché principal
« Sur les trois dernières campagnes, la France a, en moyenne, exporté deux tonnes de blé tendre sur trois collectées, une tonne sur deux de maïs, deux tonnes sur trois d’orge », a rappelé François Gâtel, directeur de France Export Céréales, lors d’une conférence de l’association le 20 mars. Depuis le début des années 2000, les exportations hexagonales vers l’UE sont en « chute libre », notamment vers l’Italie, les Pays-Bas et l’Espagne. Cela s’explique par l’élargissement croissant de l’UE, et donc de la concurrence d’un plus grand nombre de pays. En revanche, les ventes sur pays tiers ont dépassé celles vers l’UE après la campagne 2007/2008. Une croissance essentiellement due aux achats algériens et marocains. Mais au vu de la qualité des blés livrés cette année, Jean-Philippe Everling, vice-président du Synacomex, se demande si la France ne considère pas toujours le débouché export comme une variable d’ajustement pour ses clients traditionnels.

Avec la dégradation de la qualité des blés français livrés sur le Maroc, les acheteurs ne risquent-ils pas de se désintéresser des blés hexagonaux ? « Notre protéine reste la plus adaptée à leur marché, mais les proportions de la maquette pourraient bouger », estime Yann Lebeau.

Une farine “tout terrain”
« La problématique du meunier marocain est de produire une farine “tout terrain” permettant d’élaborer un pain levé et croustillant de type baguette française mais avec un schéma de production très court (2h-2h30 contre 4h30 en France), et pouvant également être détournée pour fabriquer des croissants. » Contrairement à l’Afrique subsaharienne, le Maroc n’utilise pas de correcteurs. La maquette « idéale » observée chez les meuniers marocains serait constituée de 40 à 70 % de blés français, de 20 à 30 % de blés hard (États-Unis, Allemagne, Russie…) et 15 à 30 % de blés marocains. Ces derniers ont des critères techniques assez compliqués et souvent livrés très sales, avec 20 % de déchets.
Pour Yann Lebeau, les blés hexagonaux n’affichent pas d’évolution positive visible dans la qualité de l’offre (gluten, PS, protéines, poussières), présente une compétitivité discutable, et un rapport qualité/prix en baisse, face à des concurrents toujours plus agressifs. Si nos clients marocains sont fidèles, jusqu’à quand le seront-ils, « compte tenu d’une réelle demande en qualité avec des acheteurs ouverts à toutes origines ? »
Cette baisse de qualité pourrait aussi poser des problèmes sur l’Algérie. « Elle n’a même pas besoin de changer son cahier des charges car elle n’interdit aucune origine. » Sa seule réserve reste les punaises.
La situation n’est pas plus réjouissante sur l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, elle utilise des correcteurs, mais demain elle pourrait décider d’utiliser des mélanges de blés. « En valeur absolue, nous devrions rester présents, mais nous allons perdre des parts de marché », conclut le responsable de France Export Céréales.

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