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Fluvial : hausse du trafic céréalier mais baisse des cours du fret

En 2013, le transport de céréales par voie d'eau a enregistré une progression de 4,6 % en t-km et de 8,7 % en tonne, indique VNF. Sur le bassin de la Seine, cette croissance en volume s'est accompagnée d'un recul des cours des frets fluviaux.

La hausse de près de 8,7 % en tonne du trafic fluvial de céréales en 2013 cache des disparités assez importantes selon les bas-sins », commente Vincent Zurbach de la division Transport et Report modal à la direction du Développement (DTRM/DDEV) de VNF, qui vient de sortir ses statistiques annuelles (cf. tableau). La forte baisse des volumes de grains transportés par voie d'eau sur l'axe Saône-Rhône s'explique par « une politique de stockage, liée à la hausse des prix en début 2013, et au différentiel qualitatif des céréales produites dans le bassin par rapport aux exigences des importateurs du Maghreb », précise Éloi Flipo, responsable de la DTRM/DDEV de VNF. Si « les transporteurs fluviaux sont assez contents de cette première moitié de campagne céréalière 2013/2014, en particulier sur le bassin de la Seine », affirme-t-il, « les coûts de fret y sont globalement orientés à la baisse, en raison d'une activité irrégulière sur le nord-UE, avec un déficit de débouchés sur la Hollande et des volumes tout juste corrects sur la Belgique », déclare, quant à lui, Gaëtan Foray de SAS Davenne Développement. Et d'ajouter : « Contrairement à d'habitude où, en cette période de l'année, on observe un phénomène de rush de la part des chargeurs, c'est actuellement “mer calme” au niveau de l'activité. Nous sommes face à une interrogation concernant la fin de campagne. » Ce manque de dynamisme est peut être également à mettre sur le compte des gênes à la circulation, passées et à venir, sur le bassin de la Seine, qui engendrent des difficultés sur le transport fluvial vers le nord de l'UE.

Le trafic fluvial représente une véritable alternative économique pour les chargeurs.

Les produits agricoles, une filière porteuse

Sur 2013, « les produits agricoles (qui représentent près de 20 % des marchandises transportées par voie d'eau, NDLR) profitent de la bonne tenue des exportations, avec près de 5 % de croissance en t-km et 10 % en tonne, indique le communiqué de VNF. Cette filière bénéficie également de la baisse continue du prix des céréales, dans un contexte de bonne campagne céréalière 2012/2013 et de qualité des produits. »

Sur le bassin de la Seine, après deux années consécutives de baisse, la filière agricole, qui représente 15 % de son activité, enregistre « une hausse record de 18,6 % en tonnages », se réjouit VNF. « La part du fluvial sur Rouen a progressé en 2013, en raison d'un retour de la confiance des chargeurs pour la voie d'eau, argumente Éloi Flipo. La qualité de service s'est améliorée, notamment en termes de fiabilité des tonnages chargés », qui se traduit par moins de pertes au déchargement. Ainsi Senalia a-t-il enregistré en 2013 une forte augmentation de la part du fluvial, qui représente 15 % de ses approvisionnements, contre 10 % pour le train. « Les organismes stockeurs, qui semblent se détourner du ferroviaire en raison de l'abandon du wagon isolé, se tournent plus volontiers vers la péniche », poursuit Éloi Flipo. Et d'ajouter : « Nous estimons à 232 le nombre de silos qui sont bord à voie d'eau en Champagne, Picardie, Nord-Pas-de-Calais et Normandie, soit 9 Mt de capacité de stockage. »

Grâce à des prix à la baisse et une bonne qualité des grains sur le bassin de la Moselle, les exportations de céréales ont bien fonctionné sur Rotterdam, indique le responsable de VNF. « Notamment à destination de la Chine et d'autres pays asiatiques, demandeurs de céréales ensachées, répondant à des cahiers des charges très strictes en termes de traçabilité. » Le fluvial a également bénéficié « de la restructuration de la filière Biodiesel française, qui a conduit à un report de flux de colza (+22,5 %) vers une autre unité en Europe, via la voie d'eau ».

Développement du transport fluvial d'engrais en big-bag

Concernant le transport d'engrais par voie d'eau (217,3 Mt-km et 1,358 Mt), la croissance stagne en t-km, avec +0,5 % en 2013 contre 5 % en 2012, mais progresse significativement en tonne, de +8,5 % par rapport à l'année 2012. Le tout, avec des contrastes selon les bassins. Le Nord-Pas-de-Calais connaît, pour sa part, une hausse de son trafic fluvial d'engrais, qui passe de 420 à 500.000 t (+20 %), en raison de « nouvelles prestations des coopératives pour leurs adhérents », indique le communiqué de VNF. « Certains organismes stockeurs ont en effet investi dans des contenants de type big-bag, acheminés par péniche et livrés par camion directement à leurs agriculteurs », explique Éloi Flipo, responsable de la division Transport et Report modal de VNF.

Fermeture du canal du Nord durant un mois pour travaux

Si 2013 n'a pas été particulièrement marquée par des mouvements de grève ou de phénomènes d'inondation (assez limités comparativement à l'année précédente), « le transport fluvial sur le bassin de la Seine a été très impacté par le chômage, en septembre et octobre, sur des écluses à proximité de Paris », rappelle Gaëtan Foray. « D'une durée prévisionnelle d'un mois, les travaux de maintenance ont duré finalement neuf semaines, suite à la découverte d'amiante. » Résultat : « En amont de Corbeil-Essones, l'acheminement de marchandises n'était plus possible, avec un report modal limité – car non prévu – sur l'aval de Paris, ce qui a été mal vécu par la profession », témoigne-t-il.

Des travaux d'entretien, planifiés, vont par ailleurs entraîner une interruption de la navigation sur le canal du Nord, entre le 17 mars et le 13 avril. « Cette fermeture va également fortement perturber le fret fluvial de marchandises, car c'est l'unique voie d'accès vers le Nord de la France, la Belgique et la Hollande », s'inquiète le courtier en frets fluviaux.

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