Récolte 2008
Fortes augmentations des semis de blé
Selon le Conseil international des céréales (CIC), la hausse des prix du blé a déclenché de fortes augmentations des semis en Europe et aux USA
MARCHÉ. Les cours mondiaux des céréales et des oléagineux restent extrêmement volatils, sur une toile de fond d’approvisionnements incertains et, au vu des développements récents sur les marchés financiers, énergétiques et autres produits de base. Les prix du blé et du soja, notamment les cours à terme américains, ont établi de nouveaux records durant les deux derniers mois, tandis que les perspectives pour le maïs continuaient de se détériorer.
Dans son dernier rapport, le Conseil international des céréales (CIC) a révisé la production mondiale de céréales en 2007, qui est placée à 1.657 millions de tonnes, soit 2 millions de moins que les estimations de novembre, en raison d’une baisse des prévisions formulées pour le maïs américain et du temps sec en Argentine, qui entrave les semis de maïs.
La consommation mondiale de céréales est relevée de 9 Mt et portée à 1.676 millions, principalement du fait d’une hausse des prévisions d’utilisation dans l’alimentation animale aux États-Unis. Les nouvelles prévisions concernant le total des stocks de clôture reculent de 11 Mt et tombent à 244 Mt, soit 19 millions de moins qu’un an plus tôt. Les stocks aux États-Unis et dans l’UE seront particulièrement faibles. La forte hausse des prix ne semble pas juguler les échanges de céréales. Les prévisions sont réhaussées de 2 Mt et passent à 227 Mt. L’essentiel de l’accroissement de 6 Mt s’explique par les plus gros besoins à l’affouragement au sein de l’UE.
Blé : peu d’évolution
Il n’y a pas de changement en 2007 dans les estimations de production de blé (603 Mt). Le total de la consommation de blé en 2007/2008 est aussi inchangé à 611 Mt, des estimations plus élevées pour l’affouragement en blé dans la CEI et en Australie absorbant les réductions observées en Amérique du Nord et en Corée du Sud. La part de blé dans l’alimentation humaine est bridée par les prix élevés dans plusieurs pays en développement, notamment en Afrique sub-saharienne. Dans certains pays, les gouvernements augmentent les subventions à la consommation, contrôlent les prix et réduisent les tarifs à l’importation pour protéger les consommateurs. Les prévisions de stocks de fin de campagne chez les principaux exportateurs totalisent 25 Mt, soit 1 million de moins qu’auparavant, et le niveau le plus bas en 30 ans. Les stocks de report américains pourraient tomber à leur niveau le plus bas depuis les années 1940, à moins de 8 Mt. Les échanges mondiaux de blé en 2007/2008 se stabilisent à 104 Mt. Les changements intervenus depuis novembre 2007 comprennent une réduction des importations de l'Inde à 2 Mt car ses stocks de fin de campagne devraient être suffisants, mais les achats du Pakistan sont estimés à la hausse en raison de la flambée des prix alimentaires locaux. Le Kenya et le Soudan figurent parmi les pays d’Afrique sub-saharienne dont les importations estimatives sont rognées, mais les prévisions pour l’Égypte et la Tunisie sont augmentées. Dans l’UE, la suspension des droits à l’importation pourrait stimuler de nouveaux achats.
Parmi les amendements mineurs apportés aux prévisions d’exportations, figurent des hausses pour les États-Unis, la Russie, et des replis dans l’UE, l’Ukraine et la Chine.
Maïs : baisse des estimations
La production mondiale de maïs est estimée à 765 Mt, 2 millions de moins qu’en novembre. Des réductions sont formulées pour les États-Unis et l’Argentine mais des accroissements sont avancés pour la Chine et l’Ukraine. Les prévisions de consommation sont relevées de 8 Mt pour atteindre un record de 770 millions, soit 7 % de plus que le niveau déjà très élevé de 2006/2007. Ceci s’explique principalement par une forte hausse aux États-Unis, où les effectifs porcins et avicoles ne cessent de croître.
Les besoins de céréales fourragères augmentent aussi au Proche-Orient. Une réduction de 10 Mt des prévisions de stocks de fin de campagne, qui tombent à 101 Mt, découle des estimations révisées pour la production et l’utilisation aux États-Unis. Les stocks de la Chine sont en hausse grâce à sa nouvelle récolte et aux mesures prises pour limiter les exportations. Les échanges mondiaux de maïs devraient atteindre un record de 96 Mt, soit 1 million de plus que les prévisions antérieures. Les importations par l’UE sont particulièrement volumineuses, à 10 Mt, les expéditions au Proche-Orient s’orientant aussi à la hausse. Les exportations au titre de la campagne de commercialisation américaine établiront un record de 62 Mt, 8 millions de plus qu’en 2006/2007. La suppression du dégrèvement de TVA sur les exportations et l’imposition d’une taxe à l’exportation vont contracter les ventes chinoises à 1,5 Mt seulement, alors qu’elles faisaient 5 millions l’an dernier.
Les céréales mondiales en 2008
La forte hausse des prix du blé a déclenché des hausses dans les semis de blé d’hiver en Europe et aux États-Unis, mais le temps sec dans le sud de ce pays a empêché les producteurs d’atteindre leurs objectifs d’ensemencement. Il y a de fortes hausses des emblavements en Russie et en Ukraine. Aucun changement significatif n’est attendu en Chine mais en Inde, les superficies pourraient être en repli par rapport à l’an dernier. La concurrence exercée par les autres récoltes pourrait empêcher les semis de blé de printemps de croître beaucoup aux États-Unis, mais on table sur une forte hausse au Canada. Le total des semis de blé est estimé faire 5,7 millions d’hectares de plus (2,6 %) que l’an dernier mais, en supposant des conditions météorologiques normales dans la plupart des régions productrices, la récolte mondiale devrait croître de près de 40 millions de tonnes (6,6 %), à un niveau record de 642 Mt.
Les conditions pour les semis de céréales secondaires d’hiver ont été favorables en Europe, mais le manteau neigeux est insuffisant pour protéger les cultures en Russie et en Ukraine.
Les projections initiales suggèrent que les semis de maïs aux États-Unis pourraient reculer de 5 % en faveur du soja et du blé, mais bien des choses dépendront de l’évolution des prix du marché au cours des prochains mois.