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Fongicides des céréales à paille : la lutte contre la septoriose se durcit

L’efficacité des strobilurines est remise en cause au nord d’une ligne La Rochelle-Lyon, où est cultivée la grande majorité des céréales françaises.

LA SITUATION est préoccupante. Les souches résistantes de Septoria tritici aux strobilurines progressent vers le sud du pays et sont désormais très largement dominantes au nord d’une ligne La Rochelle-Lyon, alors qu’en 2004 la ligne de démarcation s’arrêtait au niveau de Nantes-Dijon. L’efficacité des strobilurines est remise en cause dans cette zone, où est cultivée la grande majorité des céréales françaises. Les recommandations pour l’année 2005 ont été suivies et se sont avérés efficaces. Les programmes qui répondent le mieux actuellement sont ceux faisant appel à l’addition des modes d’action des matières actives. L’association d’une triazole avec un produit de contact (chlorothalonil, mancozebe) semble la solution adaptée mais les mélanges efficaces ne sont pas tous autorisés, indique Arvalis-Institut du végétal.

Les souches résistantes de Septoria tritici progressent…

L’année 2005 a malheureusement confirmé l’aggravation de la situation prédite en 2004. Les attaques de Septoria tritici ont été particulièrement redoutables dans le nord cette année avec des conditions météorologiques propices au développement de la maladie. L’association de températures élevées et de précipitations en mai a provoqué une «montée» soudaine de la maladie sur tout le territoire. De plus, la fréquence de résistance s’est étendue vers le Sud et le contrôle de la ma-ladie a été particulièrement difficile. Les résultats obtenus par le “Réseau performance” “Réseau performance” : En 2005, les 60 partenaires réunis, principalement des chambres d’agriculture, mais aussi des coopératives et des négoces, des officiels et des firmes phytosanitaires ont fourni plus de 140 échantillons à l’Inra de Versailles pour réaliser près de 450 analyses de résistance. Sur le terrain, 142 essais mis en place par l’ensemble des partenaires dans 16 régions ont permis de produire, collecter et traiter des milliers de données. Arvalis-Institut du végétal et ses partenaires peuvent ainsi diffuser les conseils de lutte les plus appropriés pour chaque région en se référant à des expérimentations nationales mais aussi locales. attestent que la résistance est maintenant généralisée au nord d’un axe La Rochelle-Lyon, soit une nette progression par rapport à 2004 (axe Nantes-Dijon). Dans la moitié sud de l’Hexagone, le recours aux stobilurines est encore économiquement valorisé.

… les stobilurines perdent le contrôle

Avec une efficacité résiduelle de 20 à 30 % dans les zones de résistance élevée, les strobilurines ont définitivement révélé leur faiblesse. L’année 2005 aura été en effet une année à forte pression maladie et a donc rendu particulièrement lisible leur perte d’efficacité, en particulier dans le Nord. Cette situation confirme celle de l’année passée avec une certaine aggravation Les enseignements de 2004 avaient permis à Arvalis-Institut du végétal de préconiser un programme de lutte contre la septoriose adapté à l’évolution de la résistance. Ce dernier reposait essentiellement sur une réduction de la dose de strobilurines pour augmenter celle des triazoles et proposait l’introduction d’un produit de contact, par exemple à base de chlorothalonil. A la lumière des résultats de 2005, la direction était la bonne mais l’évolution des pratiques aurait pu être plus radicale encore. Les volumes de strobilurines utilisés n’ayant baissé que de 12 à 15 %. En revanche le chlorothalonil a été utilisé sur plus de 600.000 hectares..

