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Fourrages : le déficit de production inquiète

Si l'on est loin du contexte dramatique de pénurie de fourrage enregistré en 2003 (cf. encadré), cette campagne rencontre depuis juillet une situation « déficitaire » en termes de production cumulée des prairies permanentes en France, indique Agreste (cf. brève ci-dessous). «Je ne pense pas que le retour des précipitations en août puisse totalement compenser les pertes constatées, indique Valérie Bris, directrice adjointe de Coop de France Nutrition animale. L'interrogation concerne les disponibilités en maïs ensilé et, en cette période de weather market, il est bien difficile de prévoir le taux de conversion du grain vers l'ensi-lage. » Et d'ajouter : « Dans la situation actuelle de trésorerie dégradée, les éleveurs pourraient choisir de réduire leur cheptel plutôt que d'acheter de l'aliment composé. C'est un vrai risque. » Leur choix dépendra de l'évolution des prix des productions animales (viande, lait) et du niveau de la prime PMTVA (prime à la vache allaitante).

Les conséquences de la canicule de 2003

Suite au déficit fourrager causé par la canicule historique de 2003, la production d'aliments composés sur juillet 2003-juin 2004 a progressé de 11 % en bovins et 9 % en ovins-caprins. La hausse de la demande en aliments composés a été plus forte sur juillet-décembre 2003 (+15,3 % en bovins et +18,7 % en ovins-caprins) que sur janvier-juin 2004 (+6,4 % en bovins et +2,9 % en ovins-caprins), « peut-être en raison d'une mise à l'herbe plus précoce au printemps 2004 ? », note Coop de France NA.

Davantage de maïs ensilé

Dans le grand Ouest, « si les rendements des coupes de printemps sont en retrait de 10 à 15 % par rapport à une année normale, les stocks constitués en 2014 ont permis l'affouragement des troupeaux cet été, souligne Thierry Dutertre, courtier en fourrages, basé en Mayenne. Mais il faut rester vigilant. Les maïs en zone non irriguée étant peu développés, certains éleveurs pourraient manquer de fourrage cet hiver. » Même en zone irriguée où des restrictions d'eau sont en vigueur (71 départements concernés au 24 août), l'inquiétude pointe. Comme en témoigne, dans le Sud-Ouest, Jean-Michel Bernet de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne : « Les tours d'eau ne sont pas assez rapides pour compenser les effets de la canicule. Il va falloir ensiler davantage de surface de maïs, qui devait être récolté en grain pour la vente, d'où une perte de revenu pour l'éleveur.»

Grande fermeté des cours

Dans le grand Sud-Est, « les conditions sont très sèches, confirme Didier Tronc du Comité du foin de Crau. Si les orages d'août reverdissent les pâturages pour l'automne, ils n'ont pas permis de rattrapper le déficit de production d'herbe enregistré en juillet.» Dans le Rhône-Alpes, les pertes fourragères (herbe, maïs) sont estimées « à près de 50 % des récoltes annuelles, notamment dans le Rhône et la Loire», indique un communiqué de la Région, qui travaille aux modalités d'un soutien. «Cette aide sera mise en œuvre rapidement pour éviter que les éleveurs ne décapitalisent leur exploitation en vendant des animaux pour ne pas avoir à supporter le coût de leur alimentation.» En foin de Crau, «si la 1ère coupe a été correcte, des soucis d'irrigation sur la 2e et de sécheresse sur la 3e vont entraîner un manque de marchandises». D'où le bond de 25 €/t enregistré par ses cours en août (cf. p. 13).

La situation n'est pas meilleure dans le Nord-Est, où même « le Doubs et le Jura sont confrontés à des problèmes de sécheresse, alors qu'en temps normal, ils approvisionnent le marché en fourrage », illustre Didier Tronc.

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