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Fret fluvial – La mise en service du canal Seine-Nord Europe décalée à 2032

Lors de la conférence des parties prenantes de l’Alliance Seine-Escaut le 31 mars 2025, le ministre chargé des Transports et les différents acteurs de l’association ont annoncé le recul de deux ans de la mise en service de ce canal à grand gabarit initialement prévue en 2030.

Silo d'Agrial à Blainville-sur-Orne proche du futur canal à grand gabarit Seine-Nord Europe.
Un délai supplémentaire de traitement de l'autorisation environnementale devrait retarder de deux ans la mise en service du canal Seine-Nord Europe.
© G. Lefèvre

« L’État entérine l’échéance de 2032 au lieu de 2030 pour la mise en service du canal et maintient le financement à Voies navigables de France (VNF) », a déclaré le Ministre chargé des Transports Philippe Tabarot, dans un message vidéo projeté devant les participants de la conférence des parties prenantes de l’Alliance Seine-Escaut. C’est la première fois que ce report de 2 ans est officiellement confirmé, l’Union européenne (UE) ayant réassuré l’association de son financement pour ce projet. « Nous allons mettre tout en œuvre pour réduire ce délai. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur le projet », a souligné Franck Grimonprez, président fondateur du groupe Log’s et président du cercle économique de l’Alliance Seine-Escaut. « L’UE maintiendra son financement dans la durée, et une nouvelle tranche de 730 millions d’euros est prévue pour la période allant jusqu’à la fin 2027 », s’est cependant réjoui Jérôme Dezobry, président du directoire de la Société du Canal Seine-Nord Europe.

Lire aussi : Comment la grève des dockers sur les ports français pénalise les exportations céréalières ?

Le projet est entré en phase d’exécution avec l’accélération des travaux depuis le début 2025

Ce report de deux ans s'explique par le délai d’instruction de l’autorisation environnementale dont la demande avait été déposée en 2022 pour les secteurs 2 à 6 (à partir de Passel dans l’Oise). L’instruction a pris quinze à dix-huit mois de plus par rapport à ce qui était prévu et l’autorisation a été finalement accordée le 9 août dernier. « C’est très important, car cela a permis de lancer les travaux », s’est félicité Jérôme Dezobry. Des fouilles archéologiques préventives ont été menées, des mesures compensatoires engagées, ce qui a permis de lancer les marchés publics. Le déversoir de l’écluse de Montmacq est en construction, les portes de l’écluse du Quesnoy-sur-Deûle (la seule écluse du réseau qui n’était pas encore à 125 m de gabarit) au nord de Lille seront posées la semaine prochaine, l’écluse de Méricourt a été inaugurée fin 2024. 

En revanche, le projet Mageo (mise au gabarit européen de l’Oise entre Compiègne et Creil) devrait prendre du retard. « Il y a des subtilités environnementales liées à la potentielle présence d’une espèce protégée, la mulette épaisse », a précisé Gilles Ryckebusch, directeur territorial Nord-Pas-de-Calais de VNF et gérant du groupement européen d’intérêt économique (GEIE) Seine-Escaut. Le projet n’a d’ailleurs pas reçu de financement de l’Union européenne en 2024 pour des raisons juridiques. L’Alliance Seine-Escaut a cependant tenu à préciser que cela ne constituait pas une remise en cause, sanction ou retard du projet, et que l’ambition d’inaugurer Mageo avant la mise en service du canal était toujours d’actualité.

Lire aussi : Noriap investit 10 millions d'euros dans Euroseine, la plateforme portuaire fluviale de Languevoisin

La plateforme logistique de Languevoisin en bonne voie

Jacques de Villeneuve, du groupe Noriap, nous a confirmé la bonne avancée du projet de plateforme logistique à Languevoisin, où se situe le silo le plus important de la coopérative. « La coopération avec la future usine d’engrais FertigHy est aussi un bon signal pour ce projet », a-t-il déclaré. En ce qui concerne les autres plateformes, « des procédures administratives sont en cours », a répondu Pierre Bergès, délégué général au développement de l’axe Nord, sans plus de précisions. Maurice Georges, président du directoire du Grand port maritime de Dunkerque, a d’ailleurs souligné le besoin de développement de plateformes intermodales.

Lire aussi : Canal Seine-Nord Europe : qu'en est-il des plateformes logistiques ?

Malgré la mauvaise récolte céréalière, le fret fluvial a été dynamique en 2024

« En 2024, le transport fluvial a retrouvé une dynamique inédite depuis trois ou quatre ans », a précisé Didier Léandri, vice-président de l’Alliance Seine-Escaut, « avec un trafic exceptionnel sur la Seine en conteneurs ». Les prévisions pessimistes ont été dépassées malgré les difficultés en céréales et dans le BTP. En 2025, le marché du transport fluvial de céréales devrait se rétablir, selon l’Alliance Seine-Escaut. Sur les ports de Dunkerque et sur ceux gérés par Haropa, le trafic en conteneurs a bondi en 2024. 

Maurice Georges, président du directoire du Grand port maritime de Dunkerque, a cependant attiré l’attention sur les intempéries qui ont causé le blocage des barges pendant quarante jours. « Des arbitrages se font en défaveur du fluvial, avec les incitations au recours au camion électrique », a-t-il déploré. Didier Léandri a ainsi cité le cas de Roquette qui est repassé à la route. 

Pour Antoine Berbain, directeur général délégué d’Haropa Port (direction territoriale de Paris), « le transport fluvial est plus facile d’usage que le train pour le vrac grâce à son ouverture à la navigation y compris le dimanche sans conflit d’usage, sous réserve que les entreprises soient installées près de la voie d’eau et que le prix soit compétitif ». Le sujet de la disponibilité du foncier en bord à quai a d’ailleurs retenu l’attention des membres de l’association et suscité des interrogations quant à son recensement.

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