Sur le plan pratique, dans les régions où la résistance est installée, au nord d’une ligne La Rochelle-Lyon, il ne faut plus compter sur les strobilurines pour lutter contre la septoriose. Plutôt que d’investir sur elles, Arvalis propose dans ce cas de reporter l’effort fongicide sur davantage de triazole ou/et d’incorporer un produit de contact comme le chlorothalonil ou le mancozebe. L’institut privilégie un positionnement en T1 (première application) des contacts, hormis les T1 tardifs, pour lesquels il incite plutôt à l’emploi des triazoles. Les strobilurines ne doivent pas pour autant disparaître totalement des programmes de traitement. Dans le cadre d’un programme à deux ou trois applications, l’emploi des strobilurines pourra être conservé en mélange en T2 ou T3 (deuxième ou troisième application) pour contrôler des maladies telles que l’helminthosporiose du blé, la rouille brune ou Microdochrium nivale, que l’on rencontre en fin de cycle de la céréale.

Les programmes incluant un produit de contact étant à l’heure actuelle une des solutions apportant une bonne efficacité, un essai à Boigneville a été réalisé afin d’évaluer le mancozebe face au chlorothalonil. La comparaison technique à été réalisée avec une association à base de triazole en T1 et triazole + strobilurine en T2. Les résultats en T1 ont démontré l’intérêt du produit de contact avec une efficacité supérieure à 65 %, qu’il s’agisse de chlorothalonil ou de mancozebe. L’augmentation de dose de triazole ne donne pas le même niveau de performance. En T2, l’efficacité des produits de contact est moins évidente, 50 % au mieux. En mélange, à la dose de 1.500 g, le mancozebe présente des résultats proches de ceux obtenus avec le chlorothalonil dosé à 500 g. Cependant, il faut rappeler que le mélange réalisé sur l’essai (opus + chlorothalonil) n’est pas autorisé, contrairement à la solution opus + mancozebe.

Où en sommes-nous avec les mélanges ?

La réglementation n’a pas évolué. Arvalis-Institut du végétal mène de nombreux essais pour évaluer la pertinence de différents types de mélange et dépose les demandes d’enregistrement pour ceux qui donnent les meilleurs résultats technico-économiques. La liste des mélanges autorisés progresse trop lentement alors que les moyens de lutte contre la septoriose régressent face aux résistances de Septoria tritici aux strobilurines et à une dérive des triazoles. Les solutions efficaces pour lutter contre la septoriose, en période de résistance croissante aux strobilurines, passent, entre autre, par le mélange de produits de différentes familles. Hors, la réglementation exige que le mélange soit autorisé pour être appliqué. Arvalis a, dès 2003, proposé une liste spécifique de mélanges offrant de bons résultats techniques dans le cadre de la lutte contre Septoria tritici. C’est ainsi que plusieurs dizaines de milliers de demandes ont été faites à l’administration en vue d’une autorisation permanente. La procédure pouvant être longue, une autorisation provisoire peut toutefois être prononcée, ce qui est le cas de la majorité des mélanges aujourd’hui. Les discussions et consultations se prolongent à l’échelle des ministères concernés pour simplifier cette procédure mais, pour l’heure, il en résulte finalement peu de changement.

La lutte conte Septoria tritici s’organise avec un intérêt particulier pour l’association d’un produit de contact. Les essais démontrent l’efficacité de certains mélanges mais il subsiste des interdictions sur lesquelles il faut être attentif. Le chlorothalonil est autorisé en mélange extemporané avec certaines spécialités à base de cyproconazole, de metconazole, de tétraconazole et de tébuconazole. Par contre, le chlorothalonil est interdit en mélange avec les spécialités à base d’époxiconazole et de fluquinconazole. Un autre produit de contact, le mancozebe peut être intéressant pour lutter contre la septoriose. Pour cette matière active, il y a peu de restriction en association avec des triazoles. La plupart des spécialités commerciales sont en effet utilisables en mélange.

Arvalis-Institut du Végétal suit de très près l’avancement de ces dossiers et a procédé à plusieurs relances concernant des mélanges à fort intérêt technique. La liste des mélanges autorisés pouvant évoluer à tout moment, les exploitants sont invités à consulter régulièrement la liste mise à jour sur le site La liste des mélanges autorisés est disponible sur “http://www.arvalisinstitutduvegetal.fr”..

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